L'exploration urbaine, plus connue sous le nom Urbex, fait de plus en plus d'adeptes. Dans les Alpes-Maritimes, plus de 400 personnes partiraient régulièrement à la découverte de lieux abandonnés.
Ce sont les explorateurs des temps modernes. Née au début des années 80, l'exploration urbaine (urbex) consiste à visiter des bâtisses abandonnées, sans commettre la moindre effraction. En quelques années, grâce aux réseaux sociaux, l'urbex est devenue une activité répandue. En France la communauté compterait environ 12.000 membres actifs.
L'ubex a fait la Une de l'actualité, début mars, avec la découverte d'un incroyable dépôt d’armes dans une mine située à Brignoles dans le Var. Des restes de masques à gaz, des chargeurs de fusils mitrailleurs allemands et autres objets divers qui n’ont pas été tous identifiés ont été découverts. En à peine 10 jours la vidéo a été vue plus de 135.000 fois.
Dans les Alpes-Maritimes, plus de 400 Indiana Jones s'adonnent à cette activité régulièrement. Parmi eux : Ronce. Discret, ce niçois ne veut pas nous donner son nom. Il préfère que l'on utilise son surnom.
Depuis maintenant 15 ans ce trentenaire explore les lieux oubliés des Alpes-Maritimes. "Tout a débuté par hasard. Lorsque j'étais au collège j'avais des choses à me prouver. J'ai débuté par la visite de la batterie russe, située en face du collège Raoul Ruffy. Je l'ai explorée de long en large. J'étais conquis" se remémore Ronce.
Ces visites illégales s'enchaînent. Il se rend sur le Mont-Boron et découvre le fort Mont Alban puis ceux de la Tinée. Passionné par l'Art, cet étudiant s'inspire des travaux de Georges Rousse. Le plasticien français de 73 ans, grand prix de la Villa Médicis en 1983, investit les lieux abandonnés pour y construire une œuvre éphémère que seule la photographie restitue.
Comme lui Ronce, parcourt les bâtisses avec un appareil photo. "J'aime travailler en basse lumière pour voir le côté le plus sombre de l'homme. J'essaye d'aller au fond de l'âme humaine" raconte l'ancien étudiant de la Villa Thiole.
Parmi ses plus beaux souvenirs, Ronce se rappelle d'une exploration d'un village abandonné près d'Utelle : "Je me suis retrouvé dans un lieu chargé d'histoire. L'endroit a été abandonné suite à un tremblement de terre, je pense. Il y avait encore les casseroles sur le feu, les lits étaient faits. L'urbex me permet de faire un travail de mémoire pour parler de la petite histoire. C'est important" tient-il à préciser.
A 23 ans Yann Blondel est un nouvel aventurier. Passionné d'histoire, il explore les bâtiments vides depuis l'automne dernier. Pour les trouver rien de plus simple : "J'étudie Google map pour trouver des zones abandonnées". Un travail qui porte ses fruits. "Lors du 2e confinement j'ai découvert à Annot, sans l'aide de personne, un centre de vacances qui n'avait jamais été visité auparavant. Il est fermé depuis 2018" explique fièrement ce novice.
Grâce à ses vidéos, il rend l'exploration urbaine attrayante. Il faut tout de même rappeler que cette pratique est illégale puisqu'il est interdit de pénétrer des lieux privés. D'après Yann Blondel, il existe un flou juridique : "si l'on ne casse rien, si l'on ne commet aucune dégradation et aucun vol et que ce n'est pas un domicile, on ne risque rien".
Si vous êtes tentés par l'exploration urbaine il y a une dernière règle à respecter. Les bâtiments visités sont très souvent délabrés, il ne faut donc jamais s'y aventurer seul. En cas de blessure quelqu'un doit pouvoir rapidement donner l'alerte.