Le Grenelle organisé par le préfet des Alpes-Maritimes ce 14 octobre est l'occasion de faire le point sur le plan d'action départemental. Le point notamment sur les structures d'accueil et d'hébergement. C'est dans un de ces sites que nous avons rencontré une victime qui témoigne.
Un millier de plaintes recueillies depuis le début de l'année, par le seul parquet de Grasse. Ce n'est pas qu'à la Une des journaux quand une jeune Salomé décède à Cagnes-sur-Mer en septembre dernier.
Les violences conjugales sont une réalité quotidienne. Le préfet des Alpes-Maritimes a lancé ce lundi 14 octobre un Grenelle sur les violences faites aux femmes.
L'occasion de faire le point sur le plan d'action départemental, le point notamment sur les structures d'accueil et d'hébergement.
#GrenelleViolencesConjugales M. Bernard GONZALEZ @prefet06 ouvre le Grenelle départemental en présence des procureurs de Nice et de Grasse. Élus, associations, collectivités, journalistes, psychologues etc réunis dans une réflexion partagée et de construction de perspectives. pic.twitter.com/iezu7j55zF
— PréfetAlpesMaritimes (@prefet06) October 14, 2019
Dans un de ces sites, nous avons rencontré une femme qui témoigne de son parcours difficile pour sortir de la violence. Elle ne souhaite pas être reconnue, mais souhaite porter publiquement son message.
Ses mots sont forts, violents eux aussi. A la hauteur de l'horreur vécue :J'ai pensé à sauver ma peau... Quand on entend sans cesse, toi je vais te tuer, te faire une cicatrice au visage pour que tu l'aies à vie."
La jeune femme se décide alors à partir. La force de quitter son mari après 10 ans de menaces, de culpabilisation, de coups.
J'ai vu su sang sur moi, là j'ai pensé que ce n'était plus possible..."
Les enfants victimes eux aussi
Elle et leurs trois enfants fuient le département. Sur décision de justice, il est déclaré un abandon de domicile et la remise de la garde des enfants. à leur père ! C'est le début de 4 ans de bataille :
Les enfants ont subi des violences physiques et surtout psychologiques... Ma fille a porté plainte contre lui, car son père l'a aussi frappé..."
Pour les personnes qui accompagnent ces victimes, il apparait clairement que c'est avec ses enfants que la femme victime de violences doit être prise en compte.
Selon Sylvie Tailliez, responsable d'un accueil de jour pour les femmes victimes de violences conjugales, le statut de l'enfant a évolué : "on a d'abord parlé de l'enfant-témoin, puis d'enfant-exposé. Aujourd'hui, on parle d'enfant-victime ou co-victime de la situation familial".
143 000 enfants touchés
En France, environ 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré des formes de violences physiques et/ou sexuelles (90% des victimes déclarées sont des femmes).
La place de ces petites victimes n'est donc pas à négliger et à prendre en compte dans la recherche de solutions.
"Les décisions de justice ne tiennent compte que trop peu souvent des violences conjugales dans l’organisation de la vie des enfants après la séparation du couple et partent du postulat que -La vie de couple est finie mais les parents doivent continuer à être parents ensemble". Karen Sadlier emploie l‘expression de « parentalité parallèle- qui met en évidence l’enjeu de veiller à ce que l’organisation de la vie de l’enfant ne soit utilisée comme un nouvel espace d’emprise et de violence. » note Edouard Durand dans son ouvrage "Violences conjugales et parentalité, Protéger la mère c’est protéger l’enfant" sorti en 2013.
Protéger la mère, c'est aussi protéger l'enfant.
250 femmes en moyenne chaque année, passent dans ce centre d'accueil dont l'adresse n'est pas dévoilée par mesure de sécurité pour les victimes.