Depuis samedi 9 juillet, le Grimaldi Forum de Monaco dévoile la spectaculaire exposition "Christian Louboutin : L'Exhibition[niste]". Plus de 3000 mètres carrés y sont dédiés aux passions, créations et inspirations du maître du soulier féminin.
Sous l'emblématique semelle rouge, se déploie un vaste univers. Chatoyant loufoque éclectique, et toujours exigeant. L’univers d’un homme qui pense, dessine, façonne des souliers féminins depuis plus de trente ans.
Tout débute à 11ans, au détour d’une énème visite au Palais de la Porte Dorée, à Paris, non loin du domicile des parents du jeune Christian Louboutin.
A l’entrée du musée, son regard croise un écriteau, un escarpin à talon aiguille, barré d’un trait rouge.
"C’est en regardant cet écriteau que j’ai compris que tout se dessinait. Tout ce qui est autour de nous se matérialise d’abord par un dessin. C’est le début, tout part de là." explique Christian Louboutin.
Fasciné, le jeune garçon dessine, redessine, encore et encore ce soulier à talon aiguille jusqu’à en faire une réalité.
Dans sa chambre de bonne, il confectionne son tout premier modèle, qu’il appelle "le maquereau".
La fabrication de souliers occupe ses journées, la conception occupe ses soirées. Il puise son inspiration partout autour de lui, dans l’art, la musique, les rencontres, les souvenirs.
Le musée océanographique de Monaco, où il allait régulièrement en vacances avec ses parents, le Pop art, et toutes ses heures passées dans les music-hall parisiens.
"Je travaillais en stage aux Folies bergères. Tous les soirs, les danseuses me demandaient d’aller acheter des escalopes. Je ne comprenais pas, alors un jour je leur ai demandé pourquoi tous les soirs elles mangeaient des escalopes. Elles se sont gentiment moquées de moi, et m’ont expliqué qu’elles les plaçaient dans leur soulier pour moins souffrir en talons. J’ai alors conçu les souliers différemment, en tenant compte du confort également".
Car pour le créateur, il ne s’agit pas d’un accessoire de mode, mais bien d’une prolongation du corps, le point final de la silhouette, qui doit épouser le galbe du pied et l’inclinaison de la cheville.
Il a d’ailleurs conçu une série de "nudes", des souliers couleur chair, déclinée en huit coloris, imaginée pour se fondre totalement dans la silhouette.
Le parcours de Christian Louboutin n’est pas académique. Pas ou peu de diplôme en poche, il se laisse guider par son instinct et ses rencontres.
Sa rencontre avec Caroline de Monaco, entre autre, qu’il considère aujourd’hui comme sa "bonne fée".
Bien avant qu’il ne connaisse la notoriété, la princesse perçoit le talent du jeune créateur. Elle est l’une de ses premières clientes, porte l’un de ses modèles, remarqué à un évènement, et lance sa carrière.
1993, second tournant. L’apparition de la célèbre semelle rouge. "J’ai reçu un modèle, et quand je l’ai retourné, quand j’ai vu la semelle, elle était noire, ça faisait beaucoup de noir, j’ai voulu en effacer un peu. J’ai voulu rajouter de la couleur mais je n’ai pas pensé spécialement au rouge pour la semelle. J’ai pris un vernis à ongles, j’ai coloré la semelle, elle est devenue rouge, et ça a été comme un révélateur. J’ai regardé mon dessin j’ai regardé le soulier, je me suis dit 'et bien voilà, c’est ça'."
Cette exposition au Grimaldi Forum est le second volet d’un premier évènement organisé au Palais de la Porte Dorée, à Paris, en 2020. C’est dans le douzième arrondissement de Paris, tout près de ce palais que le créateur a grandi, et c’est à Monaco, et plus généralement sur la Côte d’Azur qu’il a esquissé ses premiers dessins.
Une rétrospective en deux temps, pour voyager en immersion dans le monde onirique de ce créateur. "Christian Louboutin : L'Exhibition[niste]" se poursuit jusqu’au 28 août, au Grimaldi Forum, à Monaco.