Coronavirus : les fêtes de l'Aïd el-Fitr et de l'Ascension confinées à Marseille

À quelques jours de l'Aïd et de l'Ascension, le Conseil d'État a demandé au gouvernement la réouverture des lieux de culte. À Marseille, les croyants n'attendent pas la réponse du gouvernement pour s'organiser, afin d'assurer des célébrations confinées.

"La joie est dans nos coeurs". En plein ramadan, cet imam se console comme il peut. Il sait que dimanche, les fêtes annuelles de fin de ramadan ne seront pas les mêmes que d'habitude, et ce malgré la demande du conseil d'État de rouvrir les lieux de culte.

Azzedine Aïnouche est imam à la mosquée El-Islah à Marseille. Il redoute une fête de l'Aïd el-Fitr ternie par le confinement : "D'habitude c'est un moment très joyeux, où l'on se rend visite entre nous, on s'embrasse et on se rassemble pour prier. Cette année, il y aura un sentiment de manque, la joie sera amoindrie".

Pas de rassemblement non plus au Parc Chanot pour l'Aïd el-Kébir. Chaque année, près de 8 000 fidèles se réunissent au parc des expositions pour festoyer et prier ensemble. 

Une tradition avortée cette année, pour laisser place à des festivités plus intimistes.

Les fêtes de l'Aïd el-Kebir au Parc Chanot, un reportage de Laurent Esnault et Xavier Schuffeneker tournée en 2016 :
 

"Cette année, on conseille à nos fidèles de faire la prière chez eux, en famille ou individuellement", témoigne l'imam Azzedine Aïnouche. 

"Je sais que beaucoup de familles préparent déjà des gâteaux ! On s'apprête tous à célébrer, à mettre nos plus beaux habits comme d'habitude. Il n'y aura pas de prières collectives, mais c'est l'Aïd quand même !", tempère le musulman.
 

Des gâteaux de l'Aïd pour les pompiers


Pour maintenir la notion de partage au coeur de la fête, le conseil des imams de Marseille prévoit un moment d'échange et d'hommage : "Avec plusieurs imams, on souhaite remercier ceux qui sont sur le terrain depuis le début du confinement. On va aller voir les pompiers pour leur offrir des gâteaux de l'Aïd, et leur donner un peu de joie.

Aïd ou non, le gouvernement dispose désormais de huit jours pour permettre l'ouverture des lieux de culte. Les mosquées de Marseille sont déjà dans les starting blocks pour rouvrir.

"On a déjà commencé à s'équiper de masques. On a établi un sens de circulation pour le public, et nous avons décontaminé plusieurs mosquées", assure Azzedine Aïnouche.

Il a déjà pensé à tout : "Dici une semaine, nous allons procéder à des ouvertures progressives, avec un nombre limité de personnes par mosquée."

Si les musulmans ne bénéficient pas de mosquées ouvertes le jour de l'Aïd el-Fitr, ils ne seront pas les seuls à célébrer un jour saint de façon confinée.
 

Une fête de l'ascension en ligne


Ce week-end de mai est chargé en fêtes religieuses. Jeudi 21 mai, les chrétiens célébreront la fête de l'Ascension.

À Marseille, le diocèse prévoit une messe à Notre-Dame-de-la-Garde, fermée au public. Tenu par l'archevêque Monseigneur Jean-Marc Aveline, la cérémonie sera diffusée en direct sur YouTube, à 11h :
 
Après deux mois de fermeture, l'esplanade de la Bonne Mère sera exceptionnellement accessible aux visiteurs.

De 14h à 18h, les fidèles pourront venir déposer un cierge ou faire une prière au brûloir extérieur de la Basilique, contre les escaliers.

Le sanctuaire accueille tout le monde, à condition de respecter les mesures sanitaires. Le port du masque sera obligatoire sur l'ensemble du site, ainsi que le lavage des mains au gel hydroalcoolique avant d'entrer.

Chaque visite ne devra pas durer plus de 30 minutes, pour ne pas surcharger les lieux.
 

Les fidèles seront accueillis par le père Olivier Spinosa, pour les guider vers le brûloir. L'accès s'y fera uniquement à pied : les parkings restent encore fermés.

L'esplanade avait déjà rouvert le dimanche 17 mai dernier, mais l'archevêché avait préféré rester discret : "On n'a pas voulu trop communiquer dessus par peur qu'il y ait trop de monde", confie le diocèse, qui s'attend à une forte affluence ce week-end.
 

Les synagogues ne rouvriront pas toutes

Concernant le judaïsme, pas de festivité particulière ce week-end, hormis le Shabbat hebdomadaire. Les synagogues restent néanmoins fermées, et les rabbins marseillais préfèrent rester prudents.

"Quand l'État va autoriser leur réouverture, on ne va pas pour autant appeler les gens à revenir à la synagogue", prévient Ruben Ohana, le Grand Rabbin de Marseille.

Il est formel : "Nous préconisons de faire le déconfinement de façon très serieuse. Les lieux de culte qui ne pourront pas répondre aux exigences du ministère de la Santé ne rouvriront pas. On demandera également aux enfants et personnes agées de ne pas s'y rendre."

"Il faut tout faire pour ne pas mettre en danger la moindre personne," poursuit-il. Avant de mettre à nouveau en garde : "Aucune prière à la synagogue ne compensera la mort d'une personne, à cause d'un non-respect de la loi."
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