L'Alegria, premier restaurant solidaire pour seniors, a ouvert ses portes ce mercredi 28 juin à Nice. Pour seulement 3€, il sert des menus complets chaque jours de la semaine, et ce tout l'été. Cette initiative a pour but de favoriser le lien social, tout en limitant l'impact de l'inflation sur ce public fragilisé.
C'est un début en fanfare. Et on ne parle pas seulement de l'ambiance musicale dans laquelle s'est déroulée l'ouverture du premier restaurant solidaire pour seniors, ce mercredi 28 juin à Nice. Pour sa première, l'Alegria (joie, en espagnol) a conquis ses premiers convives.
Situé dans un local de la rue d'Alsace-Lorraine appartenant à la Ville de Nice et accueillant habituellement des étudiants, ce nouveau restaurant recevra chaque jour de la semaine des retraités en situation de grande précarité ou d'isolement.
"C'est formidable"
Avant tout, cette initiative a pour objectif de recréer du lien social pour les personnes âgées isolées. Et cela semble fonctionner. "C'est super ! Franchement pour les seniors c'est très bien, ça nous permet de se réunir, de rencontrer des gens qu'on ne connaît pas forcément", indique Luc, 67 ans.
"C'est formidable, c'est sympathique, c'est beau, c'est propre. C'est une bonne surprise !"
Jacqueline, retraitée niçoise de 75 ans
En face de Jacqueline se trouve... Une autre Jacqueline ! Elle aussi est venue chercher un peu de convivialité. Elle n'est pas déçue. "Je trouve que l'endroit est très réussi. Je ne m'attendais pas à ça. Vous savez, pour le troisième âge, ils ne font pas tellement de choses..." déclare-t-elle.
Pour les petits budgets
Mais la sociabilisation des seniors n'est pas l'unique dessein du projet. L'idée est également de leur permettre de déguster un repas complet à un coût réduit. Ainsi, au menu du jour : saumon poché, épinards à la crème, laitage nature, fruit et biscuit. Tout ceci pour la somme de 3 € par personne et par repas.
Ce prix, abordable, est apprécié par les seniors : "c'est très important, surtout de nos temps, la vie est tellement chère...", réagit Luc. Pour lui, le restaurant, ce n'est "pas tout le temps" : "une fois de temps en temps on essaye. Et encore, pas dans un grand restaurant, dans un petit restaurant de quartier...", témoigne-t-il.
Des étudiants associés
À l'Alegria, les plats sont préparés par des étudiants. D'autres assurent le service. À 20 ans, Manon Andreu suit des études de cinéma. Depuis très jeune, elle travaille en parallèle dans la restauration. Mais cette année, la jeune femme avait envie de changement : "quand on travaille dans la restauration, c'est pour l'argent, on ne fait que produire. J'en avais un peu marre. Puis j'ai entendu parler du restaurant solidaire, ça m'a attirée. Je n'y avais jamais vraiment pensé, et maintenant je travaille ici".
Et Manon en est très contente. "Ça change beaucoup, ce n'est plus du travail à la chaîne. C'est plus humain. On parle avec la personne, on fait attention aux clients. C'est super enrichissant de pouvoir parler avec eux de certaines expériences de vie. Même pour nous, humainement parlant, ça fait plaisir de pouvoir aider l'ancienne génération, qui a tendance a être délaissée. Je pense que c'est quelque chose que beaucoup de jeunes devraient faire", confie-t-elle.
Une prise en charge de plusieurs acteurs
Si les seniors qui peuvent bénéficier des repas de l'Alegria ne payent que 3 €, "le coût de production [d'un repas] revient a peu près à 9,80 €. Ce sont des circuits courts, nous faisons appel à des producteurs locaux pour les fruits et les légumes et tout est préparé par un professeur nutritionniste du CHU [de Nice]", explique le maire de Nice Christian Estrosi, présent sur les lieux.
Pour financer cela, "nous avons l'association Malakoff Humanis qui apporte une contribution de 2 € par repas. Cela revient à 4,85 € pour la collectivité. Pour ce premier temps de deux à trois mois, la ville de Nice a fait une provision de 50.000 € sur le budget de la ville, poursuit-il. Ce budget pourrait être revu à la hausse prochainement car la municipalité envisage d'ouvrir un autre restaurant solidaire à la rentrée.
Qui sont les bénéficiaires ?
Jusqu'à la fin du mois d'août, ce sont 50 couverts qui seront dressés quotidiennement à l'Alegria. C'est la "cuisine centrale", qui gère la production de repas pour l'ensemble des cantines scolaires de la ville de Nice, qui fournira le restaurant solidaire.
Pour pouvoir profiter de ses bons petits plats, les seniors doivent être répertoriés comme étant en situation d'isolement ou de grande précarité (non imposable) auprès du centre communal d'action sociale (CCAS).
À Nice, 2.535 personnes sont concernées.