En alerte sécheresse, les départements des Alpes-Maritimes restreignent des usages de l'eau jugés non prioritaires sur la totalité du territoire. Deux communes varoises ont même atteint le niveau de crise. Les piscines privées sont particulièrement visées par ces mesures, mais certains propriétaires ont déjà trouvé des solutions.

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En Côte d'Azur, l'usage de l'or bleu se fait désormais au compte-goutte selon les secteurs et les usages. Depuis la mi-février, la préfecture du Var a placé au niveau d'alerte un grand nombre de communes. Deux d'entre elles, Riboux et Saint-Zacharie, sont même au niveau de crise. L'ultime seuil de restrictions.

Pour les Alpes-Maritimes, c'est le 13 mars qu'ont été indiquées en préfecture les différentes restrictions.  

160 000 bassins privés

Chez les propriétaires des 160 000 piscines privées des deux départements, ces mesures font déjà des remous. Remplir les piscines privées est interdit depuis la mi-mars. À la faveur d'un déficit en eau qui tend à s'aggraver, les piscines privées font les frais des restrictions annoncées.  

Pour justifier ces décisions pendant l'hiver, la préfecture des Alpes-Maritimes avance que l’année 2022 a été marquée par une sécheresse exceptionnelle. La pluviométrie sur ce département durant la période de recharge, comprise entre septembre 2022 et mars 2023, a affiché un déficit de 30 à 55 %.

En ce début d’année, le mois de février a même affiché un recul des pluies de l’ordre de 87 %. L’apparition de zones sèches s’est produite avec 3 moins d’avance par rapport à la normale. Le manteau neigeux accuse lui aussi un sacré déficit, de l’ordre de 60 % par rapport à la moyenne. 

Contrôles et exceptions 

Il est désormais interdit de remplir sa piscine du précieux liquide. Tout contrevenant s'exposerait à des suites administratives ou judiciaires, et à une contravention de 5e classe - soit 1500 euros d’amende pour une personne physique, 6 000 euros pour une personne morale.

Exception est faite pour le premier remplissage, à condition que le chantier ait démarré avant le déclenchement des premiers stades de restriction d’eau. Les mises à niveau sont autorisées, à l'exception des deux communes varoises de Riboux et Saint-Zacharie. Mais ces contraintes devraient s'alourdir après le 30 avril prochain.

Les copropriétaires sont inquiets, car ils ont un équipement commun qu’ils entretiennent toute l’année et se posent la question de savoir s'ils vont pouvoir l’utiliser cet été, alors qu’ils auront payé toute l’année pour ce bien commun, et que c’est important pour eux.

Agnès Gaillot, gestionnaire de copropriétés Syndic Azur à Juan-les-Pins

Ces contraintes pèsent déjà sur l'humeur des clients de Dominique Jouy, spécialiste d’installations, de l’entretien et du dépannage de piscines, rencontré par Véronique Varin et Hugues Nicolas, journalistes de France 3 Côte d'Azur.

"Ils sont inquiets, car on ne va plus pouvoir remplir les piscines, donc ça va être compliqué. J’ai des clients qui ont arrêté de faire les chantiers, et d’autres clients qui ont une piscine neuve, et qui apparemment peuvent la remplir.", explique le professionnel azuréen.

Pis encore, pour Dominique Jouy, ce sont les conséquences sur les sols : "S'il y a sécheresse, cela fait des mouvements de terrain, et cela peut casser les skimmers et les canalisations. Et après, si la piscine est complètement vide, c’est la structure en elle-même qui pourrait se casser en deux. Se casser ou se soulever."

Clair comme de l'eau de roche

Certains propriétaires abordent cette période estivale sans sourciller, car eux pourront barboter tout l'été. Pierre-André Escoffier a investi pour effectuer des travaux et n'en regrette pas une goutte.

"On a rénové cette piscine il y a un an et demi à peu près. On a diminué le volume de façon à avoir moins d’eau et ensuite, on a surtout mis un volet roulant qui nous permet d’être tout à fait tranquille.  J’avais constamment le souci de remplir l’eau, de surveiller, de la nettoyer, elle tournait beaucoup plus facilement. Ce problème a été entièrement résolu. Je l’ai rempli il y a un an et demi, depuis je ne l’ai plus touché" explique ce propriétaire d'une maison individuelle.

Nathalie Saget est responsable du service recherches et innovation chez Diffazur, l'un des acteurs majeurs du secteur. Ils travaillent à optimiser chaque goutte d'eau : "Maintenant, on ne vide plus une piscine. Ce n’est pas nécessaire de renouveler l’eau d’une piscine. Là, on réfléchit à la mettre en circuit fermé total, de récupérer par exemple les eaux de lavage des filtres, quand on a notamment un filtre à sable, ce qui permettrait de réinjecter les eaux". 

Si l'eau se fait rare en circuit court, elle sera davantage appréciée en circuit fermé. À terme, récupérer et traiter les eaux grises de chaque habitation pour les filtrer et les réutiliser sonnera comme une évidence pour tenter d'enrayer la fin de l'abondance.

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