Avoir des enfants, être en couple, avoir un job stable : dans Sultana l'hétéronormativité est questionnée. Lili Sohn nous a donné rendez-vous dans son atelier à Marseille.
La Bonne Mère, la plage des Catalans ou encore le parvis de la gare Saint-Charles. Dans "Sultana", le dernier ouvrage de Lili Sohn "Marseille est un personnage de la bande dessinée", affirme l'autrice.
C'est dans un décor rose fluorescent, imaginé par l'illustratrice Elodie Lascar, que l'héroïne de la BD, Sarah, 35 ans, se questionne.
"On avait envie d'écrire une fiction sur une femme qui subit la pression de l'hétéronormativité : avoir des enfants, être en couple, avoir un job stable, détaille Lili Sohn. On voulait apporter un peu d'apaisement sur ces questions-là, montrer que dans l'accomplissement de soi il y a beaucoup de bonheur."
"Je pars de mes expériences de vie pour développer mes histoires"
Cela fait dix ans que Lili Sohn et Elodie Lascar se sont installées dans la cité phocéenne. Une ville qui les inspire : "A Marseille, il y a une certaine liberté du fait qu'il y ait la plage, qu'il fasse chaud, on voit beaucoup de corps, explique Lili. Dans la BD, la ville était un moyen de montrer pleins de corps différents et d'aller au-delà du stéréotype du corps unique".
C'est dans son atelier boulevard des Dames que Lili Sohn crayonne, imagine et donne vie à ses personnages. "Je fais de l'autofiction, confie-t-elle un pinceau à la main. Je pars de mes expériences de vie pour développer mes histoires." Pour "Sultana", par exemple, l'autrice raconte s'être inspirée "de mes amis et de ce que j'entends autour de moi".
Pour Lili Sohn, "parler de l'intime c'est universel"."Je pense que parler de choses personnelles auxquelles on pense souvent dans notre coin et de les dire à haute voix, ça soulage beaucoup de monde", poursuit-elle.
L'autrice a déjà publié six ouvrages. Parmi eux, "La guerre des tétons" en trois tomes qui "relate mon expérience du cancer", écrit-elle sur le réseau social Instagram ou encore "Partir" qui revient sur ses aventures sur les chemins de Compostelle.
Lili Sohn écrit aussi ce qu'elle a envie de lire."J’ai envie de me reconnaître dans les récits, j'ai envie d'héroïnes, de récits intimes de femmes, conclut-elle. J’ai envie d'une parole féminine et d'une parole qui me correspond."