"J’ai envie d’apprendre à accepter mes cheveux bouclés" : quand les bars à boucles poussent au milieu des salons de coiffure

Alors que les salons de coiffure peinent encore à répondre aux besoins des cheveux crépus, bouclés ou frisés, les bars à boucles se multiplient. Sur 10 000 salons de coiffure, on compte 200 établissements spécialisés dans ces textures capillaires.

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Ici, la boucle est à l'honneur et on oublie un peu l'injonction du cheveu lissé et du lissage brésilien mis en avant depuis une quinzaine d'années. Dans ces salons spécialisés boucles, l'engagement est affirmé. Inès, coiffeuse et fondatrice du premier bar à boucles de Marseille raconte : “Avant, je travaillais dans un salon traditionnel, et je voyais souvent des clients aux cheveux bouclés repartir déçus. Mes collègues coiffeurs paniquaient dès qu’une cliente avec des cheveux bouclés passait la porte. Moi-même, qui a les cheveux bouclés, je ne me sentais pas comprise dans ce milieu".

Face à ce constat, elle décide de créer un petit salon dédié, il y a trois ans. “Au départ, je cherchais un coiffeur pour moi à Marseille, mais je n’en trouvais pas. Je ne voulais pas aller jusqu’à Paris pour me faire coiffer. Je me suis dit que si j’avais ce problème, d’autres femmes devaient sûrement vivre la même chose.” 

"Les clientes viennent souvent de loin"

Dans son salon, Inès fait des demandes un peu particulières à ses clientes pour obtenir les plus belles boucles. "Alors Sarah, je vais te demander de balancer tes cheveux en avant, puis en arrière, puis à droite, plus à gauche", demande-t-elle, en souriant. Une technique qui va permettre de créer du volume.

Ensuite, pour le séchage, la cliente doit pencher sa tête en avant pendant qu'Inès lui sèche les cheveux avec un diffuseur. En fin de prestation, Inès, dévouée, est accroupie pour lui séparer, avec les doigts, les boucles épaisses, une par une. 

Dans ces bars à boucles, la demande est forte et constante, toute l’année, en raison du manque de salons spécialisés. Pour une prise de rendez-vous, en ligne, chez Bouclissime, il faut attendre près de deux mois. Inès explique : “Les clientes viennent souvent de loin pour trouver des prestations adaptées. Certaines d’Aix-en-Provence voire de plus loin. La coiffure des cheveux bouclés demande une expertise particulière que l’on n’apprend pas toujours dans les formations classiques.”

Une formation aux États-Unis

Pour acquérir cette expertise, Inès a dû se former à l’étranger. "J’ai suivi des formations américaines sur des techniques comme le 'finger coil' ou le 'scrunching'. Ces apprentissages ont un coût, tout comme les produits que nous utilisons, généralement sans sulfates ni silicones, cela explique aussi le coût des prestations.”

Dans la même lignée, dans le salon La Belle Boucle, le processus recrutement des coiffeuses comprend une formation complémentaire aux cheveux bouclés.  “Chaque coiffeuse doit avoir un diplôme du métier de la coiffure, puis elle doit suivre une formation interne de 15 jours menée par la fondatrice de l’enseigne”. D'ailleurs, toutes ont les cheveux bouclés.

Une tendance poussée par les réseaux sociaux

La tendance des cheveux naturels gagne en visibilité, notamment grâce aux réseaux sociaux. Sur Instagram, le hashtag #curlyhair cumule plus 40 millions de publications, et près de 4 millions de publications sur TikTok. Tutoriels, conseils de produits et routines capillaires se multiplient, incitant de nombreuses personnes à revenir à leur texture naturelle. Certaines influenceuses comme Kenza Bel Kenadil qui se dit "militante contre la discrimination capillaire" ou Shera en font même la majorité de leur contenu. 

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Kenza Bel kenadil (@kenzablkn)

Lucie, responsable d'un salon à Marseille, confirme cette influence qui pousse même certaines personnes à vouloir changer de texture capillaire pour avoir des boucles : “On voit même arriver des clientes avec les cheveux très lisses qui rêvent d’avoir des boucles."

Mais comme nous ne faisons pas de permanentes, et on n’utilise pas non plus de fer à boucler, nous devons leur expliquer que nous ne sommes pas magiciennes !

Lucie

à France 3 Provence-Alpes

 

Inès fait le même constat dans son salon : “Certaines clientes insistent. Elles sont convaincues d’avoir les cheveux bouclés, alors que ce n’est pas le cas. Elles veulent coller à la mode actuelle. Cela m’est déjà arrivé de me fâcher avec une cliente qui m’a dit que j’étais de mauvaise foi. C’est drôle, avant, on voulait à tout prix des cheveux lisses, et maintenant, c’est l’inverse”.

"J’ai envie d’apprendre à accepter mes cheveux bouclés"

Dans les bars à boucles, l’expérience dépasse la simple coupe ou le coiffage. La prestation débute par une analyse personnalisée des cheveux et des questions sur la routine capillaire de la cliente. Quand la prise en charge est finie, des conseils sont donnés pour entretenir ses cheveux au quotidien, avec des recommandations de produits adaptés. "Dis-moi, tu utilises quels produits quand tu fais ta routine ?", demande Inès à Magalie, sa cliente. 

Sarah, cliente fidèle, raconte ses expériences fastidieuses dans les salons de coiffure traditionnels : “Cela faisait six ans que je n’avais pas mis les pieds dans un salon. J’avais l’impression qu’on ne parlait pas la même langue."

Les coiffeurs appliquaient leurs connaissances sur un type de cheveux qu’ils ne maîtrisaient pas. Et puis, ils voulaient systématiquement lisser mes cheveux ou alors, ils utilisaient des produits chimiques inadaptés.

Sarah

à France 3 Provence-Alpes

Aujourd’hui, elle semble comblée : “J’ai 29 ans, et c’est la première fois que je sors d’un salon satisfaite.” 

Magalie, une cliente venue spécialement du pourtour d’Aix-en-Provence, partage ce sentiment : “Avant, j'allais dans des salons lambda et dès mon arrivée, on me proposait un brushing. Sauf que ce n’est pas ce que je veux. J’ai envie d’apprendre à accepter mes cheveux bouclés, au naturel, et de bien les entretenir".

"On est dans un entre-deux, poursuit-elle. Ce n'est pas évident de trouver un lieu spécialisé pour notre type de cheveux. Ce n'est pas lisse, donc ce n'est pas adapté aux coiffeurs traditionnels, et, le coiffeur afro qui se rapproche un peu plus de notre texture, on s'imagine qu'il va nous proposer des tresses ou des défrisages."

Nadia, mère d’une adolescente, partage ce constat : “Je continue d'aller dans les salons classiques pour mes colorations. En revanche, je sais que je repartirai toujours les cheveux mouillés, car ils ne savent pas les sécher et encore moins les coiffer, du moins si je ne veux pas ressembler à un caniche.”

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