Rendez-vous très attendu en préfecture à Marseille, ce vendredi, RTE a dévoilé le fuseau de "moindre impact" retenu pour son projet de ligne aérienne à très haute tension (THT) de 400 000 volts qui reliera Jonquières-Saint-Vincent (Gard) à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) à l'horizon 2028.
En l'état, ils n'en veulent pas. Riverains, agriculteurs, écologistes, élus... ils sont venus une nouvelle fois dire "non" à la future ligne aérienne THT qui doit relier le site industrielo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Jonquières Saint-Vincent (Gard) d'ici à 2030. Sur 65 km, elle traversera les territoires de la Crau, du Pays d'Arles, de la Camargue, et de la Terre d'Argence. Des zones riches en biodiversité. Une réunion de concertation s'est tenue pendant deux heures en préfecture, à Marseille, ce vendredi 27 septembre, en présence du maître d'ouvrage RTE et de Christophe Mirmand, préfet coordinateur du projet.
Le fuseau de passage par l'ouest retenu
Le préfet Mirmand a présenté le choix du fuseau "de moindre impact", retenu "en tirant les conséquences et les conclusions de toute la démarche de consultation" conduite entre fin 2023 et le premier semestre 2024. Le fuseau choisi contourne Arles par le sud et l'ouest et remonte par le Gard jusqu'à Jonquières.
Pour Réseau de Transport d'Electricité (RTE) qui porte le projet, l'objectif est d'assurer la consommation d'électricité, qui va doubler d'ici 2030, dans le cadre de la décarbonation la zone industrielle et portuaire de Fos-sur-Mer.
Sans surprise, le tracé choisi ne satisfait pas les opposants, certains ont signifié leur mécontentement en quittant la réunion avant la fin.
Voici le tracé de la ligne à très haute tension 400 000 volts, pylônes de 60 mètres, que @rte_france et @Prefet13 veulent installer dans la plus grande zone humide d’Europe, corridor de migration des oiseaux.
— Sebastien Mabile (@SebastienM) September 14, 2024
La #Camargue est en danger de MORT ! pic.twitter.com/KHZXllTwrn
"Un schéma des années 70"
"Ça a été assez court, on a signifié notre désaccord avec ce projet, qui sur le fond est bien parce que c'est une décarbonation, et nous les agriculteurs, on est grandement touchés par le changement climatique, a déclaré à la sortie un participant, le problème, c'est qu'on nous propose un schéma des années 70 avec des fils, avec des machins... il n'y a rien de novateur et on ne peut pas l'accepter".
Depuis le lancement de la concertation publique fin 2023, RTE se heurte à l'opposition déterminée des habitants des zones concernées, 24 associations locales se sont regroupées au sein du Collectif STOP THT 13-30.
"Ce qui nous inquiète le plus avec ce projet, c'est le passage en force qui est actuellement mené, a estimé pour sa part Isabelle Gex, vice-présidente du collectif des riverains Arles Plaine de La Crau, interrogée dans le 12-13 de France 3 Provence-Alpes.
Un projet mené "à la hussarde"
"Ce projet a reçu une opposition unanime, soudée de la part du monde agricole, du monde associatif, des gestionnaires de parcs et de réserves, de l'intégralité des élus de tous bords politiques, du monde de la culture, des organismes de tourisme et 35 000 pétitionnaires... et on ne nous écoute pas", souligne-t-elle.
Présent autour de la table parmi les opposants, le maire d'Arles Patrick de Carolis venu exprimer lui aussi "l'incompréhension que nous éprouvons sur ce projet". "On essaie d'étrangler notre pays d'Arles et ça on ne peut pas l'admettre, donc nous sommes solidaires de tous les acteurs de ce territoire", a réagi le maire d'Arles, dont les deux tiers du territoire camarguais seront impactés par cette ligne.
"Depuis 70 ans, nous faisons énormément d'efforts pour tenir notre territoire en matière de tourisme et d'agriculture, d'environnement, de patrimoine... et patatra, du jour au lendemain, à la hussarde, on nous piétine", ajoute l'élu.
Nous sommes déterminés à ne pas nous laisser faire et à faire en sorte qu'on trouve des solutions d'enfouissement pour permettre à nos agriculteurs de vivre de leur terre et au tourisme d'accueillir le monde entier sur notre territoire.
Patrick de Carolis, maire d'ArlesFrance 3 Provence-Alpes
D'autres réunions de concertation à venir
Principal grief : l'impact sur l'environnement, près de 150 pylônes prévus, mesurant environ 50 mètres de haut, l'équivalent d'un immeuble de 15 à 20 étages selon les opposants. La ligne traverserait la réserve de biosphère de Camargue, deux sites de zones humides d'importance internationale, 21 sites classés Natura 2000, deux parcs naturels régionaux (Camargue et Alpilles), trois réserves nationales (Crau, Vigueirat et Camargue), quatre réserves régionales (Ilon, Poitevine, Pourra, Tour du Valat)
Le collectif a présenté des solutions alternatives d'enfouissement, qui n'ont pas été retenues par RTE. Une pétition en ligne a recueilli à ce jour plus de 31 000 signatures.
"Nous ne sommes pas au terme de la procédure, d'autres consultations, d'autres travaux et d'autres expertises interviendront", avant le début de l'enquête publique "en respectant l'échéance de 2028 pour le début des travaux et la livraison des ouvrages d'ici à la fin de la décennie", a souligné le préfet. "Une première victoire" pour le maire d'Arles et les élus des communes concernées.