Un responsable de magasin jugé pour harcèlement moral après le suicide d'un employé

Le manager d'un grand magasin de bricolage comparassait mercredi devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence pour une accusation de harcèlement moral après le suicide d'un employé le 8 février 2011. Le jugement sera rendu le 25 juin prochain. 

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Gilles Raymond-Mourot avait 34 ans. Il était père de deux fillettes de 5 et 10 ans. Il s'est suicidé le 8 février 2011. Son corps a été découvert dans la réserve du magasin de bricolage Castorama où il travaillait à Aix-les-Milles.

Sa compagne, Astrid Orecchioni, a une certitude. Son suicide, il y a 5 ans, est lié au harcèlement moral qu'il a subi. Gilles était chef de rayon. Pendant plusieurs mois avant son geste fatal, il s'est confié sur la dégradation de ses conditions de travail sous les ordres d'un chef de secteur cassant et humiliant, Bruno Vienne.

Le manager en cause comparaissait mercredi devant le trubunal correctionnel d'Aix-en-Provence pour une accusation de harcèlement moral. L'accusé n'était pas présent au magasin le jour du drame. Il s'est dit "étonné" et "peiné" par l'acte désespéré de son subalterne. Mais Bruno Vienne nie les faits de harcèlement qui lui sont reprochés. A la barre, il reconnaît être "exigeant" dans son travail mais il affirme "avoir le même comportement avec tout le monde" et être à l'écoute de ses subordonnés.

Perte de poids et de sommeil

Gilles Raymond-Mourot avait été embauché dans cette enseigne deux ans plus tôt. Donnant entièrement satisfaction, il avait rapidement été promu par CDI en chef de rayon sur le secteur Technique. Peu de temps après, le salarié avait fait état à son entourage des difficultés rencontrées dans l'exercice de son emploi. Il s'était notamment plaint de dénigrement de la part de son chef qui pointait "son incompétence" et "sa mauvaise gestion". Il avait aussi évoqué l'amplitude horaire de ses journées, de 6 h à 20 h. Le responsable rétorque ne jamais lui avoir demandé cela ajoutant : 

Moi aussi, j'ai fait du 6h-20h et ce  n'est pas pour autant que je me suis suicidé!"




Gilles Raymond-Mourat avait déjà connu un épisode dépressif alors qu'il était au chômage. Mais pour sa compagne et sa famille, c'est un entretien d'évaluation de trois heures avec son chef qui a tout fait basculer en novembre 2010. L'entretien avait été particulièrement éprouvant pour le chef de rayon. Pour ses proches, ce n'est là qu'une illustration de l'acharnement subi quotidiennement par Gilles, dont le profond mal-être se traduisait par une "importante perte de poids et de sommeil".

Pour "harcèlement moral, mise en danger de la vie d'autrui et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", le chef de secteur encourt jusqu'à un an de prison et 30.000 euros. Une peine d'un an de prison avec sursis a été requise à son encontre. Le jugement a été mis en délibéré au 29 juin prochain.

Reportage d'Astrid Gauraude et Alabn Poitevin : 

 

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