Tisanes bio, détox... Un secteur en ébullition : + 10 % de producteurs bio en un an en PACA

A coup de nouveau packaging, appelation détoxifiante, label bio et prommotion des influenceurs, les tisanes ont la côte notamment parmi les jeunes. Une demande qui pousse de nombreux agriculteurs dits paysans tisaniers à s'installer, se convertir en bio pour faire pousser cet exilir de bien-être.

C'est la période, après les excès des fêtes, place à la diète ! Et pour éliminer "naturellement" quoi de mieux qu'une bonne tisane ?

Elles se vendent en vrac ou en infusettes, les tisanes sont une des boissons chaudes préférées des Français. Finie, l'image de l'infusion de mamie, les jeunes aussi y sont accros. Leurs vertus amincissantes, relaxantes, digestives sont multiples et séduisent de plus en plus.

Dans la région Provence Alpes Côte d'Azur, première  région productrice de plantes à parfum, aromatiques et médicinales en France, les installations de paysans herboristes ont bondi, +10 % de producteurs bio en un an selon l'association Agribio Paca.

Grande soif !

A 28 ans, Céline Widehem en bois deux fois par semaine environ. "En général, je bois une tisane en sachet plutôt quand j'ai fait un gros repas le soir, pour digérer et m'aider à mieux dormir aussi". La Niçoise l'admet, c'est un produit redevenu tendance. 

Je trouve que l'image de grand-mère qui boit de la tisane s'est un peu atténuée. C'est un produit à la mode, avec justement les "détox"...

Céline Widehem, consommatrice de Tisane "Détox".

Boostée par les réseaux sociaux, l'image a considérablement rajeunie. Certains utilisent également les tisanes pour guérir. 

Massinissa est étudiant à Nice :" Pour ma part, cela fait maintenant deux ans que je consomme des tisanes détox, principalement composées de gingembre, citron, miel et curcuma. Cette boisson me permet de soigner tous les maux de l'hiver sans avoir recours aux médicaments classiques. Je ressens également un boost d'énergie, et une respiration plus fluide" explique-t-il. 

Si la majorité des tisanes s'achètent en grande surface, pour Mégane Vechambre qui est référente de l'association Agribio en Paca, "il y a vraiment un engouement du consommateur sur les tisanes artisanales, locales."

La marque Provence fait vendre

En France, sur 3.000 exploitations bio de plantes aromatiques, 550 se situent en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il faut dire qu'au-delà de l'ensoleillement, la terre est propice pour ce genre de culture et la marque Provence fait vendre.

En surface, on est la première région de France dans la filière, notamment grâce à la lavande, le lavandin mais aussi le thym, le romarin et les fleurs dans les Alpes-Maritimes. La marque Provence marche et s'exporte. Il y a même un label rouge qui a été créé. Désormais, aussi IGP pour le thym.

Mégane Vechambre, référente régionale de la filière PPAM au sein du réseau Agribio.

La filière se relocalise même. "On est toujours attractifs, car depuis quelques années des entreprises françaises qui avaient l'habitude d'importer souhaitent maintenant relocaliser leur fournisseur. Pour plusieurs raisons : la stratégie commerciale, mais aussi la traçabilité et l'approvisionnement. En se fournissant dans les pays de l'Est, il devenait difficile de tracer ceux qui ont des résidus de pesticides pour les fabricants bios par exemples" complète Mégane Vechambre.

A Bouyon, dans les Alpes-Maritimes, Sophie le Cam a lancé sa petite entreprise "La cueillette provençale" en mai 2019.

Sa cueillette : thym, romarin, tilleul, sureau, sarriette, genièvre, lavande, camomille, fleur de rosier sauvage... Une idée venue alors qu'elle observait la nature :" Quand je voyais ce thym sauvage à perte de vue sur mon terrain, je me suis dit pourquoi ne pas vendre des petits sachets ? Et puis, je me suis lancée dans la transformation. Cela a été une révélation!" 

Sophie effectue presque 90 % de cueillette sauvage et 10 % de plantés.

Aujourd'hui, elle produit des tisanes bien sûr, mais aussi des sirops, des huiles essentielles dans un réseau exclusivement local.

"Je fais de la petite production, je vends au marché des collines au Rouret, dans quelques coopératives, celle des Baous à Coursegoules ou depuis récemment le magasin bio Satoriz à Nice Saint-Isidore". 

Après avoir acheté un terrain, Sophie Le Cam fait tout elle-même de la plantation, la récolte à la mise en sachet.

"Les conditions météos sont très favorables dans les Alpes-Maritimes pour ce type de culture".

"Tout ce qui est produit est vendu"

Même discours pour Diego Arias, paysan herboriste depuis 2016 à La Penne, près de Puget-Théniers. Avant, depuis 2002, il était paysan céréalier/boulanger et après la découverte d'une intolérance au gluten -ce qui ne faisait pas bon ménage avec son ancien métier- et un traitement par les plantes, il s'est reconverti. 

En quelques années, il a pu remarquer un engouement des consommateurs pour la tisane. 

Il y a un public demandeur, au fur et à mesure, j'ai augmenté les quantités et les sortes. Les consommateurs sont réceptifs et beaucoup m'appellent pour me remercier des bienfaits des tisanes !

Diego Arias, paysan tisanier "Espèci d'Aqui"

Chez Agribio Paca, on remarque l'engouement des producteurs depuis plusieurs années :"j'ai de plus en plus de sollicitation de personnes qui veulent en faire une activité professionnelle, notamment sur les tisanes, les huiles essentielles... Dans les Alpes-Maritimes notamment, y'a fort historique sur les plantes à parfum mais, on observe aussi que les producteurs se développent sur d'autres plantations" Mégane Vechambre. 

Malgré la demande du consommateur et le marché porteur Mégane Vechambre recommande de ne pas se lancer à la hâte. 

"Ce n'est pas comme un maraîcher qui fait des légumes, un produit de première nécessité, là on est sur des produits bien calibrés. Il faut réfléchir à comment on veut se placer sur le marché, savoir exactement ce que l'on veut faire."

En 5 ans, 158 fermes bio de PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales) de plus se sont installées dans la région.

La recette du succès 

Elles flânent en une des magazines féminins et sont conseillées par les diététiciens. Mais quels sont réellement leurs bienfaits ?

Pour la diététicienne Sarah José, elles sont bénéfiques pour le foie, les reins car on va trouver des plantes qui vont venir drainer, mais si l'on veut se lancer dans une vraie détox elle conseille d'aller plus loin "là on peut aller jusqu'au complément alimentaire artichaut, radis noir, romarin par exemple".

Attention, tout de même s’assurer qu’on n’a pas de pathologie particulière si on veut se lancer soi-même.

Dans le cadre d'une perte de poids, après les fêtes, après un gros repas ou une soirée trop arrosée ça fait toujours du bien !

Sarah José, diététicienne nutritionniste à Cannes et Antibes.

Autre conseil de la diététicienne, le bio ! " Pas parce que c'est la mode, mais parce que c'est une vraie garantie pour éviter les pesticides et polluants!" ce qui évidemment sera dommage dans le cadre d'une détox.

Dans les Bouches-du-Rhône, l'entreprise 1336 anciennement usine du groupe Unilever (Lipton, Eléphant...) constate l'engouement, notamment sur le bio. Le nom de la coopérative vient du nombre de jours de combat des salariés. Aujourd'hui, la coop détenue par les salariés produit des thés et tisanes sans arômes chimiques, made in France mais aussi Provence. 

On voit aujourd'hui que les consommateurs commencent à regarder de plus près ce qu'il y a dans leurs tasses. On progresse d'année en année. En 2015, on était à10 tonnes de productions et aujourd'hui à près de 40 tonnes !

Olivier Leberquier, Président de la coopérative Scop-ti.

Un succès dû aux gammes locales "On vient de sortir un thym de Provence bio IGP, là on peut difficilement faire plus court ! Il est récolté à Trets à 30 km, on voit tout de suite que ça plaît sur le site mais, aussi à travers les discussions que l'on a avec les grandes enseignes" explique Olivier Leberquier. 

Pas encore suffisant pour faire fonctionner leur modèle économique :"on y est bientôt, en 2015, on était à 460 000 de chiffre d'affaires et aujourd'hui 4 millions 100, en 2021, on devrait passer la barre des bénéfices", conclut le président de la coopérative.

Infox, pas détox !

En 2018 et 2019, l'ONG Foodwatch mettait en garde contre des pratiques d'"Arnaques sur l’étiquette". L’ONG compare les allégations santés attribuées à ces produits aux "promesses des charlatans de foire qui vendaient des élixirs aux vertus miraculeuses" et accuse les fabricants de "vendre du rêve".

L'ONG précise que certaines appellations ne présentent aucun risque pour la santé type "détox" même si rien ne prouve par exemple que la reine-des-prés à ces vertus (En revanche, cette plante permet l'élimination et le drainage mais, elle figure parmi la liste des plus de 2 000 mises en attente par la Commission européenne).

Plus problématique, les produits prêtant des vertus thérapeutiques, notamment pour des maladies graves comme le cancer, sont réellement inquiétantes selon l'ONG.

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