"Affronter sa peur de la maladie, plutôt que la mort" : après son cancer du sein, Solange milite pour l’auto-palpation

En rémission d’un cancer du sein, Solange, 57 ans, témoigne pour inviter les femmes à pratiquer l'auto-palpation et l'auto-examen. A écouter leurs corps, mais aussi parfois leurs inquiétudes. Sa ténacité face au corps médical lui a sauvé la vie.

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Solange est habituée à raconter son parcours de "crâne rasé". Tout a commencé par des posts sur les réseaux sociaux durant sa maladie, puis une vidéo devenue virale sur Instagram, qui enregistre trois millions de vues et l'entraîne sur un plateau de télévision. S'en suivent, un podcast, l'ascension d'un sommet de 4000 mètres. Et aujourd’hui, l'organisation du défilé du Gang des crânes rasés dans le cadre d'octobre rose. "Autant de choses que je n'aurais jamais vécues si je n'avais pas eu mon cancer, je lui dis merci chaque jour". Mais aujourd'hui, elle tient, avant tout, à faire passer le message aux femmes : "palpez-vous les nénés"!

Être attentive à son corps

Solange parle de "son" cancer, "c'est le mien, je l'ai accepté, je l'ai accueilli", précise-t-elle, consciente de tenir des propos "impensables" pour les autres. Elle n'aime d'ailleurs pas que l'on dise qu'elle est une guerrière.

Sa vie bascule un matin de juin 2022. Elle se palpe les seins, découvre une boule douloureuse du côté du cœur. Les premières consultations résonnent encore : "mais non madame, un cancer ne fait pas mal". Mais Solange insiste, sent que quelque chose ne tourne pas rond, va chercher un autre avis. Le verdict finit par tomber : c'est un triple négatif qui lui "grignote un muscle pectoral", un cancer rare et très agressif avec une tumeur de 37mm logée en profondeur."Là, je me suis dit, tu es fichue".

Je dis merci à mon cancer tous les jours, parce que grâce à lui, j'ai fait des choses dans ma vie que je n'aurais jamais faites.

Solange, 57 ans, en rémission dun cancer du sein

France 3 Provence-Alpes

Elle évoque alors la peur de mourir, les pleurs, l'annonce à ses proches, le traitement et sa litanie de noms barbares "chimiothérapie, immunothérapie, tumorectomie, radiothérapie en apnée pour ne pas irradier les poumons et le cœur". Aujourd’hui remplie de gratitude pour la médecine, qui lui a "sauvé la vie", elle insiste sur la nécessité d'être attentive à son corps. "Il faut se faire confiance, se palper les seins soi-même". Elle précise que pour elle, "c'est devenu un geste quotidien", pour continuer à se surveiller, même si elle doit effectuer un contrôle médical tous les six mois, durant cinq ans.

Ce qui chagrine Solange, c'est de constater que beaucoup de femmes autour d'elles sont réticentes à se faire dépister ou à s'auto-examiner." Je crois qu'il faut affronter cette peur de l'annonce, cette peur du diagnostic, c'est moins difficile que d'affronter la mort, et je peux le dire parce que j’y ai été confrontée".

L'humour et l'amour pour défier la maladie

La pétillante quinquagénaire raconte que l'humour a été sa planche de salut. Ou du moins un bon moyen de regarder la maladie en face, à travers le prisme de l'autodérision de ses posts, sur les réseaux sociaux. "De cette épreuve est née une Solange que je ne connaissais pas". Et puis, il y a l'amour. Son compagnon depuis 27 ans, qu'elle appelle en larmes depuis l’hôpital à l'annonce du diagnostic, qui va lui tenir la main à chaque étape. Qui va aussi tenir la tondeuse pour lui raser le crâne, quand ses cheveux tombent en paquets sous les coups de boutoir du traitement. "Il s'est amusé à me dessiner un cœur sur la tête, avant de tout raser, et ça m'a fait rire, moi qui pleurais d'angoisse depuis quatre jours. Quand il a eu terminé, dans son regard, j'ai vu de l'amour ". De quoi lui apporter la "confiance et la force intérieure" nécessaires, pour réinventer sa féminité. Un peu de rouge à lèvres et une paire de boucles d’oreilles créoles : la nouvelle Solange est née et ne portera jamais les perruques qu'elle s'était achetées.

Je lui ai dit je vais mourir, il faut qu'on se marie ! Il m'a répondu : un, tu ne vas pas mourir et deux, je t'épouse à la fin de ton traitement.

Solange, porte-parole du Gang des crânes rasés

à France 3 Provence-Alpes

La promesse de mariage que lui fait alors son compagnon va la maintenir debout, durant ces longs mois où il reste à son chevet. En revanche, sa mémoire vacille. Solange ne se souvient plus comment elle a annoncé sa maladie à son fils, âgé de 19 ans à l'époque, "c'est fou, mais je crois que j'ai fait 'reset' de cette période-là ". En revanche, elle se rappelle de "l'énergie positive" que sa présence lui a insufflé. Au même titre que celle des autres femmes rencontrées au travers des réseaux ou des associations, qui ont satisfait son "inexplicable besoin de communiquer".

"Le sport tient mon épée de Damoclès"

Les bonnes surprises s'enchaînent en 2023, l'annonce de sa rémission et un beau jour, le mariage qui vient sceller la promesse "d'un amour qui s'est renforcé au fil de la maladie".

Aujourd’hui, Solange met toutes les chances de son côté pour éviter une récidive. Elle a participé à l'ascension d'un sommet de 4000 mètres au côté de 24 femmes atteintes d'un cancer. "Le sport tient mon épée de Damoclès, je le sais", soulignant que, d'après les chiffres publiés par la Fondation pour la recherche sur le cancer, la pratique d'une activité physique après diagnostic d'un cancer du sein diminue de 24 % le risque de récidive, et de 28 % le risque de décès par cancer.

Mais, toujours dans l'action, la voilà déjà repartie organiser le défilé annuel du Gang des crânes rasés prévu à Marseille ce samedi 5 octobre. "Pour redistribuer aux autres", cette sororité qu'elle a reçue dit-elle, en 2022 quand la nouvelle Solange défilait fièrement pour la première fois dans la rue, en plein octobre rose.

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