"C'est la petite histoire dans la grande histoire de Marseille" : Lili Sohn publie une BD sur l'histoire de ses voisins

Une neuvième BD et un podcast pour la Marseillaise Lili Sohn. Une histoire qui lui est chère et personnelle. L'illustratrice y parle de l'immeuble dans lequel elle habite dans "Chroniques du grand domaine", en faisant témoigner ses voisins. France 3 Provence-Alpes l'a interviewée.

Lili Sohn a sorti, ce mercredi 22 mai, sa neuvième bande dessinée, "Chroniques du grand domaine", aux éditions Delcourt. Elle y livre une histoire très personnelle sur sa vie et celle de ses voisins. Lili Sohn habite un grand immeuble, le Domaine, "bien connu des Marseillais", sur le boulevard des Dames. Elle a eu envie de parler de ceux avec qui elle partage son "espace", "collé, superposé, empilé". À travers les témoignages de Gula, de François et tant d'autres, elle retrace l'histoire de l'immigration des Arméniens et des Algériens dans la cité phocéenne et évoque celle des artistes de la movida culturelle des années 1980.

L'illustratrice revient pour France 3 Provence-Alpes sur l'écriture de son ouvrage.

France 3 Provence-Alpes : Pourquoi avez-vous choisi de parler de l'immeuble dans lequel vous habitez et pas d'un autre ?

Lili Sohn : Parce qu'il est extraordinaire (rires). Il règne ici une ambiance très particulière. Les gens se parlent. Il y a vraiment ici une histoire chorale. Souvent, on ne connaît pas ses voisins. Ici, on se parle, on se croise dans les couloirs. Après, bien sûr, on s'engueule. Est-ce que c'est parce que l'immeuble a une aura ? Est-ce que c'est parce que les couloirs sont larges et qu'on peut se croiser, on peut s'arrêter et discuter ?

J'avais envie de comprendre pourquoi les gens se parlent, qu'est-ce qui fait la particularité de cet immeuble.

Lili Sohn, autrice de Chroniques du grand domaine

à France 3 Provence-Alpes.

Ça donne envie de s'intéresser un peu plus à qui sont nos voisins, qui sont les gens qui habitent dans notre quartier et de se dire que derrière chaque personne, il peut y avoir une histoire particulière, un trésor.

Qu'avez-vous envie de raconter derrière ces histoires de voisinage ?

C'est la petite histoire dans la grande histoire de Marseille. Ce sont les Arméniens, les artistes, l'Algérie, toutes ces histoires d'immigration. Marseille, c'est aussi une terre d'accueil, c'est multigénérationnel et c'est la gentrification. J'y parle de l'avenir de cet immeuble et de cette ville.

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Parmi tous les voisins que vous avez rencontrés, quel témoignage vous a profondément touché ?

Gula, ma voisine. Elle fait quasiment partie de ma famille maintenant. Elle m'a beaucoup parlée de l'Arménie, c'est quelque chose que je ne connaissais pas beaucoup. J'avais entendu parler du génocide arménien. Mais à travers elle, j'ai pu apprendre l'histoire, la culture arménienne, la cuisine. Elle est venue ici avec un mariage arrangé. À travers cette BD, c'est tout son rapport à l'amour, à Marseille, comment elle est arrivée, comment elle a été accueillie.

Comment avez-vous fait pour récolter toutes ces histoires ?

Ça a été deux ans de travail, de collecte. Au début, j'ai passé beaucoup de temps à la bibliothèque, aux archives municipales, aux archives régionales. Je n'ai pas trouvé énormément de choses, j'étais un peu déçue. Et puis, j'ai décidé de me concentrer sur l'humain et ce que les gens allaient me raconter. Je suis plus sur la mémoire, qui, elle, est malléable. J'allais boire des cafés avec mes voisins tout simplement. J'enregistrais et je faisais des recherches. C'est leur témoignage, je ne suis pas allée vérifier et contre-vérifier ce qu'ils me disaient. J'ai passé du temps avec eux pour essayer de tout ramifier. Tu tires une ficelle, il faut défaire les nœuds et tu défiles la pelote.

Qu'avez-vous appris sur vous-même ?

Que j'étais curieuse. Maintenant, quand je suis dans la rue, je fais beaucoup plus attention à ce qu'il y a autour de moi, aux écriteaux, aux gens. C'est vraiment cette idée que derrière chaque personne, il y a une histoire.

C'est votre neuvième BD et c'est la première fois que vous sortez une version sous forme d'un podcast. Pourquoi avoir mis du son, cette fois, sur ces histoires ?

Je pensais que ça pouvait bien compléter le projet. 13 Prods avec qui je travaille m'a mis en contact avec Théo Boulenger. Il est réalisateur et j'aime beaucoup son travail. L'idée, ce n'était pas d'en faire une déclinaison, mais d'avoir deux médiums, l'un à côté de l'autre qui se complètent. Théo est venu passer pas mal de temps en immersion au Domaine. Dans ce podcast, on entend son point de vue à lui, dans l'intimité que j'ai réussi à créer avec les gens qui sont interviewés. Quand on lit, on a envie d'en savoir plus sur les gens, ça permet de nourrir cette envie et d'avoir encore une autre approche de cette histoire. Et inversement.

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