Les férias d’Arles génèrent des retombées économiques importantes pour la ville, selon les commerçants qui s'inquiètent de la possible abolition de la corrida, votée ce jeudi. Cela représente 12 millions d’euros de recettes chaque année. Dans la cité taurine, tout tourne autour de la corrida.
La Féria est une réelle poule aux œufs d’or pour la ville d’Arles. Il s'agit d'une tradition ancrée en Camargue et une économie qui tourne à plein régime.
2023 déjà complet pour certains hôtels
A l'hôtel le Calendal, dont le détail est poussé jusqu' aux porte-clés, en forme de têtes de taureaux, le chiffre d’affaire double pendant les férias. Avec 350.000 visiteurs par an, et situé non loin des arènes, pour avoir une chambre, il faut s’y prendre à l’avance. Ici, elles ne sont déjà plus disponibles.
" J'ai mon planning pour 2023, où il y a tous les noms des clients habitués. C'est une sorte de contrat moral entre eux et nous, comme ils viennent depuis 30 ans, je ne leur demande rien", explique Cécile Jacquemin, gérante de l'établissement.
Entre la féria de Pâques et la féria du Riz, les touristes dépensent en moyenne 55 euros par jour. Et la Féria génère des bénéfices non seulement pour les hôteliers, mais aussi pour les restaurateurs.
Dans la brasserie familiale Waux-Hall, en période de féria le chiffre d'affaire est multiplié par quatre. Dix personnes supplémentaires viennent également renforcer l’équipe. "Sur un dimanche classique, on va dire qu'on peut faire 100-150 couverts, en période de féria, c'est plutôt 350-400", raconte Sandrine Arnoux, gérante de la brasserie.
Sans féria, 30% de recette en moins
La plus part des commerçants se frottent les mains. Même le boulanger prend sa part du gâteau. Pour Abdelhamid Kharchach de la boulangerie pâtisserie Orientale, "s'il n'y a pas de féria, il n'y a rien du tout, je ferme et je vends la boulangerie"
A elles deux, les férias génèrent 12 millions d'euros de retombées économiques. Un week-end Pascal sans féria, c’est 30% de recette en moins.
Selon Sébastien Abonneau, élu adjoint au tourisme d’Arles "sans corrida, il n'y aurait pas de féria. Même si tous les participants des férias ne viennent pas aux corridas, on sait en revanche que c'est l'élément déclencheur. On sait souvent que les passionnés ne viennent pas seuls et ces accompagnants dépensent, consomment, visitent à la fois la ville mais aussi le territoire autour. Donc les conséquences seraient désastreuses évidemment, en termes d'impact économique direct et indirect."
"Féria sans corrida, c'est possible"
Pour Dominique Arizmendi, membre de l'association No corrida à Arles, "les férias sans corrida, il y en a et elles ont autant de succès et de spectateurs que celles qui en ont. Les personnes vont à la férias pour s’amuser, boire, manger, danser."
Selon elle, en France, il y a à peu près entre 5 et 7% des personnes qui vont à la feria et à la corrida. "Les gens vont de moins en moins à la corrida et c'est totalement possible de faire des férias sans corrida. Il n'y a qu'à regarder à Fréjus, Carcassonne, Palavas, où il n'y a plus de corrida mais toujours autant de monde", insiste-t-elle.
La France des toros reste une locomotive pour toute l’économie du sud. La proposition de loi pour l’abolition de la corrida sera soumise au vote de l’assemblée nationale jeudi.
La proposition de loi du député LFI Aymeric Caron, pour interdire la corrida, sera débattue à l'Assemblée national le 24 novembre. "Un cap" pour les anti-corridas, "une menace" pour ceux qui en vivent de cette pratique. En région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, cette tradition est largement ancrée.