La chasseuse de 17 ans à l'origine de la mort d'une randonneuse le samedi 19 février dans le Cantal a été mise en examen pour homicide involontaire et placée sous contrôle judiciaire. L'affaire relance le débat entre pro et anti chasse sur les réseaux sociaux.
La mort d'une jeune femme de 25 ans, tuée par une balle perdue tirée lors d'une battue aux sangliers dans le Cantal relance le débat sur l'impossible cohabitation entre usagers de la nature et chasseurs
Très actif sur les réseaux sociaux, le naturaliste Pierre Rigaux, qui milite pour l'abolition de la chasse, a recensé des commentaires virulents de chasseurs après le décès de la randonneuse.
"Putains de promeneurs", "quelle idée de venir se balader un jour de chasse", "ils n’ont qu’à mettre des gilets fluo", "certains promeneurs cherchent les problèmes", "faut juste interdire les promeneurs le week-end"....
Son tweet a été partagé plus de 3200 fois.
"C'est quand même fou que pour une minorité de chasseurs, on en vienne à finalement interdire l'accès à la nature aux promeneurs, la nature est à tout le monde", a réagi Nathalie Morand porte-parole Europe Ecologie-Les Verts Paca.
Les chasseurs représentent 1,5 % de la population rappelle la porte-parole écologiste, dont la moitié est à la retraite. "Ce n'est que l'autre moitié qui serait empêchée de chasser le week-end", précise-t-elle.
"C'est une proposition forte du candidat [Yannick Jadot, NDLR], qui est plébiscitée par la population française, constate Nathalie Morand, trois Français sur quatre en zone rurale disent qu'ils évitent de sortir le week-end pour ne pas se prendre une balle".
"Ce n'est pas normal d'avoir peur!".
Le candidat écologiste à l'élection présidentielle a promis d'interdire la chasse les week-ends et les vacances scolaires. Sur son compte Twitter, Yannick Jadot parle d'"urgence" et appelle à réglementer l'activité.
Selon l'écologiste, il y a eu 421 décès en 20 ans et plus de 3.000 accidents liés à la pratique de la chasse en France.
"On a régulièrement des drames qui surviennent alors que les gens sont dans leur jardin, en train de faire du vélo ou dans leur voiture, ça dépasse le cadre de se promener dans la forêt".
"C'est un vrai problème de société, on a des gens qui meurent parce qu'il y a des balles qui se perdent, le fait de proposer qu'au moins le week-end et pendant les vacances scolaires, il n'y ait pas de chasse, c'est une manière de pouvoir cohabiter en permettant à la chasse d'exister et en permettant aux gens d'être protégés".
Nathalie Morand souligne que la chasse toute la saison est "une exception française" en Europe. Chez nos voisins britanniques, italiens, suisses, espagnols ou encore portugais, des jours de non-chasse ont été instaurés.
Des promeneurs qui "ne respectent pas les panneaux de battue"
Pour Jean-Pierre Caujolle, vice-président de la fédération Paca, c'est un faux débat qui ne fait que "monter les Français les uns contre les autres".
"Sur les domaines publics de l'ONF, et les parcs naturels, la chasse est règlementée, on ne chasse déjà pas le week-end", fait-il remarquer.
La battue est "la seule chasse problématique", selon Jean-Pierre Caujolle, "dans les autres chasses, les accidents avec les promeneurs, c'est zéro".
Un chasseur chasse soit sur des territoires qui lui appartiennent ou qu'il loue, c'est comme s'il chassait dans son jardin.
Jean-Pierre Caujolle, vice-président fédération de chasse Paca
Pour lui, le problème vient donc des promeneurs qui "ne respectent pas les panneaux de battue en se disant que la nature est à tout le monde".
Le chasseur raconte ainsi que récemment sur une propriété privée fermée, il "s'est retrouvé avec deux VTTistes en plein milieu de la battue qui avaient franchi la barrière, des fous furieux".
Il souligne qu'en battue les carabines, qui ont des grosses portées, sont "dangereuses, qu'il y a des ricochets ou des balles qui ne se plantent pas dans le sol et qui vont plus loin que prévu".
"C'est pour ça qu'on a des angles de tir et qu'on doit savoir exactement où se trouvent les personnes dans l'enceinte de la battue, pour éviter les accidents", insiste Jean-Pierre Caujolle.
Les battues, c'est 10 % du territoire national, il reste donc 90 % pour se promener.
Jean-Pierre Caujolle, vice-président fédération de chasse Paca
Le vice-président de la fédération Paca travaille d'ailleurs avec les clubs sportifs pour faciliter la cohabitation. Il reconnaît aussi que "s'il y a des chasseurs qui continuent à ne pas comprendre qu'ils se promènent dans la nature avec une arme chargée et dangereuse, il faut nous les identifier et nous les signaler".
"Ces gens-là, faut s'en débarrasser c'est tout, c'est une minorité qui discrédite l'ensemble du monde la chasse", tranche Jean-Pierre Caujolle.
"On a fait d'énormes efforts depuis 20 ans, on a divisé par 10 le nombre d'accidents", ajoute-t-il.
Selon les données de l'Office français de la biodiversité, depuis 1999, le nombre des accidents de chasse a baissé de 41 % en France, passant de 232 par an à 136.
11 accidents mortels ont été recensés sur la saison 2019-2020, c'est 71% de moins qu'il y a 20 ans. Et en moyenne, 90% des victimes sont des chasseurs.
