Ces salariés et sous-traitants de l'aciériste de Fos-sur-mer dénoncent leurs conditions de travail et leur exposition aux polluants, ils demandent la reconnaissance du préjudice d'anxiété.
Ils dénoncent une sur-exposition à des particules fines et des produits cancérigènes. Tous travaillent ou ont travaillé chez ArcelorMittal à Fos-sur-mer. Ce lundi 17 juin, une délégation s'est présentée devant le Conseil des prud'hommes à Martigues pour porter les requêtes de 250 salariés et sous-traitants qui veulent faire reconnaître un préjudice d'anxiété, liée aux conditions de travail. Ils pointent de nombreux dysfonctionnements au sein de l'entreprise, concernant notamment la protection des ouvriers à l'exposition à des produits toxiques, les cancérogènes mutagènes reproductifs (CMR).
"C'est une action inédite dans la région, et importante", a expliqué à France 3 Provence-Alpes Me Julie Andreu, leur avocate. On espère que cette action devant le conseil des prud'hommes va un petit peu de nouveau pointer du doigt les difficultés rencontrées par les salariés et que la société prenne ses responsabilités et agisse".
Il est important aujourd'hui que les salariés agissent pour que les conditions de travail de demain s'améliorent.
Me Julie Andreu, avocateFrance 3 Provence-Alpes
Les salariés demandent 35 000 euros de réparation chacun
Deux syndicats soutiennent les salariés dans cette procédure. Ils dénoncent l'attitude désinvolte de la direction dArcelorMittal, malgré des mesures de protection prises récemment. "Aujourd'hui, on a une exposition qui a été avérée, même si des mesures ont été mises en place, elles ne sont pas à la hauteur des expositions et des produits cancérigènes notamment sur la polyexposition de tous ces produits", estime Olivier Delot, élu CGT CSE ArcelorMittal Fos-sur-mer. Cette action en justice pourrait permettre aux salariés de reconnaître un préjudice d'anxiété qui ouvre droit à une indemnisation. Ils demandent 35 000 euros en réparation.
"Des salariés ont quitté la société et aussi des anciens, qui essaient de faire reconnaître ça, qui sont malades, et qui essaient de faire valoir leurs droits", indique Nordine Laimeche, délégué du syndical CFDT ArcelorMittal Fos-sur-mer. "On sait très bien qu'aujourd'hui les maladies ne sont pas encore intervenues compte tenu de ces expositions récentes, mais dans l'avenir, dans quelques années en effet, on pourrait avoir de nombreuses pathologies d'origine professionnelle", souligne par ailleurs Me Andreu.
Des mises en demeure de l'inspection du travail
En février dernier, l'inspection du travail a fait une visite sur le site fosséen et constaté des fumées et des vapeurs flottant dans l'air dans certaines parties de l'usine et dans d'autres endroits, la présence excessive de poussières, y compris dans les bureaux et les salles de contrôle. Deux mises en demeure ont été adressées à la direction pour demander l'aération et l'assainissement des locaux. ArcelorMittal indique avoir mis en œuvre un plan de protection composé de 80 actions, donnant "déjà des résultats positifs". Concernant les mises en demeure, un recours a été déposé auprès du directeur régional du travail.
En juin 2023, l'inspection du travail avait déjà requis la fermeture de l'usine de Fos-sur-mer, en raison de niveaux d'exposition trop élevés des salariés à des produits toxiques et des poussières, ainsi que de mesures de protection"insuffisantes".