"Continue comme ça, je t'attrape" : les coulisses du dérapage d'André Villas-Boas après le match Rennes-OM

Après une conférence de presse à Rennes, l'entraîneur de l'OM s'en est vivement pris à un journaliste de "La Provence". Intimidations physiques, menaces et insultes, le coach a fulminé. Retour sur un clash qui va crescendo depuis plusieurs jours.

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Doit dans la polémique. L'OM a perdu 2-1 à Rennes en Ligue 1, mercredi 16 décembre, au terme d'un match pénible pour les Marseillais. En conférence de presse, après la rencontre, la tension est montée de plusieurs crans. Attaques directes envers l'arbitre, réponses agacées : le coach olympien André Villas-Boas est irrité et le fait savoir.

Mais c'est une fois la séance de questions terminée que le Portugais s'emporte et dérape complètement. Avant de quitter la pièce, il contourne son pupitre et se dirige vers un journaliste sportif de La Provence. Il lui assène deux tapes sur l'épaule avec insitance. "Je vous en prie ?", lui demande le reporter. Le coach fulmine : "Continue comme ça, je t'attrape moi. Si j'ai la chance de t'attraper une fois... Continue comme ça, c'est bien".

Le clash ne s'arrête pas là. Une vingtaine de minutes plus tard, le journaliste sort du stade avec plusieurs confrères pour prendre une pause. Le coach lui fonce dessus et le couvre d'insultes en portugais. "Caralho ! Caralho !", répète l'entraîneur furieux. Un juron qui dans sa langue natale signifie "merde".

Le Portugais s'approche avec agitation du journaliste, jusqu'à se mettre presque front contre front avec lui. Son adjoint Ricardo Cavalho est alors forcé d'intervenir pour calmer le coach olympien. Il le ceinture pour le contenir, mais l'homme continue de proférer des menaces à l'égard du reporter : "Dieu va me donner la chance de t'attraper un jour", répète-t-il.

La une de "La Provence" comme détonateur

Pour comprendre ce grave accrochage, il faut remonter au 8 décembre. Alors que l'OM s'enfonce dans une saison chaotique sur la scène européenne, La Provence titre : "Villas-Boas en Ligue des champions, c'est pas brillant".

Une couverture que le coach olypien n'a pas digéré. A la veille du match de l'OM face à Manchester City, le journal dresse le bilan européen de l'entraîneur avec ses anciens clubs. De manière factuelle, un article rappelle que sur "26 rencontres en C1, André Villas-Boas cumule 12 défaites, 3 nuls et 11 victoires".

Un choix éditorial que l'entraîneur juge "pathétique". L'animosité du coach envers le signataire du papier monte alors progressivement. Au lendemain de la défaite face à Manchester City, les deux hommes se retrouvent en visioconférence.

Déjà, André Villas-Boas lui fait part de son mécontentement : "Je ne sais pas qui t’a commandé cet article, pourquoi tu ne fais pas un papier sur la Ligue 1", lui lance-t-il. Le journaliste s'explique, en défendant un choix personnel et libre, et en lui rappelant d'autres articles du journal qui eux retracent la belle série de victoires des Marseillais en championnat.

Un "Crime de lèse-majesté"

Villas-Boas ne s'en contente pas. Il revient à la charge quelques jours plus tard. Samedi 12 décembre, après le match face à Monaco, AVB se montre acerbe avec les équipes de La Provence. Le journaliste concerné par les attaques n'est pas présent dans la salle, mais le coach fait passer le message à ses confrères : "Tu travailles encore pour La Provence non ?" demande-t-il à l'un d'eux. 

"Tu sais que la Provence a fait sortir une une qui était pathétique. Une attaque personnelle que je n’ai pas prise très bien."

André Villas-Boas

Le reporter apprend par ses collègues les propos du coach, et signe alors un billet d'humeur le mardi suivant dans le quotidien provençal. Il y dénonce le comportement de l'entraîneur, et caricature sa susceptibilité en mentionnant un "crime de lèse-majesté".

Il défend également son travail, en piquant le Portugais avec ironie : "Dédé l'énervé déteste se faire rappeler ce douloureux passé. Il préfère nous reprocher de ne pas parler de ses stats en L1 (ce qui est faux) et de nous intérésser à la C1, là où son OM a gagné un match grâce à deux penalties accordés par la VAR, sans marquer un but dans le jeu et avec un pathétique record à la clé." Une dernière sortie qui a fait sortir de ses gonds AVB à Rennes jeudi.

L'Union des journalistes de sports se saisit de l'affaire

A la suite de cette violente altercation, l'Union des journalistes de sports en France (UJSF), qui défend la liberté de la presse sportive, s'est saisie du dossier. Pour l'heure, le club se refuse à tout commentaire. "On attend la fin de semaine pour voir si on réagit ou non", a répondu la communication de l'OM à France 3.

Le journal La Provence, lui, condamne le comportement d'André Villas-Boas vis-à-vis de son employé. Le directeur des rédactions, Guilhem Ricavy, ne compte pas en rester là. "Bien évidemment, on soutient le journaliste qui se fait insulter en faisant son boulotOn ne peut pas accepter ça. Je vais m'entretenir avec le journaliste pour décider de ce qu'on fait. A minima, je compte appeler la direction de l’OM".

Le directeur rassure toutefois ses lecteurs, et affirme que le journal continuera de couvrir l'actualité de l'OM. Il ajoute : "On exalte souvent les victoires de l’OM. Quand ça va pas, on a la liberté de le dire aussi. Si vraiment l'entraîneur s’estime diffamé, il y a un droit de reponse qui existe. Il y a d’autre methodes."

Les deux hommes à nouveau réunis demain

Les crispations d'André Villas-Boas à l'égard des journalistes ne sont pas nouvelles. Le 6 novembre, alors qu'il s'exprimait sur la chaîne Téléfoot après une victoire face à Strasbourg, le Portugais avait déjà manifesté son agacement. Interrogé sur les individualités qui, selon le présentateur de Téléfoot, ont sauvé son équipe lors de la rencontre, il s'était emporté : "Mais qu'est-ce que vous dites ? Il faut arrêter... Faites des analyses concrètes [...] Il faut arrêter avec les conneries".

 

En conférence de presse, il avait ensuite provoqué un journaliste qui l'intérrogeait sur le contenu décevant du match. "Décevant pour qui ? Seulement pour toi. Prends tes amis et fais un groupe de déçus là-bas. Le groupe de contents est au vestiaire de l'OM", avait-il répondu sur un ton éxaspéré.

Demain, une conférence de presse se tient au centre d'entraînement de l'OM, en présence de l'entraîneur. Le journaliste victime de l'altercation devrait également s'y rendre dans le cadre de ses fonctions.

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