"Je suis très inquiet" : panneaux renversés, visites sur les blocages... Quand les maires soutiennent ouvertement la colère des agriculteurs

Plusieurs maires des Bouches-du-Rhône prennent position en faveur de la mobilisation des agriculteurs. Six d'entre eux se sont rendus jeudi sur un point de blocage, près d'Aix-en-Provence.

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Dès 6h30, six maires étaient sur le rond-point, viennoiseries à la main. Objectif : bloquer la plateforme logistique d'une enseigne de la grande distribution. Les agriculteurs de la Vallée de l'Arc se sont installés sur un rond-point, à la lisière des communes de Rousset et Fuveau (Bouches-du-Rhône) pendant deux jours. Mercredi matin, du lisier, des bottes de pailles et des palettes ont été déversées devant un des accès à la plateforme logistique. Une mobilisation qu'observent avec bienveillance les élus locaux. Après la visite du premier adjoint de la ville de Rousset mercredi, les agriculteurs ont de nouveau reçu le soutien officiel de plusieurs maires des environs jeudi matin.

"Des enfants du pays"

Un soutien qui va de soi pour Hervé Granier (LR), l'édile de Gardanne. "On est comme l'ensemble des français, on les soutient. Et puis ce sont des enfants du pays." Il se dit d'ailleurs "très proche" de Fabien Doudon, viticulteur et représentant local de la FNSEA, l'un des organisateurs du blocage.

Béatrice Bonfillon Chiavassa (DVD), la maire de Fuveau, connaît également très bien le milieu agricole. "Mon mari élève des chevaux et je suis moi-même issue d'une famille d'agriculteur. Une exploitation qui tourne sept jours sur sept, je sais ce que c'est." 

Elle souhaiterait voir plus de jeunes maraîchers s'installer dans sa commune. Elle identifie deux principaux obstacles "On a des propriétaires fonciers qui ne veulent pas vendre leurs terres. Et surtout, c'est un métier où on travaille beaucoup sans forcément se tirer un salaire."

C'est donc tout naturellement qu'elle soutient le mouvement. "Les agriculteurs nous nourrissent, et la mauvaise alimentation est la première cause de la mauvaise santé. En prenant soin de nos agriculteurs, on prend aussi soin de nos enfants."

Pour cette fois, les maires sont venus sans leur écharpe tricolore. "J'espère que le gouvernement accédera aux demandes des agriculteurs. Mais si le mouvement s'amplifie, nous reviendrons et nous serons encore plus nombreux, et avec nos écharpes", prévient Hervé Granier.

Une photo de profil renversée

Le maire LR de Bouc-Bel-Air, à quelques kilomètres de là, a été l'un des premiers maires des Bouches-du-Rhône à communiquer sur son soutien aux agriculteurs. Le 30 janvier, il a renversé sa photo de profil Facebook.

Si l'action peut prêter à sourire, c'est en réalité une référence à un mouvement de protestation initié par la FNSEA et les jeunes agriculteurs à l'automne dernier. Pour protester contre les réglementations trop strictes et la "paperasserie administrative", ils ont retourné les panneaux d'entrée de dizaines de communes, partout en France.

Richard Mallié a pris l'action à son compte, en soutien au mouvement, et a décidé également de mettre sens dessus dessous les panneaux d'entrée de Bouc-Bel-Air. "Les panneaux retournés ne sont pas une plaisanterie, mais un puissant message : 'On marche sur la tête'. Cela souligne les défis et les difficultés que nos agriculteurs affrontent quotidiennement, malgré les nombreux plans gouvernementaux", écrit-il dans un post sur les réseaux sociaux.

"Nous, on avait moins de frais"

Le nord du département des Bouches-du-Rhône est particulièrement touché par la colère des agriculteurs. "Nous sommes le centre agricole du département, notamment pour la production de fruits et légumes" précise Marcel Martel, maire (DVD) de Châteaurenard. Agriculteur à la retraite depuis une dizaine d'années, il estime que les conditions se sont durcies pour les exploitants. "Des crises agricoles, il y en a tout le temps. Mais la différence, c'est que nous, on avait moins de frais. Je vendais ma salade 25 ou 30 centimes et j'en vivais. Aujourd'hui, à 50 centimes, les agriculteurs perdent de l'argent."

Marcel Martel est régulièrement aux côtés des agriculteurs depuis le début du mouvement. "Je suis très inquiet. Si les agriculteurs continuent de disparaître, on va manger des produits de moins bonne qualité et qui viennent de très loin. Au moment où on parle de circuits courts et de neutralité carbone...".

Jeudi après-midi, Marcel Martel se préparait à rejoindre une nouvelle action des agriculteurs : une distribution de salades au marché d'intérêt national (MIN) de Châteaurenard. Une nouvelle manifestation alors que les principaux syndicats agricoles appellent à suspendre les blocages, à la suite de nouvelles annonces du gouvernement en faveur des agriculteurs.

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