Début décembre, l'Unesco a officialisé l'inscription de la transhumance au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. La reconnaissance d'une pratique ancestrale et une mise en lumière du métier de berger.
La transhumance consiste à déplacer de manière saisonnière des animaux, pour rejoindre une zone où ils pourront se nourrir. Et au-delà du folklore qui entoure cette pratique, c'est maintenant un savoir-faire reconnu. Mercredi 6 décembre, les ministères de la Culture et de l'Agriculture ont annoncé la reconnaissance de la transhumance au Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco afin "de mieux comprendre le patrimoine vivant dans les contextes ruraux".
Derrière ce mot, c'est surtout un héritage, une identité ancrée dans certains territoires, conservée depuis le 13ᵉ siècle. Comme en Provence et dans les Alpes, où chaque année, 600 000 brebis transhument, à l'image de celles de Lionel Escoffier qui viennent d'Arles pour se nourrir l'hiver à Aureille sur des prairies de foin de Crau.
Ce professionnel est éleveur depuis trois générations. Pour lui, cette distinction de l’UNESCO est une reconnaissance de son travail : "Ça va nous permettre de faire valoir nos droits sur les déplacements des troupeaux, le transport des animaux, le bien-être animal et prouver aux gens que la viande qui est produite dans les troupeaux transhumants, c’est de la viande de qualité qui permet à des territoires de vivre et à des élevages de vivre."
Lien entre savoirs-faire et environnement
Cette décision est le fruit d’un travail de longue haleine. Patrick Fabre, le directeur de la Maison de la transhumance, porte ce dossier depuis cinq ans.
Il reconnaît à cette pratique de nombreuses "vertus", notamment sur "les questions patrimoine et cultures comme ici sur la région Provence et Alpes".
"C’est quelque chose qui remonte à plusieurs siècles qui a vraiment marqué l’identité des territoires, et c'est ce qui a plu lors de l'inscription à l'Unesco : ce lien entre les savoirs-faire, la pratique et l’environnement".
Et avec cette reconnaissance de la transhumance, c'est toute une filière qui est mise en lumière : celle du métier de berger.
Une école spécialisée à Salon-de-Provence
Un savoir-faire, enseigné par l’école du domaine de Merle à Salon-de-Provence, depuis près d’un siècle. Une vingtaine d'étudiants y sont formés chaque année, dont Marie Cher.
À 22 ans, la jeune fille se projette déjà dans son futur métier de bergère transhumante: "On nous apprend à gérer les agneaux, à gérer les naissances... et on va nous apprendre toute la partie chien de conduite, leur alimentation, les pathologies des brebis, comment pouvoir les soigner."
La profession souhaite d'ailleurs fêter cette reconnaissance, en organisant notamment une mini-transhumance lors du prochain salon de l’agriculture à Paris du 24 février au 3 mars.
Avec Dalila Iberrakene et Clémence Fournival.