Importations de tomates marocaines, des producteurs dénoncent une concurrence "déloyale" "J'ai dû jeter de la marchandise"

Plusieurs syndicats agricoles des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse se mobilisent, ce vendredi, pour dénoncer une concurrence des importations de tomates marocaines dans les rayons des grandes surfaces. Une concurrence qu'ils jugent déloyale.

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"Mi-août, le marché n'était pas bon. J'ai dû jeter de la marchandise", se souvient, amer, un producteur de tomates, installé dans le nord des Bouches-du-Rhône. Une perte de "38 tonnes" sur l'année, souligne l'agriculteur qui préfère garder l'anonymat.

"La tomate est un produit particulièrement périssable. S'il n'est pas acheté par les grandes surfaces dans les quelques jours qui suivent la récolte, nous ne pouvons pas le valoriser...". Les produits partent alors vers des œuvres caritatives, tient à préciser l'exploitant ; "ils ne sont pas vraiment jetés".

Notre production devient de moins en moins rentable.

Un producteur de tomates

Il n'empêche. "Ce sont des revenus en moins. Avec l'augmentation des coûts de l'énergie, les emballages qui ont flambé de 25%..., notre production devient de moins en moins rentable", s'agace celui qui produit des tomates depuis plus de 20 ans.

En août, l'ensemble de la filière "tomate" a connu des jours difficiles, évoque l'intersyndicale "Légumes de France", qui annonce une action, ce vendredi 9 septembre à Saint-Martin-de-Crau ou Arles, pour "dénoncer la sur-représentation de tomates d’importations marocaines dans les rayons des grandes surfaces et la faiblesse réglementaire portant sur l’information consommateur sur l’origine de ces produits".

Ces dernières semaines, de nombreux producteurs ont échoué à écouler leur récolte, faute de ventes suffisantes. 

Entre surproduction et pénurie

En cause, selon l'intersyndicale : la concurrence "déloyale" des tomates marocaines, sur les étals des supermarchés. Elles représenteraient 63 % des volumes importés, sur le marché français, dont une large partie en pleine saison de production française.

De mars à août 2021, 130.000 tonnes de tomates marocaines auraient ainsi été importées dans l'hexagone.

La tomate cerise - produit largement plébiscité par les consommateurs, et dont la durée de conservation est relativement longue - cristallise cette problématique. Le Maroc est passé "d’un volume d’exportations vers l’UE de 300 tonnes par an en 2005 à 70.000 tonnes par an en 2020", dénonce l'intersyndicale.

Sous l'effet des fortes chaleurs, les agriculteurs ont par ailleurs alterné entre surproduction et pénurie, cet été. Ils ont dû faire face, "d’une part, à une forte hausse de l'offre de tomates, en raison du décalage du pic de production, et d’autre part, à une forte présence de tomates dans les jardins potagers dans certaines régions, limitant les achats en rayons", explique encore "Légumes de France". 

Les Bouches-du-Rhône, premier producteur de tomates de France, avec 138.900 tonnes vendues en 2018, selon la Draaf, sont par ailleurs en première ligne.

La FDSEA 13 et les Jeunes Agriculteurs des Bouches-du-Rhône se joignent donc à cette opération nationale intitulée "Importations de tomates marocaines : halte à la concurrence déloyale !".

Une provenance "pas toujours bien identifiable"

L'idée est d aller à la rencontre des consommateurs et des revendeurs, pour les inciter à privilégier les produits français. Car depuis quelques semaines, "nous observons une recrudescence de produits en provenance du Maroc, sur les étals des supermarchés", dénonce un autre producteur bucco-rhodanien. Une origine "pas toujours bien identifiable" par le consommateur, selon eux.

Car si les normes d'étiquetage sont la plupart du temps respectées par les revendeurs, "elles sont insuffisantes", estiment-ils.

La réglementation européenne impose "une mention égale ou supérieure à 1,2 mm" sur les barquettes de tomates cerises. "Ce n’est pas assez pour que le consommateur puisse clairement identifier l’origine marocaine", estime encore "Légumes de France".

Des coûts de production plus faibles

Il y a deux ans, la filière tomate a donc créé une référence pour ce produit, "les 200g à 99 centimes, sur les étals". Mais "nous constatons aujourd'hui que c'est insuffisant... Les tomates marocaines sont vendues 99 centimes les 250g", au consommateur, déplore l'exploitant.

Bénéficiant de coûts de production plus faibles - une main d'œuvre moins chère, des charges moins élevées - les producteurs marocains se livreraient à une guerre des prix, selon l'intersyndicale. "Au Maroc, le salaire minimal brut horaire est de 0,69€, soit un coût employeur de 0,74€. L’écart avec la France est de 12,40 € !".

La filière réclame en premier lieu un affichage "plus visible pour les consommateurs français" : "une impression du drapeau du pays producteur, ou de la provenance, avec une hauteur de 15 mm minimum", "sur la face supérieure de l’emballage du produit".

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