Environ 150 personnes sont bloquées depuis le passage de la tempête Aline dans ce village au-dessus de Saint-Martin-Vésubie. Seul un accès à pied est désormais possible, une partie de la route s'étant effondrée. Sur place, la solidarité s'organise.
Trois ans après le passage meurtrier de la tempête Alex, le secteur de Saint-Martin-Vésubie paie à nouveau un lourd tribut, à la tempête Aline cette fois.
Fort heureusement pas de victimes ni de blessés, mais d'importants dégâts sur le réseau routier qui n'était par endroit que reconstruit de façon provisoire.
La RM 2565 reliant La Colmiane et la RM 89 rejoignant le Boréon sont coupées. Dans Saint-Martin-Vésubie, le pont Maïssa est impraticable pour rejoindre les quartiers Charles Boissier et de la Petite Suisse.
Enfin, la RM 31, qui relie Saint-Martin-Vésubie à Venanson est coupée. Après le pont qui enjambe la Vésubie, la chaussée a été en partie emportée sur une trentaine de mètres.
Depuis vendredi 20 octobre, l'accès du village est donc impossible en véhicule. 150 habitants s'y retrouvent bloqués. Presque totalement.
Des travaux pour un accès à pied
Jointe par téléphone, Loetitia Loré, maire de Venanson, nous précise : "Il n'y a que la piste qui nous relie à La Colmiane qui est praticable, en 4X4."
Les travaux rapidement engagés sur la route principale ont permis de rétablir un accès à pied jusqu'au pont, ou à vélo. Mais pour l'heure, aucun véhicule ne peut emprunter la route qui relie Venanson à Saint-Martin.
Je suis descendu pour voir si je pouvais passer à pied. Ils ont un peu détourné la rivière, on peut désormais accéder au pont. Ensuite, il me reste 1 kilomètre, ou au maximum 1 kilomètre et demi pour rejoindre la boulangerie de Saint-Martin.
Maurice, habitant de Venanson.
Le vendredi de la tempête, Maurice et son épouse, habituellement domiciliés au Cannet, venaient d'arriver dans leur résidence secondaire à Venanson. Leurs petits-enfants devaient les rejoindre le lendemain pour les vacances scolaires... ils n'en auront plus la possibilité.
Sur place, Maurice a un tempérament à prendre les choses "très bien". Il est pourtant confronté, comme les 150 autres habitants bloqués sur place, à la principale difficulté du village : Venanson ne dispose pas de commerce. Tout l'avitaillement se fait depuis Saint-Martin-Vésubie.
Un ravitaillement par hélicoptère
Samedi, les services de la Métropole Nice Côte d'Azur ont organisé un ravitaillement par hélicoptère. Quatre rotations pour apporter des produits de première nécessité à Venanson.
Maurice est allé prêter main-forte aux équipes municipales pour déballer les provisions : pâtes, sucre, farine, pain, fruits, café, laitages... il s'agissait d'en faire des colis individuels qui ont ensuite été distribués aux habitants.
Tout le monde participe. On recommence à se parler ! Et à s'entraider. Les personnes qui ne pouvaient pas se déplacer ont été ravitaillées par d'autres gens du village.
Maurice, habitant de Venanson
Son principal souci désormais : les médicaments dont son épouse a besoin pour son cœur. "C'est d'autant plus embêtant que la pharmacie de Saint-Martin-Vésubie est pour l'heure fermée. Il faut se rendre à Roquebillière".
Cela fait partie des problèmes pratiques que doit gérer la maire. "Nous avons une population assez âgée, nous explique-t-elle. A nous de faire en sorte qu'elle puisse vivre là...". Loetitia Loré se prépare à organiser le ravitaillement en médicaments.
On va tout faire pour que tout le monde tienne, pour que personne ne manque de rien. Mais... est-ce normal que cela dure ?
Loetitia Loré, maire de Venanson
Pour la maire, le moment n'est pas à la colère... "mais il viendra. Cela fait trois ans que certaines choses auraient dû être faites".
En attendant, pour parer au plus pressé, le maire de Saint-Martin-Vésubie prévoit de son côté des navettes pour transporter les personnes traversant le pont à pied jusqu'aux commerces du centre.
Le préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh a quant à lui réquisitionné cinq entreprises de la Vésubie pour participer aux travaux de désenclavement des communes et des habitations isolées. Il a par ailleurs annoncé lancer une procédure d'urgence civile, qui devrait permettre de "gagner entre 16 et 18 mois" dans la réalisation de travaux définitifs.
Maurice, lui, fait partie de ces habitants décidés à voir les choses du bon côté : "Après la tempête Alex il y a trois ans, nous n'avions plus de téléphone ni d'électricité. Cette fois-ci, nous n'avons que l'internet de coupé. Si vous saviez ce que je suis heureux !"