Le maire de Marignane (Bouches-du-Rhône) Eric le Dissès a annoncé vouloir équiper les professeurs de sa commune de bombes lacrymogènes pour pouvoir se défendre en cas d'intrusion dans les établissements. France 3 Provence-Alpes fait le point sur cette annonce et sa possible mise en œuvre.
Dans un courrier adressé au corps enseignant, et révélé samedi 20 janvier, Eric Le Dissès, maire (DVD) de Marignane annonce son intention d'équiper les instituteurs et employés de mairie de bombes lacrymogènes pour assurer leur sécurité.
Alors que l'idée de l'édile fait créé la polémique depuis trois jours, France 3 Provence-Alpes creuse la proposition et sa faisabilité.
Pourquoi le maire veut-il armer les professeurs ?
Eric Le Dissès explique avoir eu cette idée "en visionnant les images de l'attaque d'Arras". On y voyait notamment un membre du personnel se protéger de l'assaillant avec une chaise.
Selon le maire qui s'est exprimé sur BFMTV, "pourquoi pas équiper les enseignants, les professeurs des écoles de cette bombe lacrymogène et d'une alarme pour permettre à l'ensemble de l'établissement d'être informé de cette attaque".
Une proposition pour réagir en cas d'intrusion dans l'établissement et donner l'alerte
Vendredi, dans un collège de #Marignane, un surveillant gravement blessé par 4 élèves !
— Eric Le Dissès (@LeDissesEric) January 22, 2024
En plus du terrorisme, la montée de l'ultra-violence dans la jeunesse menace le personnel.
Leur fournir du spray de défense est le moins que l'on puisse faire, à court terme.
Est-ce que c'est légal ?
Une bombe lacrymogène est "une arme de catégorie D, dont le port et le transport sont interdits sans motif légitime", a rappellé la préfète de police des Bouches-du-Rhône dans un courrier le 20 janvier.
En cas de contrôle, les circonstances sont étudiées au cas par cas, mais le port ou transport d'une arme de catégorie D sans motif légitime est passible d'une sanction de 15 000 euros d'amende et 1 an de prison.
Qu'en pensent les professeurs ?
"Le directeur académique des Bouches-du-Rhône informe que les armes sont interdites dans les établissements scolaires, en effet une bombe lacrymogène est une arme de catégorie D", indique l'académie d'Aix-Marseille.
Du côté des enseignants c'est l'incrédulité qui prédomine.
"Il devrait plutôt protéger les enfants et le personnel en tenant son rôle de responsable des locaux et la santé des personnels et des usagers en luttant contre la bombe à retardement qu'est la présence d'amiante dans les écoles de Marignane (...) qu'il laisse la défense nationale à la défense nationale", a indiqué Myriam Ghedjati, du syndicat Sud Education pour le secteur Ouest Etang Berre à nos confrères de France Bleu Provence.
Qu'en pensent les parents ?
Certains parents interrogés par France Bleu Provence à la sortie des cours ne cachaient pas leur étonnement voire leur incompréhension face à cette mesure. "Exagérée, excessive et radicale", pour certains elle pourrait être "dissuasive" comme le souligne ce père de famille. "Il y a de la violence partout, des jeunes qui peuvent entrer et sauter (dans le collège)."
Pour rappel, le maire dans le cadre de son mandat ne pourrait proposer cette mesure qu'aux écoles primaires et maternelles, les collèges et lycées n'entrant pas dans le champs de ses compétences.
Contacté, Eric le Dissès n'a pas répondu à nos sollicitations.
Qui est ce maire ?
Ce n'est pas la première fois que le maire de Marignane fait parler des écoles de sa ville. En décembre 2022, ce dernier écrivait au ministre de l'Education Nationale (Pap Ndiaye à l'époque) pour signaler sa volonté d'expérimenter le port de l'uniforme à l'école, et la levée de drapeau.
En juin 2023, ce maire DVD ex-LR avait annoncé son rapprochement avec Franck Allisio, RN, lui-même ex-LR dans un communiqué pour "la (re) fondation du RPR en tant que mouvement d’élus et de citoyens souhaitant (…) reconstruire la France, tourner la page du macronisme et faire barrage à l’extrême-gauche Nupes". Une initiative unanimement condamnée par les partis de droite et de gauche.
En septembre 2023, l'édile avait fait passer une note interne qui avait aussi suscité la polémique. Invoquant le principe de laïcité, l’élu exigeait que la viande soit imposée à tous les écoliers prenant leur repas à la cantine. Une décision dénoncée par la CGT et des parents d’élèves.