Lits fermés par manque de personnel, épidémie précoce de bronchiolite… A l’hôpital de la Timone à Marseille, le service pédiatrique craint une dégradation de la prise en charge des enfants dans les semaines à venir.
"Nous sommes pleins, à la limite de la saturation". Ce constat sans détour, c’est celui de Jean-Luc Jouve. Chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital de la Timone, à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), il voit depuis quelques jours les lits se remplir les uns après les autres jusqu’à devenir une denrée rare, très rare.
En cause, l’épidémie de bronchiolite, attendue généralement pour fin novembre, et arrivée cette année avec un mois d’avance. "Sur les 20 lits que compte notre service de réanimation, six sont à ce jour occupés pour cette raison", explique le professeur.
Si on suit le trajet des courbes, on va se retrouver dans la même situation que la région parisienne d’ici quinze jours à trois semaines.
Professeur Jouve, hôpital de la Timone
"Nous sommes dans une phase ascendante de l’épidémie. Si on suit le trajet des courbes, on va se retrouver dans la même situation que la région parisienne d’ici quinze jours à trois semaines", poursuit-il. Autrement dit, un service totalement saturé.
15 % de lits fermés
A l’épidémie de bronchiolite s’ajoute la problématique des lits fermés, faute de personnel. 25 des 163 lits que compte le service pédiatrique sont concernés, soit environ 15 %.
En cas de saturation, d’autres solutions ont été envisagées par Jean-Luc Jouve et son équipe. "Nous avons une réserve de quatre lits en unité de soins intensifs. Autre possibilité : transférer des enfants dans le service de réanimation pour adultes. Mais ces alternatives ne sont pas satisfaisantes car cela revient à prendre en charge les patients de manière dégradée".
Quant à d’éventuels transferts dans des hôpitaux pédiatriques voisins, ils semblent d’ores et déjà exclus, Nice et Montpellier se trouvant dans la même situation que Marseille.
Lettre ouverte à Emmanuel Macron
Pour dénoncer une pédiatrie en danger, 4.000 soignants ont adressé en fin de semaine dernière une lettre ouverte au Président de la République. Ils déplorent des conditions de travail et une prise en charge inadaptées, résultats d'une "inaction politique irresponsable" et mettent en avant une "perte de sens" dans leur métier, "conséquence de la gouvernance bureaucratique et de la tarification à l'activité, conduisant à un épuisement global et un départ massif des personnels hospitaliers".