La préfecture du Var détaille les nouvelles mesures de lutte contre les violences faites aux femmes. Formations, colloques, débats et projections devraient permettre de mieux prendre en compte les violences au sens large dont sont victimes les femmes. L'ensemble des services de l'état est associé.
En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-compagnon. Toutes les sept minutes, une autre subit un viol. Face à ce fléau, les autorités réagissent. Améliorer l'écoute des policiers, comprendre l'engrenage des violences au sein du couple, prendre en charge les femmes et souvent les enfants. Trouver de nouvelles solutions pour l'éloignement du conjoint violent, le logement d'urgence.
100ème féminicide
Car les drames continuent. Le 100ème féminicide s'est déroulé sur la Côte d'Azur à Cagnes-sur-Mer le samedi 21 août. Une jeune femme de 21 ans est morte sous les coups de son compagnon. Des personnes ont déposé des fleurs blanches en hommage à cette nouvelle victime. Des images devenues presque banales.
Large démarche
Les différentes actions: formations, colloques, débats et projections devraient permettre de mieux prendre en compte les violences au sens large dont sont victimes les femmes. L'ensemble des services de l'état est associé à cette large démarche.
Numéro d'urgence
En avril dernier, une femme avait été abattue par son compagnon à Vidauban (Var). Ce mardi 3 septembre s'ouvre le Grenelle des violences faites aux femmes, une date qui n'a pas été choisie au hasard car elle correspond au numéro (peu connu du grand public) "Violences femmes info" : le 39 19. Un numéro d'urgence redonné par la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes sur son compte Twitter :
La préfecture du Var détaille le calendrier des différentes interventions :« On me prendra au sérieux quand je serai morte. »
— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) September 3, 2019
Aujourd’hui 3/9/19 à la machine à café, au déjeuner, à la sortie de l’école, au téléphone, sur les réseaux sociaux... partagez le ☎️3919.
Vous ne savez pas toujours qui peut en avoir besoin.#GrenelleViolencesConjugales pic.twitter.com/GD9Cpmjrla
- à partir du 1er septembre : mise en place d’un intervenant social en brigade de gendarmerie pour une prise en charge globale dans le cadre d'un dépôt de plainte via le dispositif « Trait d’union Dracénie ». (Partenariat : État, caisse d’allocations familiales, conseil départemental, communauté d’agglomération Dracénie Provence Verdon, Centre d'Information des Droits des Femmes et des Familles du Var (CIDFF)
- 6 septembre : réunion organisée par la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité avec des associations spécialisées dans la prise en charge des femmes victimes de violences (AAVIV, AFL Transition, ALC, CIDFF, Femmes d’Aujourd’hui, Le Cap, Le Mouvement du Nid).
- 9 septembre : lancement par le préfet et les procureurs de la République, d’un groupe de travail « Violences au sein du couple : l’approche systémique pour une meilleure prévention de la récidive » portant sur l’approche globale des violences conjugales en présence d’experts de la thérapie familiale et des services de l’État (agence régionale de santé, direction départementale de la sécurité publique, groupement de gendarmerie, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, direction départementale de la cohésion sociale, service pénitentiaire d'insertion et de probation), les hôpitaux publics (Sainte Musse et Sainte Anne) et l’association varoise pour le respect de l’enfant (AVRE) et Vivre en famille (AVEF).
Focus sur le viol conjugal
- 17 et 18 septembre : en partenariat avec l’association nationale « Collectifféministe contre le viol », la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité organise, à Toulon, deux formations sur les violences faites aux femmes avec un focus sur le viol conjugal.
- 15 et 18 octobre : dans le cadre de la double labellisation Égalité et Diversité portant sur : Manager en intégrant l’égalité femmes – hommes et la diversité, deux formations proposées aux agents de la préfecture du Var déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, formatrice interne occasionnelle du ministère de l’intérieur.
- 25 novembre : 4e commission départementale de lutte contre les violences faites aux femmes présidée par le préfet et les procureurs de la République, animée par la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité. En présence des associations spécialisées dans la prise en charge des femmes victimes de violences, les associations spécialisées dans l'hébergement-logement et services de l’État engagés dans l’insertion sociale et professionnelle et dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
- 25 novembre : projection du film argentin « Refugiado » sur les violences au sein du couple, organisée par l’association Soroptimist Toulon au cinéma Pathé Toulon à 19h30. Échanges avec le public en présence de la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, association varoise pour le respect de l’enfance (AVRE) et association Vivre en famille (AVEF).
- Journée du 26 novembre : intervention de la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité lors d’un colloque au Palais Neptune à Toulon, organisé par l’association varoise pour le respect de l’enfance (AVRE) et l’association Vivre en famille (AVEF) portant sur : Les séparations conjugales conflictuelles : quelles maltraitances pour l’enfant ?
Violence banalisée
Mettre tout le monde autour de la table, c'est le principe de ce Grenelle qui se déroule pendant deux mois. Et il y a urgence. Claudine Richard, présidente du CIDFF du Var observe les conséquences de ces violences depuis 37 ans. En 1982, elle a créé ce centre. Elle constate que la violence touche toutes les catégories sociales et s'est amplifiée et banalisée avec les années. Sur son compte Facebook, elle a partagé le triste décompte du 100ème féminicide :
"Personne ne doit taper personne"
A cause, selon elle, des jeux vidéo, d'un manque de respect et de l'influence des réseaux sociaux qui peuvent provoaquer du "cyber-harcèlement". Comment améliorer la situation ? D'abord, "personne ne doit taper personne." Un principe de base oublié qui nécessite de sensibiliser le plus tôt possible : " Ça démarre avec l’éducation, il faut prévoir cette problématique dès la petite enfance, ça doit se faire dès la maternelle."
Des dizaines de gendarmes formés
En priorité, selon la présidente, il faut améliorer la formation du personnel d'accueil. L'association a déjà formé des dizaines de gendarmes et de militaires sur cinq sites différents. A chaque fois, le personnel est volontaire. Sur les sanctions infligées aux conjoints violents, Claudine Richard affirme : "Je serai draconienne sur les peines. Je constate souvent des peines trop courtes. Les collègues qui accompagnent les victimes au pénal se rendent compte que ça ne va pas jusqu’au bout."
"Chemise de nuit"
Sa priorité, c'est le maintien à domicile des victimes : "quand on voit partir des femmes en chemise de nuit avec leurs gamins à 6 heures du matin pour éviter les coups, c'est pas normal !" Elle poursuit : C'est le gars qui tape, c'est le gars qui s'en va !" Car rester dans le domicile familial, c'est primordial pour l'équilibre des enfants également. Claudine Richard se dit favorable au bracelet électronique pour le conjoint violent :"les mesures d'éloignement sont obligatoires. Cela a marché en Espagne, c'est la cause qu'il faut défendre".
Billets de train
Dans certains cas d'urgence vitale, l'association a payé des billets de train aux victimes pour qu'elles rejoignent leurs familles et se retrouvent en sécurité. Au-delà des mesures et des aides pour les centres d'accueil, elle plaide pour un changement de mentalité face à la banalisation de la violence. Pour continuer à fédérer autour de cette cause, le mouvement #noustoutes06 a été créé sur la Côte d'Azur et dans d'autres départements. Il appelle à participer à la grande manifestation parisienne le 24 novembre :
Dress code de la manifestation : la couleur mauve.Qui sera là ? On compte sur vous ? #NousToutes06 pic.twitter.com/b88Ocg37y8
— nous toutes (@noustoutes06) August 18, 2019