Une étude parue dans la revue scientifique Nature Climate Change pointe le manque de neige qui pourrait menacer les stations de ski. Les stations des Alpes-Maritimes se disent conscientes du problème, mais se veulent rassurantes.
La revue Nature Climate Change publiait ce lundi 28 août une étude alarmante sur le devenir des stations de ski.
Plusieurs scenari ont été étudiés, selon la rédaction l'AFP qui a discuté avec l'un des auteurs français, le météorologue Samuel Morin : "sans recours à la neige de culture, il apparaît que 53% des stations feraient face à un risque "très élevé" de manque de neige si la hausse était de 2°C. Avec une hausse de 4°C, c'est presque la totalité des stations (98%) qui se retrouvent dans cette situation."
Selon l'association nationale des maires des stations de montagne, "l'activité touristique en hiver représente neuf milliards de chiffres d'affaires et 72% des vacanciers pratiquent principalement le ski". Dans les Alpes, 158 stations sont implantées, et représentent plus de la moitié des stations françaises.
Neige de culture
Selon l'étude : "la neige de culture a peu d'effet dans les domaines à faible altitude ou situés trop au sud, les températures trop élevées ne permettant pas de fabriquer de la neige de manière efficace. Par ailleurs, la fabrication de neige peut elle-même contribuer à l'accélération du changement climatique en raison de la forte demande en énergie qu'elle induit, relève l'article. Elle se traduit également par une hausse de la demande en eau."
À Isola 2000 dans les Alpes-Maritimes, la saison dernière n'est pas représentative de cette crainte, car le bilan était très positif. Le directeur du domaine skiable était ravi de la fréquentation en hausse :
Ici, à Isola 2000, la fréquentation est en hausse de l'ordre de 20%, c'est vraiment une très belle saison qui a débuté le samedi 3 décembre, et on va faire quasiment 5 mois d'exploitation, avec un domaine à 100% ouvert et des pistes enneigées naturellement.
Jean-Christophe Desens, Directeur Général - Stations Nice Côte d'Azur - Auron - Isola 2000 - Saint Dalmas le Selvage SEM des Cimes du MercantourEn avril 2023
Le directeur général des deux stations (Auron et Isola 2000) se dit serein : "bien que l'enneigement reste variable d'une année à l'autre, nous sommes confiants. Une étude de Clim Snow table explique que le changement (voir le dérèglement) climatique est bien là, mais jusqu'à 2050 ça devrait aller pour nos stations."
Concernant la neige de culture, l'impact environnemental est pris en compte : "pour la station d'Isola, on utilise les canons à neige entre 5 et 7 jours pour sécuriser de 4 à 5 mois de saison et 600 emplois. L'utilisation de l'électricité est raisonnée et l'utilisation de l'eau aussi, car elle provient de retenues collinaires (qui peuvent servir en cas de besoin pour le réseau d'eau potable) et surtout la ressource retourne dans le milieu après la saison."
Un modèle économique en constante évolution
Bien que les stations de moyennes et hautes montagnes soient moins menacées que les petites de basse altitude, le modèle économique des stations évolue. Jean-Christophe Desens explique : " les gens ne viennent pas que pour le ski (même si ça reste souvent le motif principal), aujourd'hui, on propose des randonnées piétonnes ou raquettes, des balades en chien de traineaux, de la moto neige, du bien-être avec la piscine et les spas...".
Les stations de ski comptent sur leur saison d'hiver (parfois un peu raccourcie en fonction de l'enneigement) et sur une saison estivale avec d'autres types d'activités.
À Valberg, la saison s'est terminée en mars. La station a déjà pris conscience de ces changements climatique, le directeur Olivier Borot explique ainsi : "on développe une politique sur du quatre saisons pour proposer des activités variées autour de l'écologie et des espaces naturelles, de la mise en valeur des territoires".
On sent que les gens veulent découvrir la montagne et pas seulement le ski
Olivier Borot, directeur de la station de Valberg
La station de Valberg, propose des randonnées à thèmes, du VTT, de la pêche et autres activités pour attirer toute l'année les visiteurs. Un modèle qui permet aux professionnels du tourisme de vivre toute l'année, car les hébergements et restaurants sont ouverts en toutes saisons.