Une nouvelle étude sur la pollution indusrielle à Fos-sur-Mer pointe une "surimprégnation" des habitants à trois polluants. Si les seuils réglementaires ne sont pas dépassés, elle s'interroge cependant sur un éventuel "effet cocktail".
Après une étude soulignant la prédominance de cancers dans la population de Fos-sur-Mer, et une autre montrant des traces de polluants dans la chaîne alimentaire, voici que l'étude Index pointe cette fois la "surimpregnation" des Fosséens à trois polluants "typiques des émissions industrielles. "
L'étude visait à établir le cheminement des polluants et les conditions dans lesquelles ils franchissent la barrière de l'organisme. Elle a recherché la présence de 50 substances dans le sang et les urines des habitants de Fos-sur-Mer particulièrement exposés à la pollution générée par l'activité industrielle de l'Etang de Berre, l'une des plus importantes zones industrielles d'Europe.
Plomb, furane et benzène
"Les habitants de Fos-sur-Mer ne sont pas globalement plus imprégnés que ceux de la zone témoin, sauf pour trois polluants spécifiques, typiques des émissions industrielles", le plomb, deux furanes (polluant rattachés aux dioxines) et le benzène, résume l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions (IECP) qui est à l'origine de cette étude. Le panel était constitué de 138 volontaires de 30 à 65 ans, répartis en deux groupes afin de pouvoir comparer les résultats: 80 habitants de Fos et 58 résidents d'une zone témoin (Saint-Martin-de Crau), située à 20 kilomètres. Les analyses ont été faites entre septembre et novembre 2016.
Le maire de Fos-sur-Mer René Raimondi a participé à la présentation des résultats de l'étude, lundi soir dans sa commune, il partage l'inquiétude de ses administrés :
Présentation de l'étude Index de l'Institut Ecocitoyen hier soir à #fossurmer. L'imprégnation humaine à différents polluants a pu être démontrée. Merci aux scientifiques de jouer le rôle de lanceurs d'alertes et de nous permettre d'alerter, encore une fois, les pouvoirs publics. pic.twitter.com/V8MQarg8F6
— René RAIMONDI (@ReneRaimondi) 29 mai 2018
Jardinage et PCB
L'étude montre aussi que, outre la surexposition à trois polluants liée à l'inhalation,
Les PCB sont considérés comme cancérigènes, comme le cadmium dont les taux se sont également révélés plus importants parmi les participants consommant des légumes produits dans un potager situé à Fos que chez ceux de la zone témoin.le fait de jardiner dans la zone exposée entraîne des niveaux d'imprégnation supérieurs en PCB-DL par rapport à la même pratique en zone témoin.
Effet coktail mal connu
"Bien que les teneurs restent en dessous des seuils, la diversité des polluants présents pose toutefois la question de l'effet cocktail, encore mal connu par la recherche", s'interroge l'étude. Des études atmosphériques ont également été menées, confirmant que la commune est plus exposée aux polluants que la zone témoin. L'étude Index est consultable en ligne.