Simplification des normes, respect des lois Egalim, aides d'urgence… Le Premier ministre a fait une série d'annonces vendredi pour apaiser les agriculteurs. Mais plusieurs organisations appellent à poursuivre les mobilisations.
"On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout le reste", a déclaré le chef du gouvernement, Gabriel Attal, qui se trouvait le 26 janvier dans une exploitation de Haute-Garonne. En réponse aux revendications des agriculteurs, il a annoncé une série de mesures visant notamment à simplifier les normes et faciliter la distribution de certaines aides d'urgence. Après ces annonces, les agriculteurs ont décidé de poursuivre le mouvement. Ce samedi en Provence, certaines routes restent bloquées. À Salon-de-Provence, les agriculteurs s'en sont pris à plusieurs enseignes de grande distribution. Selon la FNSEA des Bouches-du-Rhône et les Jeunes Agriculteurs 13, qui se sont exprimés dans un communiqué commun, les annonces de Gabriel Attal sont des "mesurettes". France 3 Provence-Alpes fait le point sur leurs revendications.
L'annulation de la hausse de la taxe du gazole non routier (GNR)
Le GNR est le carburant destiné, entre autres, aux tracteurs agricoles. Les agriculteurs dénonçaient l'augmentation de son prix, du fait du moindre remboursement d'une taxe à laquelle ils sont partiellement soumis. Le prix du GNR devait encore augmenter pour les prochaines années. Gabriel Attal a promis la fin de cette augmentation et simplification du mode de remboursement de la taxe TICPE. "Parfait, répondent les agriculteurs de la FNSEA des Bouches-du-Rhône et les Jeunes agriculteurs 13, dans leur communiqué commun. Mais ce n'est qu'un dossier superficiel."
Moins de normes sur les haies agricoles
Sur les haies agricoles, Gabriel Attal a promis de passer de "quatorze réglementations" à une seule. Les agriculteurs demandent à avoir davantage de précisions. "Nous nous permettons de rappeler que des dispositifs similaires, nous en avons des centaines et plusieurs dizaines tout aussi ubuesques !"
Une cartographie revue sur les zones humides
Les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture devaient finaliser la cartographie des zones humides et des tourbières à protéger, pour faciliter le déploiement des aides de la politique agricole commune (PAC), en vue de leur préservation. Ces zones, notamment en Camargue, stockent du CO2 et leur destruction menace l'environnement. Mais certains agriculteurs s'étaient inquiétés que la cartographie empiète sur leurs terrains.
Le Premier ministre a annoncé une "pause pour discuter du zonage" de ces zones. Cette annonce ne satisfait pas tout à fait les manifestants des Bouches-du-Rhône, qui écrivent dans leur communiqué : "le département des Bouches-du-Rhône est couvert à 50% en Zone Natura 2000, plusieurs parcs naturels, zone littorale… une multiplication de couches de protection où chacune génère des règlementations spécifiques à mettre en place dans l’exercice d’une activité agricole."
"Le compte n'y est pas", pour certains agriculteurs
Dans leur communiqué commun, les membres de la FNSEA des Bouches-du-Rhône et les Jeunes agriculteurs 13, rappellent avoir "priorisé" 140 dossiers dans l'urgence. Selon eux, "le compte n'y est pas", dans les annonces de Gabriel Attal. "Pas un mot sur les ZNT (zones de non-traitement) cours d'eau", dénoncent-ils. Ces règles empêchent certains traitements à proximité des cours d'eau ou contraignent les agriculteurs à en utiliser des plus chers."Pas un mot sur la pénurie d'emplois agricoles", écrivent-ils, "pas un mot sur la concurrence d’usage du foncier agricole en zone urbaine et périurbaine" ou encore sur la "régulation des nuisibles."
Dans le Vaucluse, les agriculteurs marquent une pause pour reprendre la semaine prochaine
Ce week-end, les agriculteurs du Vaucluse ont décidé de ne pas se mobiliser. Ils ne s'estiment pas pour autant satisfaits par les annonces de Gabriel Attal.
"On a des exploitations, on travaille avec le vivant. Il faut reprendre des forces parce que la semaine prochaine, on remet ça", justifie Sophie Vache, présidente de la FDSEA Vaucluse.
"La mesure d'urgence que nous demandons, c'est de redonner de la trésorerie aux exploitations, parce que les viticulteurs sont à bout", explique l'agricultrice. Pour cela, les viticulteurs demandent une année blanche sur les annuités d'emprunt en 2024. "Les agriculteurs sont à bout et n'ont plus rien à perdre, prévient Sophie Vache. La situation est grave et malheureusement la semaine prochaine ça va empirer."