Avec des températures qui dépassent les 35°, les cigales stoppent leurs chants. C'est la conséquence directe de cet été caniculaire. Les projections dans le futur ne sont pas optimistes sur la population de ces insectes dans la région provençale.
"ksssss ksssss kssss", ce petit sifflement, synonyme d'été en Provence est peut-être sur le point de disparaître... Enfin d'évoluer, plus précisément.
D'ailleurs les cigales ne chantent pas mais cymbalisent et seuls les mâles émettent ce son particulier. C'est une sorte de chant nuptial pour attirer les femelles.
Un cycle décalé
"Les cigales chantent en moyenne quatre à six semaines. Et cette année, comme leurs œufs ont éclos très tôt au printemps en raison des températures élevées, leurs chants s'arrêtent actuellement", précise Serge Zaka, agro-climatologue à Montpellier.
Mais ce n'est pas la seule modification constatée cet été. En effet, certains après-midis, la sieste n'était plus rythmée au son des cigales.
Avec le réchauffement climatique, "on a constaté que les cigales ne chantent pratiquement plus l'après-midi quand le mercure dépasse 36 degrés à l'ombre, il fait trop chaud pour elles", explique Serge Zaka.
"C'est la réaction biologique à un stress thermique", détaille l'agro-climatologue, "avec cette chaleur, elles n'arrivent plus à réguler leur température".
Autre changement visible, les cigales s'adaptent à leur environnement et commencent peu à peu à "migrer" vers des départements plus au nord de la Provence par exemple ou même en altitude.
" Avec le changement climatique, il est fort probable de voir la zone de répartition des espèces évoluer, les cigales vont remonter sur la vallée du Rhône plus au nord et chercher l'altitude, des Pyrénées et des Alpes du sud et les Cévennes".
Si depuis quelques jours dans les départements habituels on ne les entend presque plus, "il est encore possible cette année de les écouter vers 800m d'altitude", précise le spécialiste du climat.
Crainte pour les années à venir
Si les cigales et la biodiversité ont l'air de s'adapter au changement climatique d'une manière générale sur le long terme, la crainte se porte sur les générations à venir, à court terme.
En effet, les œufs des cigales sont pondus au pied des arbres, et ensuite les larves vont s'enfouir dans le sol durant plusieurs années.
La sécheresse pourrait provoquer la perte des œufs et des larves, "ce qui aurait pour conséquence une diminution drastique de la population à venir", s'inquiète Serge Zaka, agro-climatologue.