Le phénomène a fait parler de lui au printemps 2022 et on le croyait disparu. Mais plusieurs personnes affirment avoir été victimes de "piqûres sauvages" mercredi 27 septembre, à Martigues lors du concert du Maritima Music Tour.
Ce devait être la fête à la Halle de Martigues mercredi soir, pour le concert du 20e anniversaire du Maritima Music Tour organisé par la radio locale. Mais au cours de la soirée, des spectateurs de la fosse se sont plaints de piqûres sauvages, un phénomène qui avait suscité une certaine psychose dans les soirées. France 3 Provence-Alpes vous détaille que l'on sait des soupçons de piqûres au Maritima Music Tour de Martigues.
Plus de 10 personnes piquées à Martigues
Après des signalements de piqûres suivis d'un mouvement de foule, "les équipes de sécurité ont immédiatement réagi, quant aux équipes médicales, elles ont transporté six personnes à l'hôpital des Rayettes, indique Maritima sur son site depuis jeudi matin. Quatre auraient été piquées dont une présentant une trace de piqûre au genou".
Deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Martigues, selon Maritima, qui a porté plainte contre X.
Le parquet d'Aix-en-Provence a indiqué que des investigations sont en cours de façon à déterminer si elles sont bien les auteurs conformément à la désignation qui en a été faite par les victimes et d'autres personnes qui étaient autour de la victime. Leur garde à vue a été prolongée.
Le nombre de personnes disant avoir été piquées, au départ de quatre selon Maritima, évolue encore. D'après le parquet, le nombre de victimes dépasse vendredi 29 septembre la dizaine.
Pas d'utilisation de GHB d'après les analyses
Une vingtaine d'adolescents et de pré-adolescents se sont présentés ce jeudi au centre gratuit d'information et de dépistage de Martigues. Certains sont des enfants de moins de 12 ans. Plus de la moitié des personnes avait des traces vérifiées de piqûre.
"Je ne sais pas à cette heure-ci s'il y a eu une piqûre d'une aiguille simple, d'une une aiguille avec une seringue, avec des produits toxiques ou avec des virus", explique Erika Kurzawa, chef de pôle des pathologies chroniques au Centre de Martigues et présidente du COREVIH Paca Ouest Corse.
Les premiers éléments cliniques ne sont pas en faveur d'une utilisation de GHB, une drogue de synthèse aux propriétés sédatives et amnésiantes. Des traitements post-exposition pour la prévention du virus du VIH et de l'hépatite B ont été prescrits. Le Dr Kurzawa rappelle qu'une consultation médicale et psychologique est conseillée pour tous les cas de piqûres constatées. Un stress post-traumatique peut apparaître, notamment chez les plus jeunes victimes.
Plus de 2000 plaintes déposées en France en 2022
En 2023, les cas de piqûres sauvages ont été peu nombreux, à peine plus d'une centaine de plaintes ont été comptabilisées sur les six premiers mois, par le ministère de l'Intérieur.
Deux cas ont été rapportés dans les médias dans la région Aix-Marseille cet été. Le 2 septembre, une étudiante de l'Institut d'Etudes Politiques Science d'Aix-en-Provence a dit avoir été victime lors d'une soirée d'intégration, elle a porté plainte.
Un autre cas de suspicion de piqûre a été relevé en août dernier, au Delta Festival qui a accueilli 30 000 personnes par soirée sur les plages de Marseille. "Elle a bel et bien été piquée et des traces de solution chimique ont été retrouvées dans son sang", ont relaté les organisateurs à La Provence.
Le 12 juin, trois personnes ont été victimes lors d'une soirée en boîte à Poitiers.
Plus dans l'année, en mars, plusieurs jeunes femmes ont déclaré avoir été piqûées lors d'une soirée étudiante dans une boîte de nuit à Lille.
Le 12 février, des faits similaires sont rapportés au Carnaval de Dunkerque par quatre participants, la mairie a indiqué qu'une personne avait été interpellée.
En 2022, plus de 2100 plaintes avaient été déposées à travers la France. Les cas s'enchaînent à Lille, Béziers, Nantes, Rennes, Strasbourg, ainsi qu'à Grenoble, Nancy, Lyon, Besançon, Valence ou encore Toulouse.
Le 4 juin 2022, au concert de Jul au Vélodrome, un adolescent de 15 ans a été admis aux urgences de l'hôpital Saint-Joseph après un malaise. La veille, ce sont 21 personnes qui ont porté plainte, se disant victimes de piqûres sauvages au cours du concert de TF1 "La chanson de l'année" sur une plage de Toulon.
Le Var a ainsi été le deuxième département le plus touché en France en 2022 avec 39 cas répertoriés, derrière l'Hérault (53 cas).
Un phénomène encore mystérieux
Apparue dans les concerts, festivals, et autres lieux festifs, l'attaque à la seringue reste un phénomène saisonnier inexpliqué. Les victimes décrivent une douleur, des malaises, des nausées, parfois même des pertes de contrôle. Mais les autorités restent perplexes sur la nature du phénomène et les mobiles des agresseurs.
Pourtant, le ministère de l'Intérieur a indiqué que la plupart des analyses réalisées sur les victimes n'ont pas relevé de substances particulières injectées. La présence de GHB, surnommé « la drogue du violeur » n'a pas été confirmée, selon la Direction de la police nationale (DGPN).
Il est conseillé aux victimes de porter plainte rapidement pour permettre le recueil de preuves par un médecin. Il est également recommandé de se rendre dans les 48 heures dans un service d'urgence, pour recevoir un traitement préventif gratuit contre le risque d’infection (HIV ou hépatite B).