L'autorisation d'usage d'un pesticide "très toxique" dans les rizières de Camargue fait bondir une maire

Christelle Aillet, maire (LR) des Saintes-Maries-de-la-Mer, a réagit avec "effarement" à l'autorisation de l'usage d'un pesticide toxique dans les rizières de Camargue. Elle alerte sur les incidences sur la santé des habitants et des écosystèmes, mais aussi sur la qualité de l'eau.

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Avanza. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais ce pesticide fait parler de lui, et l’incompréhension est totale du côté de Christelle Aillet, maire (LR) des Saintes-Maries-de-la-Mer. Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, elle alerte sur une autorisation donnée par le ministère de l’agriculture, de l’utilisation d’un produit phytopharmaceutique dans certaines rizières camarguaises. Un produit pourtant interdit en France.

"Des effets néfastes à long terme"

Si de prime abord ce pesticide ne vous dit rien, il est pourtant bien connu pour ses dangers. Ce produit est classé "très toxique pour les organismes aquatiques", par le règlement CLP (Classification, Labelling and Packaging of substances and mixtures) du Parlement européen et il "entraîne des effets néfastes à long terme". Mais malgré cela, il est autorisé de l’appliquer "en pulvérisation sur les cultures de riz situées en dehors d’un périmètre de protection de captage pour l’alimentation en eau potable".

Cette autorisation du ministère de l'agriculture est délivrée du 14 mars au 11 juillet 2024. Cet usage est restreint à des parcelles "déjà semées en riz en 2023 ou sujettes à des difficultés de désherbage", celles "situées en dehors d’un périmètre de protection de captage pour l’alimentation en eau potable" et "dans la limite d’une quantité maximale totale de 6 750 litres de produit commercial". Le produit doit être utilisé "sur des rizières inondées (strictement en dessous de 4 cm d’eau) dans une eau stable" et il faut "maintenir l’eau pendant 7 jours minimum après l’application".

Une décision qui "met en danger"

Pas de quoi rassurer l’édile qui alerte sur le fait que "le réseau hydraulique camarguais ne permet l’évacuation des eaux usées agricoles que vers les étangs du système Vaccarès, soit vers le Rhône et le Petit Rhône". De fait, "la Commune ne peut concevoir qu’une telle décision puisse mettre en danger les milieux naturels saintois, mais également la population saintoise à travers la distribution de l’eau potable dont le captage se situe dans le Petit Rhône".

"Quelle bonne idée de répandre un produit très toxique pour les organismes aquatiques dans des rizières où se trouvent justement des organismes aquatiques. Le tout dans une zone classée Natura 2 000", ne manque pas de réagir Hugo Clément, journaliste, sur X. Avant de poursuivre : "j’ai parlé avec des cultivateurs de riz en Camargue, qui m’expliquent que les rizières ne sont jamais totalement étanches, il y a forcément des fuites vers les cours d’eau, y compris pendant les périodes de traitement. On risque donc d’avoir cet Avanza qui va contaminer les milieux naturels. Merci Marc Fesneau pour cette belle décision qui risque d’abimer encore un peu plus l’écosystème fragile de la Camargue".

Une quatrième année de dérogation

Interrogé par Libération, le ministère de l’Agriculture précise que cette autorisation n’est pas "un élément nouveau en Camargue, puisque c’est la quatrième année qu’une dérogation est accordée sur ce produit pour gérer le désherbagede certaines monocotylédones qui ne sont pas maîtrisées par les autres herbicides". Avant d’ajouter que "nous ne sommespas seuls en Europe, les autres Etats Membres de l’UE producteurs de riz autorisentégalement l’Avanza : des dérogations ont été accordées en 2021, 2022 et 2023 enEspagne, en Grèce, au Portugal, et en Italie".

Pour autant, la maire Christelle Aillet indique dans son communiqué, qu’en "l’absence de garantie ou d’éclaircissement, la Commune se réserve le droit d’attaquer en référé suspension cette décision devant la justice administrative".

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