La centrale thermique de Gardanne (Bouches-du-Rhône), dont la mise en route a été perturbée par des conflits sociaux liés à sa transition du charbon à la biomasse, a redémarré jeudi, a annoncé vendredi son propriétaire, la société GazelEnergie.
"Le redémarrage de la tranche biomasse souligne la détermination de l'entreprise à faire de la centrale de Provence un exemple de transition énergétique du charbon vers la production d'énergies décarbonnées", s'est félicité dans un communiqué Jean-Michel Mazalerat, président de GazelEnergie.
La France, qui mise sur son énergie nucléaire, a décidé de fermer ses quatre centrales thermiques alimentées au charbon. Le site de l'ancien bassin houiller de Gardanne-Meyreuil a choisi de se convertir à la biomasse en alimentant sa chaudière au bois.
"A pleine puissance", l'unité de 150 mégawatts pourra produire "l'équivalent de la consommation des ménages de la ville de Marseille" (860.000 habitants), avance la direction. Mais il faudra attendre pour cela que la centrale ait fonctionné à pleine puissance pendant "quelques mois" pour être considérée comme totalement opérationnelle.
Une phase jamais atteinte depuis les premiers tests réalisés en 2016 sur le nouveau mode de fonctionnement en biomasse de la centrale.
"On espère y arriver cette année", a commenté à l'AFP une porte-parole de GazelEnergie, expliquant que la phase la plus délicate qui consiste à coupler la centrale au réseau d'électricité, après la mise en service de la chaudière principale, avait parfaitement fonctionné.
Opposition des syndicats
Depuis sa reprise en 2019 par GazelEnergie, une filiale du groupe tchèque EPH, à l'ancien propriétaire Uniper, l'usine n'a fonctionné que trois semaines en juillet 2021 avant de devoir à nouveau s'arrêter en raison d'une grève à l'appel de la CGT, syndicat majoritaire dans l'usine.
Au centre du conflit social: le coût social de la reconversion de l'usine dans laquelle 300 millions d'euros ont été investis.
"Au début le plan social prévoyait 98 suppressions de postes. Il y a eu depuis 40 départs volontaires, 11 reclassements du charbon vers la biomasse. Il reste aujourd'hui entre 40 et 50 licenciements contraints", explique GazelEnergie. La société s'est engagée à réembaucher les salariés restants qui auront acquis les compétences nécessaires après des formations dans les nouveaux projets du groupe sur le site.
Le propriétaire du site avait notamment présenté en septembre un projet reposant sur la production d'hydrogène vert et de carburant de synthèse renouvelable, qui permettrait la création de 50 emplois et pourrait être mis en service en 2026.
Historique du projet biomasse
Deux cent cinquante millions d'euros avaient été investis par le groupe énergétique allemand EON pour transformer l'unité 4 de la centrale à charbon en centrale biomasse. Sa filiale, Uniper, indépendante avait pris la suite. Le projet prévoyait de brûler 855.000 tonnes de bois par an pour une puissance de 150 MW détaillait le projet en 2016.
Ecologistes et scientifiques redoutaient les répercussions de ce projet gigantesque , avec 2.500 tonnes de bois consommées par jour, sur la forêt régionale. Ils regrettaient l'absence de toute étude d'impact sur la biodiversité ou la raréfaction du bois.
Pour répondre aux inquiétudes, le plan d'approvisionnement de la centrale avait revu à la baisse le tonnage en bois local: 83.000 tonnes par an contre 331.000 prévues dans un premier temps.
Plusieurs recours avaient été déposés et étudiés par le tribunal administratif de Marseille.