ITER : où en est-on à Saint-Paul-lez-Durance ? Le point sur ce défi technique et scientifique pour essayer de recréer l’énergie du soleil avec la fusion nucléaire.

On en parle depuis 1985… il a fallu 20 ans pour se mettre d’accord sur le lieu et créer l’organisation Iter. 60 convois exceptionnels sont déjà passés par nos routes… A Saint-Paul lez-Durance, le chantier exceptionnel réalisé à 85% touche à sa fin. Les essais sont programmés.

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Chantier pharaonique et défi planétaire

ITER a été lancé pour construire le plus gros "Tokamak" du monde pour essayer de reproduire l’énergie du soleil, énergie à profusion et gratuite, alternative rêvée aux énergies fossiles polluantes. Un défi relevé par l'alliance de 35 pays (l'Europe et les Etats-Unis, l'Inde, le Japon, la Chine, la Corée du Sud et la Russie). Budget estimé : 20 milliards d’euros.

Iter est installé près du CEA de Cadarache, mais le terrain de 180 hectares, concédé par la France, est à part. Bienvenue en zone internationale, personne ne peut y pénétrer sans autorisation sauf les inspecteurs de l’ASN, l’autorité de sûreté nucléaire… Sur place 1 200 salariés de 35 nationalités qui paient leurs impôts à Iter. La langue officielle : l'anglais.

Lorsque vous pénétrez dans la zone,  tout semble démesuré. Pour accéder à l'un des 40 hangars, il faut d'abord revêtir casque, blouse, chaussures de sécurité, gants et souvent, des sur-chausses, car l'atmosphère est contrôlée...

Un gigantesque laboratoire

En ce moment 4 000 personnes travaillent sur le site, et 400 sous-traitants. Le défi : reproduire l'énergie du soleil en recréant la fusion nucléaire, à ne pas confondre avec la fission... Robert Arnoux, responsable communication ITER Organization rappelle que :

Iter est un vaste laboratoire, il n’y aura jamais de fabrication d’électricité.

Pour prendre la mesure du projet, la visite commence par le hangar d'assemblage, il reste encore l'un des 9 gigantesques modules du Tokamak, et on distingue à peine les ouvriers en train d'y travailler... Robert Arnoux essaie de mettre une échelle de valeur :

C'est 1 200 tonnes par module soit 4 Boeing 707...

   

Le plus grand mecano du monde

1 million de pièces à assembler... Au millimètre près ! Elles arrivent par bateaux, par convois exceptionnels et parfois sont fabriquées sur place. Le chantier est donc titanesque...

Juste à côté du hangar d'assemblage, derrière des murs de protection en béton nucléaire de 4 mètres d’épaisseur, nous pénétrons dans "le Saint des Saints" : 

C'est là, où on aura un petit soleil 10 fois plus chaud que le cœur de notre soleil !

C'est le cœur du Tokamak, où la fusion aura lieu, où le plasma sera créé. Une chambre à ultra-vide de 100 000 m3 !  C'est le défi à l'horizon 2025 pour les premiers essais, réaliser la fusion de l’hydrogène à grande échelle en 2035. Il n'y aura pas déchets nucléaires de longue vie générés selon les experts : Seules les pièces irradiées seront changées, la structure restera…  

Ce sont des déchets de courte de vie, de l'ordre de 1 à 2 générations, on ne parle pas ici de déchets radioactifs de 1 million d'années.

Alain Becoulet Chef de division Ingénierie ITER

Des retombées économiques régionales

Iter, c’est plus de 4 milliards d’euros de contrats attribués à des entreprises de la région PACA.

400 sous-traitants, dont la CNIM de la Seyne-sur-mer, dans le Var. 50 personnes fabriquent en ce moment le plus gros électro-aimant du monde, 24 mètres de diamètre. Là aussi, un hangar a été spécialement construit pour le fabriquer sur place.

Recherches sur la fusion

La fusion est un vaste réseau de chercheurs dans le monde. Chacun fait des essais, à petite échelle, il existe même un petit Tokamak chez leur voisin du CEA de Cadarache. Sur place à Iter déjà 25 physiciens chercheurs. Ils travaillent avec les laboratoires partenaires et avec les résultats d’expérience de plus de 200 petits tokamaks.
Alberto Loarte, chef de division Science Iter est enthousiaste : l'objectif est d'intégrer toutes les avancées en un seul lieu, ici :

Nous allons embaucher 200 chercheurs pour créer la plus grande page de l'histoire de la physique !

Le projet Iter lancé en 1985 entre Reagan et Gorbatchev, à la fin de la guerre froide, prend une autre dimension à l’heure du conflit en Ukraine… Pour l’heure, la collaboration continue avec la Russie, qui doit livrer des éléments importants cette année… Mais de nouveaux retards sont à craindre après ceux liés à la pandémie.     ITER en latin signifie chemin… Le bout du chemin était prévu en 2035.  

Retrouvez le reportage de France 3 Provence Alpes :

. ©Mariella Coste et Xavier Schuffenacker / FTV
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