"Cette flamme olympique, c’est le signe de la résilience" : Virginie portera le flambeau à Cassis contre les violences faites aux enfants

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Le 12 mai, parmi les porteurs de la flamme olympique à Cassis, il y aura Virginie Peyré. Victime d'inceste dans son enfance, cette quadragénaire veut profiter du symbole fort de la flamme olympique pour porter un message contre les violences faites aux enfants.

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C'est un rêve olympique pas comme les autres. Celui de porter la flamme pour faire passer un message fort. Virginie Peyré, victime d'inceste dans son enfance, portera la flamme olympique le 12 mai prochain lors de son passage à Cassis. Pour elle, le symbole est puissant et l'occasion toute trouvée pour mettre en avant sa lutte contre les violences faites aux enfants. Entretien.

France 3 Provence-Alpes : Pourquoi avoir candidaté pour porter la flamme olympique ?

Virginie Peyré : Déjà, je suis une ancienne sportive. J’ai pratiqué de nombreux sports pendant des années : de l’aviron en compétition mais aussi beaucoup de vélo de course ou encore du kayak, du roller et de la musculation. J’ai fait du sport à outrance.

Et d’ailleurs, c’est typique des victimes de violences sexuelles dans l’enfance, notamment d’inceste, où ce dépassement de soi, le fait de faire mal à son corps fait partie des symptômes post-traumatiques. On a besoin d’aller au-delà de soi pour survivre entre guillemets et le sport m’a beaucoup aidé

Quelle a été votre histoire ?

De mes 5 ans à mes 15 ans, j’ai été victime d’inceste de la part de mon frère. J’ai mis des années à pouvoir en parler et à me reconstruire. On dit que l’inceste, ce sont des "crimes sans cadavres", ça veut tout dire.

L'inceste ne laisse pas de traces mais malheureusement toute sa vie, on reste avec des symptômes post-traumatiques.

Virginie Peyré, conférencière sur les violences sexuelles et sur l'inceste

à France 3 Provence-Alpes

Ça passe par des addictions qui peuvent être très diverses (alcool, drogue, boulimie, etc.). C’est l’une des violences la plus destructrice pour un enfant car elle vient de la famille : le père, la mère, le frère, la sœur. C’est une personne que l’on aime et dans laquelle on a confiance donc cela créé une perte d’identité et de repères pour un enfant.

A quel moment, il va entendre que ce n’est pas normal ce qu’il vit ? C’est pour ça qu’aujourd’hui, je consacre mon quotidien à sensibiliser à cette cause [Virginie forme les professionnels à détecter les signes et à poser les bonnes questions pour voir si l’enfant est en danger ou pas] car le tabou de l’inceste est encore bien présent dans notre société.

Et vous pensez que le fait de porter la flamme olympique peut aider votre cause ?

Pour moi, cette flamme, c’est aussi le signe de la résilience, de la réparation et de l’espoir pour les victimes. Je trouve que la symbolique est très forte. 

En courant avec cette flamme olympique, je veux montrer que l’on peut se reconstruire malgré toute la difficulté que cela représente.

Virginie Peyré, conférencière sur les violences sexuelles et sur l'inceste

à France 3 Provence-Alpes

Je suis très fière de la porter et j’espère que ma présence pourra permettre de faire bouger les choses au niveau européen.

Avec le "brave movement" [le mouvement mondial de lutte pour mettre fin à la violence sexuelle chez les enfants] auquel j’appartiens, on demande la mise en place d’une réglementation européenne pour que l’on puisse dénoncer et enlever les contenus pédocriminels de la toile. Aujourd’hui, même si on les dénonce, les contenus cyber pédo-criminels ne sont pas retirés. Et il faut savoir que 30% de ces vidéos montrent des viols d’enfants âgés de moins de 10 ans.

Au niveau mondial, une vidéo d’enfant violé circule sur internet toutes les deux secondes. C’est dément et ça a été exponentiel depuis la pandémie. Il faut que ça s’arrête. Il faut protéger les enfants. Emmanuel Macron avait fait de cette cause, une cause nationale mais on en est très très loin aujourd’hui.

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