Parce que la justice est rendue en son nom, le Prince Albert de Monaco a annoncé changer de garde des sceaux. Il a choisi Robert Gelli, procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Il n'y avait pas eu de Français à ce poste depuis 2005.
Après "le scandale sur le rocher", le Prince Albert de Monaco avait besoin de réaffirmer "son attachement à une justice indépendante et impartiale". Dans un communiqué, le palais princier a annoncé, mardi, changer de garde des Sceaux.
Pour remplacer Laurent Anselmi, en poste depuis octobre 2017, le prince indique avoir choisi Robert Gelli, procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Ce choix marque le retour d'un magistrat français à une fonction occupée depuis 2005 par des Monégasques.
Cette nomination prendra effet au 21 octobre.
Robert Gelli avait décidé de s'investir pour lutter contre les violences conjugales. En juillet dernier, dans une note adressée aux procureurs sous sa juridiction, il avait demandé que tout signalement de violence conjugale soit systématiquement suivit d'un dépôt de plainte, avec compte-rendu au procureur et évaluation des besoins de la victime.
Auparavant, Robert Gelli avait été directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG), un poste éminemment stratégique.
L'affaire Rybolovlev et la principauté
Dmitri Rybolovlev est un milliardaire russe, il serait impliqué dans plusieurs affaires, dont une, de corruption et de trafic d'influence, impliquant des policiers monégasques et des autorités politico-judiciaires de la principauté.Dans cette affaire, un précédent garde des Sceaux, Philippe Narmino, était soupçonné d'avoir été dévoué au milliardaire russe, il est parti en retraite anticipé, avant d'être inculpé avec son épouse et son fils.
Cette affaire était instruite par le juge français, Edouard Levrault, mais à Monaco, si la justice est rendue par des magistrats français, depuis 2018, au grand dam de l'Union syndicale des magistrats (USM), la Principauté a décidé de leur imposer une rotation plus rapide, au bout de seulement trois ans.
C'est dans le cadre de cette rotation que le juge d'instruction de l'affaire Rybolovlev a appris en juin qu'il allait devoir partir, ce qui sème la polémique.
"Cela pose beaucoup de questions, et on s'inquiète pour l'indépendance de la justice", avait accusé Jacky Coulon, le secrétaire général de USM.
"Remettre de l'éthique et de la déontologie"
Laurent Anselmi va quitter son poste de Directeur des Services Judiciaires (garde des Sceaux) pour celui de ministre des Relations Extérieures et de la Coopération.Dans une interview au JDD en février 2018, M. Anselmi avait insisté sur le fait que "Monaco n'est pas une rente pour les magistrats, ni un lieu où couler ses vieux jours". "Il faut remettre de l'éthique et de la déontologie là où il n'y en a plus", avait-il insisté, alors que la Principauté était encore éclaboussée par l'affaire du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev.