Son métier ? Remplacer les agriculteurs des Alpes-Maritimes qui sont en réunion, en formation ou qui pour une raison personnelle, ne peuvent travailler dans leur exploitation. Et ils sont nombreux en France à dépanner ponctuellement les éleveurs ou les maraîchers.
Héloïse Damex vient d'avoir 40 ans. Cette mère de deux enfants habite Saint-Jeannet, dans les Alpes-Maritimes, et depuis 5 ans, elle a un métier : agricultrice remplaçante. Avant, elle était employée agricole, elle connaissait déjà le travail.
Cette semaine, c'est à la fois à Utelle et à Colomars qu'elle travaille.
J'aime ne pas être toujours au même endroit. J'apprends tout le temps et je m'adapte, les agriculteurs n'ont pas tous les mêmes pratiques. Je peux être un jour à ramasser des fruits ou des légumes quand il y a une surcharge ponctuelle de travail chez un exploitant, je peux m'occuper des animaux, je n'ai pas de préférence, j'aime tout !
Héloïse Damex, agricultrice remplaçante
Concrètement, Héloïse fait partie des 11 salariés en contrat à durée indéterminée du service de remplacement des Alpes-Maritimes et travaillent au total entre 110 et 140 heures par mois.
Créé il y a 20 ans à Nice, il est la déclinaison locale d'une association nationale qui elle, a 50 ans d'existence.
Les locaux sont situés au MIN d'Azur, marché d'intérêt national.
5 ans déjà qu'Héloïse travaille dans des exploitations au gré des besoins, jamais à plus de 50 kilomètres de son lieu d'habitation.
Il est important pour elle de rentrer à la maison le soir pour s'occuper de ses enfants. La formule lui va bien : elle n'a pas le stress de l'agriculteur en fonction, et elle a noué de solides amitiés dans des exploitations qui du coup, font régulièrement appel à elle.
Un vrai besoin
Au service de remplacement, Michaël Del Giudice met en adéquation l'offre et la demande pour le département et il est formel : ce service correspond à un vrai besoin, les chiffres l'attestent.
En 2016, on comptait 34 demandes pour 1 333 journées au total. Aujourd'hui, le fichier recense 168 demandes. En nombre de jours, cela fait 3 900 en 2021, et jusqu'à 4 500 en 2020.
Du coup, en plus des 11 CDI, il y a 161 noms, des remplaçants qui ont déjà travaillé dans les Alpes-Maritimes.
Profil du remplaçant ?
Un jeune, qui cherche à se former sur le terrain.
Beaucoup ont décroché le brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole et cherchent à acquérir encore plus de compétences, un tremplin avant de se lancer dans la gestion de leur propre exploitation.
Quant aux besoins, ils concernent le maraîchage, l'élevage, l'apiculture et les centres équestres. Les petites annonces sont publiées sur le site :
Une plus value pour les exploitants
Solange Pelissero a une ferme avec son mari à Tende dans les Alpes-Maritimes. Avec 12 vaches laitières et 30 vaches à viande, le travail ne manque pas, d'autant que s'ajoute la fabrication de fromages.
Tommes, camemberts, reblochons, ricottas, elle vend sa production sur les marché et la viande au Rouret au "Marché des Collines".
Elle utilise le service de remplacement depuis 10 ans, depuis qu'elle a repris l'exploitation.
Le plus ? Elle est libérée de toute la paperasse puisque c'est le service qui fait les fiches de paie et qui est l'employeur. Elle a une cotisation de 35 euros par an, un forfait selon le motif et une feuille d'heures à signer.
Ce service, c'est vital ! Cela permet de partir en formation, ça me permet de m'investir sur certains dossiers dans le syndicalisme agricole et on peut partir en vacances ! La vache laitière mange et produit tous les jours
Solange Pelissero, agricultrice à Tende
Ainsi elle peut se faire aider, d'ailleurs elle emploie quelqu'un qu'elle a formé à raison de 25 heures par semaine pour la fromagerie, et laisser les clés de l'exploitation sans culpabiliser quand le besoin se fait sentir, et conclut " si je n'avais pas eu cette option, on n'aurait peut-être pas continué !"
Un concours pour être reconnu
Ils sont 15 000 à exercer ce métier en France, et le 10 septembre prochain à Outarville (45), 8 équipes régionales de 5 agents de remplacement, femmes et hommes, s’affronteront autour d’épreuves : prise de consignes, manipulation d’animaux, conduite de matériel, soudure, reconnaissance de graines.
La création d' un concours national, et donc, une première dans ce secteur d'activité !