Une centaine d'habitants du quartier de la Madeleine ont été évacués vendredi soir préventivement. À la suite d'un violent orage sur les hauteurs de Nice, le niveau du Magnan est monté dangereusement. Parmi les riverains, on dénonce un scenario à répétition.
Alors que le département des Alpes-Maritimes était redescendu en vigilance météo jaune ce vendredi après-midi, un violent orage stationnaire s'est abattu sur les hauteurs de Nice : 70 mm d'eau sont tombés en 1 h 30. L'événement a provoqué une montée soudaine des eaux du Magnan qui traverse Nice pour se jeter dans la mer. Le vallon a débordé dans sa partie amont.
Je suis à la Madeleine supérieure, où le Magnan déborde suite à un orage stationnaire. Je demande à tous les habitants du quartier de ne pas rester à proximité du fleuve, de ne pas descendre dans les sous-sols et garages et de rester à l’abris. Ne prenez aucun risque. La priorité… pic.twitter.com/uOIE8JgNcf
— Christian Estrosi (@cestrosi) October 18, 2024
Par mesure de précaution, la police municipale s'est rendue sur place pour inviter une centaine de riverains à évacuer, sur le boulevard de la Madeleine et le chemin du génie. Le haut du boulevard de la Madeleine a été fermé à la circulation.
J'étais sur le pont en train de fumer ma cigarette tranquillement et j'ai vu la vague arriver. Et c'est monté, c'est monté...
Joseph Bracco, riverain du Magnanà France 3 Côte d'Azur
Joseph Bracco, dont le fils est handicapé, a refusé d'évacuer malgré l'invitation de la police. "À chaque fois, on monte à l'étage, on se barricade, que voulez-vous faire d'autre ?", explique-t-il à France 3 Côte d'Azur.
Ce riverain, membre du comité de quartier, fait partie de ceux qui ne cachent pas leur colère contre les services de l'État. Il a compté : c'est la troisième fois qu'il vit un débordement du vallon qui coule en bas de chez lui.
Ça fait dix ans qu'on réclame avec le comité de quartier un curage en profondeur. Dix ans qu'on nous refuse le curage pour diverses raisons. La biodiversité, et tout ce qu'on veut. On s'en fout, nous, de la biodiversité !
Joseph Bracco
Cette fois-ci, il y aura eu plus de peur que de mal. Vers 21 h, la décrue du Magnan étant largement engagée, le détachement de pompiers (10 engins, 30 sapeurs-pompiers) a pu quitter les lieux sans qu'aucune intervention n'ait été nécessaire. Les habitants évacués ont pu quitter le gymnase ouvert pour les accueillir, et regagner leurs habitations.
La polémique, elle, n'est pas retombée pour autant. Ce samedi matin, alors que le Magnan est redescendu à son niveau habituel, les habitants ne peuvent que constater les conséquences de la crue : le Magnan est encombré d'embâcles qu'il va falloir évacuer.
"Comme le vallon n'est pas nettoyé, les détritus ont été emportés par les eaux du vallon. Avec l'arbre qui a poussé il y a deux ou trois ans, ça a créé une vague qui a failli emporter le tuyau qui alimente en eau le quartier au-dessus", se désole un des habitants, Michel Martry.
L'adjoint au maire de Nice Gaël Nofri, a apporté son soutien via les réseaux sociaux aux habitants en attente du curage du Magnan :
En tant qu'Adjoint de Territoire, ayant effectué plusieurs réunions visant à obtenir une déclaration d'intérêt général pour le curage du Magnan, je veux dire, avec @cestrosi et les riverains du Magnan, ma colère face à des procédures trop longues et complexes imposées par l'Etat. pic.twitter.com/4f6wnVwHw1
— Gaël Nofri (@GaelNofri) October 19, 2024
Une salve contre Météo France
Le maire, qui était sur place vendredi soir, y est lui aussi allé de son coup de colère, contre l'absence de prévision de cet épisode météorologique pour le moins intense.
"Depuis que Météo France a été délocalisé sur Aix-en-Provence et n'est plus centré sur Nice, nous avons des informations extrêmement contradictoires", s'insurge Christian Estrosi.
Naturellement, on peut ouvrir le parapluie, dire que c'est jaune, orange ou rouge... mais ça suffit ! Maintenant, même quand c'est jaune, nous considérons que nous sommes en rouge.
Christian Estrosi, maire (Horizons) de Niceà France 3 Côte d'Azur
Les intempéries dans ce secteur de la Madeleine ont déjà par le passé eu de dramatiques conséquences. Il y a cinq ans, le 3 novembre 2019, une habitante de 70 ans avait été surprise dans son jardin par un glissement de terrain. Elle n'avait pas survécu.