Une exploitation bio de Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône) a été ravagée le 8 juillet. Les propriétaires se sont aperçus quatre jours plus tard que leurs parcelles avaient été aspergées de produits chimiques. Des analyses récentes mettent en évidence une quantité importante de glyphosate.
Tristan et Oriane Arlaud vivent un véritable enfer.
Leur exploitation agricole bio à Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône) a été durement saccagée le 8 juillet. 2.000 m² de serres ont été détruits.
Les tomates, les aubergines, les courgettes ou encore les poivrons ont été ravagés.
"Au moins quatre personnes ont lacéré et cisaillé nos serres. Deux tiers de la production sont impactés. Nous avons 6.000 euros de dégâts sur les serres", explique l'agriculteur Tristan Arlaud.
7 kg perdus en 10 jours
Mais le calvaire ne fait que commencer. Quatre jours plus tard, Tristan Arlaud voit une grande partie de ses plantes mourir.
L'agriculteur bio constate à la vue de ce désastre que des produits chimiques ont été aspergés dans les serres.
"Les plantes ont résisté quatre jours. Mais durant ce laps de temps, j'ai travaillé parfois avec un de mes employés dans les serres. Le premier jour, j'ai fait six heures consécutives dedans. Le produit est inodore et incolore donc je ne pouvais pas m'en rendre compte", indique Tristan Arlaud.
Sa santé se détériore alors rapidement. Il perd 7 kilos en 10 jours. L'agriculteur ira même par deux fois à l'hôpital. Il a 8 jours d'Incapacité totale de travail.
"Au bout de deux jours, j'avais moins d'énergie, des nausées, des vomissements. Pendant une semaine, mon cerveau n'arrivait pas à retenir ce qu'on me disait. J'ai été clairement intoxiqué", rapporte Tristan Arlaud.
15 fois la dose règlementaire de glyphosate
Les exploitants agricoles effectuent alors un test sur leurs terres et leurs plantes. La semaine, le résultat est sans appel. Du glyphosate a mis délibérement dans les serres.
"C'est 15 fois la dose autorisée pour un agriculteur normal. Nous n'en utilisons pas comme nous sommes en bio mais seuls les agriculteurs utilisent ce produit dévastateur", souligne l'agriculteur bio.
Six serres sur neuf ont été aspergées. Outre leur santé, les exploitants perdent le bénéfice d'un travail de quinze ans.
"Nous allons repartir sur deux ans pour obtenir à nouveau une conversion en bio", dit Tristan Arlaud.
Au-delà des pertes de production pendant une semaine, les exploitants ont vendu des tomates ou encore des aubergines sans savoir si elles étaient polluées.
"Nous ressentons un peu d'abattement. Il faut que ce genre de crime s'arrête. Mais nous allons continuer tranquillement notre activité", indique Oriane Arlaud.
Une exploitation de 20 hectares
Installés depuis treize ans, ils ont depuis leurs débuts bien grandi, passant de 2 à 20 hectares de production.
"Ce sont des jeunes que nous avons beaucoup aidés à s'installer en bio. Ils sont arrivés en même temps que moi et ils sont dans l'esprit de maraîchage qu'on souhaite développer dans la commune. Nous allons continuer à les soutenir, c'est scandaleux ce qui leur arrive", déclare le maire Jean-David Ciot.
Mais leur évolution ne plaît pas à tout le monde.
Des agissements depuis 2016
Cela fait quatre ans que Tristan et Oriane Arlaud subissent des agissements malveillants.Plusieurs plaintes ont été déposées, toutes ont été classées sans suite par le procureur de la République.
"Ils subissent la jalousie d'agriculteurs voisins. Mais là, ça va plus loin. Il a été intentionnellement intoxiqué. On va mettre un terme à la gentillesse de ces gens-là", affirme Maître Motemps, leur avocat.
Ce dernier a de nouveau déposé plainte.
"S'il n'y a pas d'enquête de police dans les trois mois, nous saisirons le procureur de la République directement. Nous y associerons toutes les plaintes précédentes qui n'ont pas été prises au sérieux", rapporte l'avocat.
Une cagnotte en ligne
Une souscription a été lancée pour soutenir les producteurs.Ces derniers vont essuyer une perte conséquente de leur chiffre d'affaires avec ces dégradations.
"La ferme des Jardins de Paradis est clairement en danger car sa trésorerie ne lui permettra pas de faire face à une telle épreuve. Si nous ne faisons rien, 15 années de travail seront anéanties", selon la personne ayant lancé la cagnotte en ligne.
Ensemble, nous venons d'arriver à couvrir les coûts exceptionnels liés aux dégâts (merci à tous) mais la survie de la...
Publiée par Sebastien Arlaud sur Mercredi 29 juillet 2020