80 ans du débarquement en Provence : le combat de Philippe Nathalie pour montrer que "les gendarmes n'étaient pas des collabos"

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Un ancien major de la section de recherche de la gendarmerie de Marseille souhaite, à travers ses documentaires, revenir sur un aspect méconnu de l'occupation : comment les "képis" sont entrés dans la résistance. ©"Provence 44" / France Télévisions

Cet ancien major de la section de recherche de la gendarmerie de Marseille souhaite, à travers ses documentaires, revenir sur un aspect méconnu de l'occupation : comment les "képis" sont entrés dans la résistance.

Après un mois de mai 1944 tragique, où les bombardements de l'US Air Force visant des sites stratégiques de la Wehrmacht ont causé près de 3 000 morts en Provence, c'est la grande désillusion au mois de juin.

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Le débarquement en Provence, qui devait intervenir en même temps que celui de Normandie pour ouvrir un second front dans le sud de la France, a été reporté. À la place, c'est une répression féroce de la Wehrmacht et de la milice qui démarre. 

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Des réseaux entiers de résistants sont décapités. Le bilan est très lourd, plus de 500 victimes, mais il aurait pu être encore plus terrible sans l'action de résistants qui portaient des képis ! 

"Bon nombre de gendarmes ont fui leur unité"

Philippe Natalini, avec son association Provence 44 productions, est l'auteur de plusieurs films racontant des faits d'armes importants à propos de la libération de la Provence. Aujourd'hui, cet ancien major de la section de recherche de la gendarmerie de Marseille a enquêté à propos d'un passé méconnu : celui de gendarmes qui ont décidé de retourner leurs képis contre le régime de Vichy et qui ont déserté pour devenir résistants pendant l'année 1944 et particulièrement dans le Var.

"Le 6 juin 44, bon nombre de gendarmes ont fui leur unité en emportant avec eux leur armement, pour certains, leur machine à écrire, différents documents secrets qu'ils n'ont pas laissés à la disposition de l'occupant allemand, explique-t-il. Et bon nombre d'entre eux ont intégré des maquis et avaient en charge de former des groupes en capacité de faire des coups de feu en capacité d’épauler les différentes unités alliées qui étaient censés à l'époque débarquer et arriver sur ces territoires-là…"

En choisissant de raconter les destins de gendarmes varois qui se sont souvent achevés de manière tragique, il apporte aussi la preuve d'une mobilisation méconnue et souhaite en finir avec des préjugés injustes concernant les gendarmes sous l'occupation allemande.

"Officiellement, 12 500 gendarmes ont été reconnus comme résistants actifs"

"Les pourcentages que l'on constate en Provence-Alpes-Côte d'Azur et dans le Var sont répercutables à l'ensemble des départements français, analyse Philippe Natalini. Si on se base sur les chiffres, sur 44 000 gendarmes à la fin de l'année 1944, courant de l'année 1945, officiellement, 12 500 gendarmes ont été reconnus comme résistants actifs, c'est-à-dire plus d'un quart de l'effectif."

"Je ne parle pas de ceux qui ont fait ce que j'appelle de la résistance passive, indique le spécialiste. Parce qu'ils avaient eu vent que les Allemands allaient débarquer un matin chez untel ou untel, la veille au soir, ils allaient taper aux volets en disant : ‘Cassez-vous de là, demain, il ne faut pas que vous soyez là !’ Ceux-là n'ont pas été reconnus. Les gendarmes n'étaient pas des collabos et j'en veux pour preuve ce chiffre 500 gendarmes morts au nom de la résistance…"

Un message à transmettre aux plus jeunes

Dans le village de Claviers et ses environs, Philippe Natalini achève les dernières séquences pour révéler des actions importantes des gendarmes varois aux côtés des résistants. Et comme dans ses deux précédents films, sa réalisation est motivée par une volonté de transmission de l'histoire locale souvent passée sous silence.

"Aujourd'hui, les gamins et les jeunes, la lecture, ce n'est pas leur truc, regrette-t-il. En revanche, l'image, c'est leur truc. Donc avec un groupe de passionnés comme moi, on a décidé de monter une association et de raconter ces histoires. Parce qu'il n'y a pas de support vidéo qui parle spécifiquement de ces histoires du débarquement de Provence et de la Résistance en Provence."

"D'autant plus que tous les jeunes à qui l'on présente et avec lesquels on échange à l'issue des projections sont très intéressé et sont embarqués dans ces histoires et découvrent ce qu'il s'est passé à l'endroit même où ils grandissent, où ils sont nés, où ils évoluent", conclut-il.

>> "Provence 44" : retrouvez tous les épisodes de notre web série sur le débarquement en Provence sur france.tv

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