La justice a requis des peines entre 8 et 18 mois à l'encontre de plusieurs dizaines de prévenus lundi. Leurs profils sont variés, et les chefs d'accusation aussi : vol, vol aggravé, recel, violences ou dégradations. Le tribunal correctionnel de Marseille doit juger 65 personnes en deux jours.
Un défilé qui soulève des questions. Les premières comparutions immédiates dans le cadre des émeutes à Marseille liées à la mort de Nahel, ont débuté, lundi 3 juillet, au tribunal correctionnel. Des centaines de commerces ont été dégradés, voire pillés, et des policiers visés lors de deux nuits d'une violence extrême dans la cité phocéenne. Et après de nombreuses interpellations, la justice entre en scène.
A la barre, les mis en causes sont lycéens, personnes sans domicile fixe ou sans papiers, travailleurs, chômeurs ou étudiants. Les prévenus jugés en comparution immédiate lors d'audiences exceptionnelles ce lundi à Marseille n'ont pas ce qu'on peut appeler un "profil-type".
Ils sont entendus chacun à la suite par le juge, dans deux salles différentes, lors d'une journée particulièrement chargée au tribunal, par ailleurs impacté par la grève des greffiers.
Une audience sous tension
L'audience publique, démarrée dans une ambiance particulièrement tendue, est d'abord suspendue après quelques minutes, en raison d'invectives et de cris dans la salle.Les débats reprennent à une condition : une présence dans la salle limitée à quatre accompagnants par prévenu.
Parmi les personnes présentées devant le juge, un lycéen de 19 ans accusé de jets de pierres sur des policiers. Il reconnaît, lui, avoir lancé, non pas des pierres, mais une barre en caoutchouc.
Sans casier judiciaire, il doit passer son bac. Son avocat plaide un "effet d'entraînement" et, après ses quatre jours de garde à vue qui lui ont fait réaliser la gravité de la situation, selon son avocat, des travaux d'intérêt général sont requis plutôt qu'une condamnation compromettant son avenir.
Une jeune fille de 20 ans, déscolarisée, partie manifester avec deux amies mineures, est jugée pour vol. Elle a, d'après son avocat, "profité" des circonstances en ramassant les objets dérobés et jetés dans la rue.
"Le contexte, on ne peut pas le nier"
"Ce qu'on redoute, ce sont des peines sévères. Le contexte, on ne peut pas le nier. Mais il s'agit de ramener de l'individualité dans les débats. On sanctionne la personne pour ce qu'elle a fait et uniquement pour cela, c'est tout l'enjeu", martèle Laurie Combes, avocate au barreau de Marseille.
A la barre les prévenus s'enchaînent. Celui de maître Salim Moussa, une personne en situation irrégulière qui a ramassé un sac tombé à terre.
Ou encore, cet étudiant étranger qui, explique son avocat, "n'a pas l'autorisation de travailler en France" et a "profité de l'aubaine" : un sac rempli de vêtements de marque et jeté dans la rue lors du pillage de la boutique".
En creux des débats, on devine la grande confusion de cette soirée de violences et de dégradations, en plein cœur des rues commerçantes de Marseille.
D'après les premières audiences, pas de "bande organisée" identifiée à Marseille. La cité phocéenne a visiblement été traversée de violences et de dégradations hétéroclites et opportunistes.