Deux salariées du CHU de Nice, Sandrine Guglielmino, technicienne supérieur hospitalier, et Camille Guichard-Diot, infirmière, racontent leur quotidien et expliquent pourquoi elles sont opposées à la réforme des retraites. Elles sont dans les rues à de très nombreuses reprises depuis janvier et le seront mardi, pour la 10e journée de mobilisation.
Depuis ses 20 ans, Sandrine Guglielmino n'a jamais arrêté de travailler. Sept ans dans le privé, 25 ans dans le public. A 52 ans, elle occupe un poste de technicien supérieur hospitalier au CHU de Nice. Elle est allée manifester à plusieurs reprises contre la réforme des retraites, qui relève notamment l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. "Je ne suis pas d'accord pour qu'on me fasse travailler deux ans de plus", déclare-t-elle.
Sandrine Guglielmino s'explique : "A 64 ans, j'aurai cotisé 184 trimestres, alors que 172 suffisent, je veux bien participer à l'effort collectif, mais il faut qu'on ait un retour. Le retour, on ne l'a pas du tout. Je vais cotiser pour rien, je n'aurai pas de surcote. Je ne pourrai l'avoir qu'en travaillant au-delà de 64 ans." Et cette réforme suscite quelques interrogations chez cette salariée du CHU qui estime "avoir un bon salaire". "J'ai une prime de technicité mensuelle de 845 euros brut, mais elle n'est pas comprise dans le calcul de ma retraite."
Camille Guichard-Diot, 33 ans, est une autre salariée du CHU de Nice opposée à la réforme des retraites. Face à l'afflux de malades et au manque de personnel, l'infirmière en liaison gériatrique a été réquisitionnée. "Je me mobilise pour éviter que cette réforme passe, pour protéger nos droits, pour partir à la retraite dignement et dans de bonnes conditions et éviter qu'on parte usés."
Il faut avoir le physique pour prendre en charge des patients, les lever, les remonter, les laver, marcher toute la journée. On a des vies entre nos mains, on ne peut pas se permettre de faire des erreurs
Camille Guichard-Diot, infirmière au CHU de Nice
En 11 ans d'activité, elle a vu de nombreuses collègues partir avant l'âge légal pour invalidité. "Des problèmes physiques ou de grosses dépressions, cite l'infirmière. Elles ont tout donné et touchent une retraite de misère parce qu'elles ont dû partir avant."
La pénibilité est la principale raison qui explique pourquoi ces deux agentes de service hospitalier du CHU de Nice se mobilisent. "On fait des jours, on fait des nuits, on fait les jours fériés, les week-ends, on revient sur nos repos, on manque tout le temps de personnel... Ca demande beaucoup d'investissement, physiquement et mentalement. Il faut avoir le physique pour prendre en charge des patients, les lever, les remonter, les laver, marcher toute la journée. On a des vies entre nos mains, on ne peut pas se permettre de faire des erreurs", témoigne Camille Guichard-Diot.
Si le mouvement monte et il monte, à un moment donné, le président n'aura plus le choix
Sandrine Guglielmino, technicien supérieur hospitalier au CHU de Nice
Sandrine Guglielmino est du même avis. "Dans la fonction publique hospitalière, ils nous demandent de plus en plus de choses, on a de plus en plus de travail et de pression mais de moins en moins d'effectif, qu'ils ont baissé à tous les niveaux, également chez les administratifs et les techniques. Je n'ai pas 50 bras !" Mais elle relativise : "Le métier n'est pas pénible comme les soignants. Je ne comprends même qu'on puisse les laisser bosser jusqu'à cet âge-là." C'est notamment pour eux qu'elle se bat.
Sandrine Guglielmino et Camille Guichard-Diot, qui se mobiliseront mardi à l'appel de l'intersyndicale, sont confiantes : selon elles, la rue peut faire plier le gouvernement. "Si le mouvement monte et il monte, à un moment donné, le président n'aura plus le choix", déclare la première. "Il faut garder espoir, j'espère qu'on gagnera", conclut la seconde.
Avec Dominique Poulain