Guerre en Ukraine : l'incroyable livraison de produits médicaux dans un hôpital par des bénévoles d'Allauch

Partis le 10 mars, Brice Lacreusette et son équipe de bénévoles ont franchi la frontière ukrainienne pour acheminer des produits de première urgence à l’hôpital de Lviv, en Ukraine. De retour à Allauch, près de Marseille, ils promettent un nouveau convoi d'aide aux réfugiés.

"10 minutes, ils sont là dans 10 minutes !" clame un Allaudien, sur le parking, déployant aussitôt une banderole. Ils sont tous là : femmes, enfants et amis, pour saluer le courage de l’équipe menée par Brice Lacreusette, un habitant d’Allauch depuis une vingtaine d’années.  

Soudain, le convoi humanitaire fait son apparition au bout de la rue sous les applaudissements. De larges sourires viennent effacer les mines fatiguées des chauffeurs. Une bouteille de champagne débouchée et quelques éclaboussures plus tard, le père de famille dévoile le secret de leur réussite : "la cohésion d’une équipe du tonnerre." 

"Là vous avez les meilleurs : Lolo, le mécano qui a su dépanner une courroie ; Fred à la logistique ; Cyril, l’homme qui a su tenir la barre du fourgon ; Ronan un trésorier efficace et rigoureux, toujours de bonne humeur ; et puis mon fiston de 19 ans !" s’exclame Brice. Avant de faire une dédicace à deux autres conducteurs victimes d'une panne de camion et rapatriés en avion : "Grosse pensée également à Grégory et Christophe, nos interprètes courageux."

À Allauch, tous ont l’oreille attentive pour écouter le récit de leurs aventures. Lorsqu’ils arrivent à Medyka, une ville située à la frontière ukrainienne, en Pologne, ils décident de se séparer.  

Un périple riche en rebondissements... 

Un convoi reste sur place pour décharger 20 mètres cube de dons, essentiellement de la nourriture et des soins pour enfants, dans un ancien centre commercial aménagé en centre d’accueil.

Mathias, le fils de Brice, se confie avec émotion.  

L’image que je retiens ? C’est ce hangar remplis de réfugiés. Des enfants, des mamies qui sont dans l’attente de pas grand-chose sans rien comprendre, le regard vide. On essaye un peu d’aider, de les réconforter, d’apporter un peu de bonheur.

Mathias

Avec Frédéric et Cyril, ils se porteront même bénévoles pour orienter les ukrainiens qui veulent fuir, vers les personnes qui brandissent spontanément des pancartes avec leur pays comme nouvelle terre d’accueil. 

"On s’est officiellement enregistrés, j’ai encore le gilet avec mon prénom et les langues que je parle inscrites dans le dos. Mon rôle était surtout de répondre aux questions. Ils étaient très nombreux à vouloir rester en Ukraine pour ne pas s’éloigner de leurs pères, de leurs maris. Ça créait de gros bouchons, on avait l’équivalence de deux gymnases remplis en permanence de personnes refusant de partir" poursuit Frédéric Pla, un ancien journaliste, barbu au crâne dégarni.  

L’autre convoi, lui, décide de franchir la frontière. Mais, traverser la douane, peu de civils y arrivent. Et c'est mission impossible avec de simples photocopies de cartes grises alors Brice fait jouer ses réseaux. Un contact à l’ambassade de France lui indique un point de ralliement plus loin, moins regardant sur les laissez-passer. 

"Un poste-frontière planqué au milieu de nulle part, accessible que par un col enneigé. On y est allé, chargés à bloc, sur des routes défoncées et on a réussi un peu en mode contrebande ! Là il fallait garder son sang-froid, être très attentifs à notre conduite car nous n’avions pas le droit à l’erreur" explique Ronan, l’informaticien.  

Après une sortie de l’Europe délicate, entre ouverture aléatoire des cartons et contrôle des passeports, ils "s’infiltrent" en Ukraine et découvrent des scènes surréalistes.

Toutes ces croix en fer, ces barrages en béton, ces hommes armés jusqu’aux dents, et l’ambulance qui avance à toute vitesse, gyrophares allumés, pour nous escorter.

Laurent

"On se croyait en plein film !" lance Laurent, à l’allure de biker.  

Sans panneau ni GPS, les chauffeurs communiquent avec des talkiewalkies. Avant d’atteindre l’hôpital de Lviv pour acheminer 80 mètres cube de produits médicaux : des pansements, des compresses ou encore des kits de première urgence. "Dans un bâtiment qui date de l’ère russe, un entrepôt vide qui sert de stockage aux 5 hôpitaux de la ville" précise Brice, choqué par la vétusté des lieux. 

"Et là, la directrice arrive en pleurs et nous dit : "Merci, on a de quoi tenir au moins 6 mois s’il n’y a pas de problème". Ça, c’était le samedi. Le lendemain, les bombardements ont fait 135 blessés et le stock va partir en 15 jours" raconte-t-il, avec la chair de poule sur les bras.  

Où la peur n'a jamais pris le dessus

À 03h00 du matin, ils sont réveillés par les bombardements, aussitôt suivis des sirènes d’alarme. "On dormait dans le service psychiatrique de l’hôpital, on a d’ailleurs cru qu’ils allaient nous garder parce qu’on était assez fous pour être venu jusqu’ici" plaisante Laurent pour évacuer la pression. 

Des missiles viennent de tomber à 40 kilomètres, sur l’axe qu’ils ont emprunté la veille. Devant chaque fenêtre du bâtiment : des sacs de sable pour prévenir des explosions. "On s’est vraiment mis dans la peau de ces ukrainiens qui vivent cela depuis 3 semaines" souffle Ronan, encore marqué par le courage de ce peuple.

L’ensemble du convoi s’est réorganisé au dernier moment pour faire de la place et rapatrier 3 réfugiées avec eux : Natalia, une amie de Kristina, la femme de Brice ainsi qu’une mère et sa fille adolescente.  

Alors qu'ils viennent à peine d'arriver, l'équipe fait une grande annonce.

On a décidé, à l’unanimité, qu’on repartait pour un nouveau convoi, cette fois encore plus organisé et plus efficace, dans 3 semaines.

Brice

Un prochain départ dont Mathias fut l’un des premiers motivés. Marjorie, sa mère, est inquiète mais a une "totale confiance envers lui car c’est un garçon qui a la tête sur les épaules". Les cheveux blonds et le sourire aux lèvres, elle ajoute : "Je suis surtout très fière qu’il ait partagé cette aventure avec son papa. Il faut avoir une sacrée volonté pour faire tout ça."

"Mathias, c'est un sacré bonhomme avec un côté émotif que je connais très bien. Il a su se débrouiller et faire face à l'inconnu" ajoute Brice.  

Avant de conclure, des larmes dans la voix : "Le simple message sur facebook s'est transformé en une aventure humaine fabuleuse. Un grand merci à tous les habitants, les professionnels, le Lions Club et l'ONG Actions Humanitaires. On avait promis que tout arriverait à bon port et voilà que c'est fait !" 

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