Depuis le 30 octobre, suite au reconfinement, les violences conjugales sont en hausse. En France, les appels de victimes ont augmenté de 15%. Les associations et les administrations restent mobilisées pour venir en aide aux femmes victimes de violences en région PACA.
La plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes a enregistré une hausse de 15% des appels de victimes depuis le reconfinement le 30 octobre, a rapporté Marlène Schiappa, la ministre déléguée à l'Intérieur, le mardi 17 novembre. Le premier confinement, «terreau hélas propice aux violences conjugales», avait déjà vu «une explosion» des signalements sur la plateforme, cinq fois plus qu'en temps normal, a-t-elle rappelé lors d’un déplacement à Guyancourt (Yvelines).Parce que la plateforme https://t.co/SLbT0DwRNZ a reçu 15% de signalements supplémentaires depuis les nouvelles mesures de confinement, nous recrutons 12 policiers en +
— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) November 17, 2020
?? Ce matin sur place avec le DGPN @PoliceNationale & @AdrienTaquet @1ElisaMoreno https://t.co/xrUg6i9Hn4
Avec le confinement, les interactions sociales limitées des victimes augmentent l'emprise qu’exerce leur partenaire. "Les femmes victimes de violences n’ont pas l’obligation d’être munies de l’attestation de déplacement dérogatoire" a rappelé Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
Dans les Alpes-Martimes, les violences ont augmenté de 30%
A la sortie du premier confinement, une augmentation de 30% des violences conjugales sur le département a été observée, révèle la préfecture des Alpes-Maritimes. Un chiffre qui s'explique notamment par une hausse des signalements des violences subies lorsque le déconfinement a été prononcé.Natacha Himelfarb, déléguée aux droits des femmes et à l'égalité des Alpes-Maritimes, rappelle qu'"il est encore trop tôt pour voir une augmentation significative des violences sur ce second confinement". "Le protocole sanitaire est plus souple et les infrastructures dédiées à la prise en charge des femmes sont cette fois-ci ouvertes, on peut donc espérer une amélioration des suivis", explique-t-elle.Entre mars et mai, 462 femmes étaient déjà suivies par nos services. En l'espace de deux mois, 402 nouvelles victimes sont arrivées.
Elle ajoute néanmoins : "Il faut rester prudent, nos dispositifs d'urgence et les forces de l'ordre restent mobilisés. De plus, les chiffres des violences conjugales ont grimpé significativement après les trois premières semaines lors du confinement du printemps..."
Les violences conjugales ne connaissent pas de répit pendant le confinement.
— ARS Paca (@ARSPaca) November 19, 2020
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Entre janvier et août 2020, les plaintes déposées auprès de la cour d'appel d'Aix en Provence ont augmenté de 20% pour des faits de violences conjugales, par rapport à la même période de 2019. Dans les Bouches-du-Rhône, les violences interfamiliales ont augmenté de 10%.
Dans le Var: l'association le Cap a reçu six nouveaux signalements en 24 heures
Battue puis mise à la rue par son mari, une jeune femme a eu le courage de pousser la porte du Cap, une association d’aide aux victimes de violences conjugales installée à Draguignan dans le Var. Elle se retrouve seule et sans domicile. "J’ai honte de dire que j’ai été frappée ou maltraitée, confie-t-elle. Je ne l’ai dit à personne, même au travail ils ne savent pas."Quand j'arrive le matin au travail, les yeux rouges à force d'avoir pleuré, je fais croire à mes collègues que c'est parce que j'ai regardé la télévision trop tard.
La semaine dernière l'association le Cap, a reçu six nouvelles victimes de violences conjugales en une journée.
Pendant le premier confinement du printemps, une quinzaine d'associations se sont mobilisées pour venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales dans les Alpes-Maritimes. A Nice, l'Abri Côtier, a reçu 50 nouveaux cas de violences conjugales durant la première vague. Depuis le reconfinement, ce sont 13 nouvelles victimes recensées par le dispositif municipal.
L'association Accueil Femme Solidarité, à Nice, s'occupe d'accueillir et d'aiguiller les femmes dans leurs démarches à suivre lorsqu'elles sont victimes de violences conjugales. Comme leur permettre d'être relogées en urgence avec leurs enfants, d'avoir un suivi psychologique et que des mesures juridiques soient lancées contre leur bourreau.On a déjà reçu l'appel d'une femme enfermée dans ses toilettes avec ses enfants. Son compagnon tambourinait à la porte en la menaçant de la tuer et en l'insultant. Les violences conjugales ce ne sont pas que des chiffres, il y a l'humain derrière.
Murielle Moreno, conseillère d'accueil au sein de l'association, a été appelé en renfort sur le dispositif téléphonique national du 39 19. "Pendant le premier confinement, les violences ont augmenté de 37%. En ce moment, je reçois près de 15 appels par jour", se désole t-elle.
Le centre d'information du droit des femmes et des familles (CIDFF) dans les Alpes-Maritimes a lancé une action régionale #tespastouteseule. Une action qui vise à aider les victimes mais aussi à alerter leur entourage. "La précarisation liée au contexte économique renforce les risques et favorise les violences intrafamiliales", rappelle Frédérique Grégoire la présidente du CIDFF (06).L’association Accueil Femmes Solidarités s'est occupée de 300 femmes en 2019, mais là en 2020 on va dépasser les statistiques avec les deux confinements, c'est inévitable.
Des dispositifs d'urgence mis en place à Nice
- A Nice : on retrouve plusieurs dispositifs "afin de permettre aux victimes de se signaler."
"Les personnes sont formées pour analyser les situations décrites et y apporter une aide concrète", affirme Maty Diaouf, déléguée municipale à la Lutte contre les discriminations, au Droit des femmes, aux Actions humanitaires et aux Solidarités internationales de la ville de Nice.
La permanence téléphonique du Centre d’accueil de jour l’Abri Côtier et les interventions d’urgence sont également garanties sur rendez-vous au 04 97 13 39 46.
Les seize bornes d’appel d’urgence installées dans la ville, sur les sites les plus fréquentés sont aussi à disposition des victimes.
La municipalité s'est également engagée à proposer à toutes les femmes victimes de violences, avec ou sans enfant, de quitter le domicile et d’être hébergées en chambre d’hôtel ou en appartement.
Le CHU de Nice propose une plateforme d’accueil de violences faites aux femmes au 04.92.03.63.95
24h/24 et 7j/7.
Les pharmacies restent en alerte
Dans le Var et les Alpes-Maritimes, les pharmaciens restent mobilisées pour venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Les femmes peuvent demander un "masque19" afin d'indiquer aux pharmaciens discrètement qu'elles sont victimes de violences interfamiliales. "Nous avons un bouton d'urgence pour alerter la police si une femme nous prévient qu'elle est victime de violences conjugales. Nous avons un protocole et nous sommes prêts à intervenir " rapporte la pharmacie Masséna à Nice.Au printemps, les appels au 3919, le numéro destiné aux femmes victimes de violences, ont bondi de 400%. Entre le 16 mars et le 10 mai 2020, près de 45 000 appels ont été notifiés. En France, une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son conjoint. Les violences faites aux enfants ont également fortement augmenté durant le premier confinement.