Coronavirus : Le regain de dépistages à Marseille est-il dû aux touristes ?

Cette semaine, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 en PACA est plus fort que les semaines passées. À la Timone de Marseille, l'IHU a repris une cadence soutenue. Les départs et retours de vacances en sont-ils responsables ? Peut-on parler d'une deuxième vague ?

À Marseille, une longue file d'attente s'est formée devant l'IHU de la Timone : l'image rappelle les moments les plus intenses de la crise du Coronavirus. Pourtant, cette photographie a bien été prise ce mercredi 15 juillet 2020, deux mois après la fin du confinement.

Dès 8 heures, ils étaient une centaine de patients à venir se faire dépister au service d'infectiologie de Marseille. "Je suis arrivée hier d'Île-de-France, et je vais chez mon père qui est une personne à risque, donc je me teste en arrivant", explique une jeune femme dans la file d'attente.

Pour atteindre les portes du service, les patients doivent parcourir une heure de queue. Une affluence telle que depuis ce matin, les marins-pompiers de Marseille on dû revenir en renfort de l'IHU.

Comme durant le confinement, une tente de tri a été à nouveau installée devant le service, pour questionner les patients et fluidifier les entrées.

244 nouveaux cas cette semaine


Pour le professeur Eric Chabrière de l'IHU, ce phénomène n'illustre pas forcément un regain de Covid-19 dans la région. Pour lui, pas de "deuxième vague" en vue : "Les courbes ne remontent pas. Dans la région, c'est la fin de l'épidémie", balaye-t-il d'un revers de main.

Son discours contraste néanmoins avec les derniers chiffres de l'Agence Régionale de Santé. Si le nombre de personnes hospitalisées diminue dans la région depuis plusieurs semaines, le nombre de cas, lui, semble augmenter de façon significative depuis peu.

En PACA, 244 personnes ont été testées positives cette semaine, contre 159 la semaine précédente, et 126 celle d'avant.
 

Un regain d'activité dû aux vacances ?


Face à cette courbe croissante, le professeur tempère : "Oui, il y a un regain d'activité normal à cause de la reprise du tourisme et des voyageurs. Marseille est une zone de transit. Les nouveaux cas sont des cas d'importation, de personnes qui ne sont pas de la région. Mais il n'y a pas d'alarme."

Le tourisme aurait en effet repris de façon considérable depuis quinze jours. À Marseille, l'office du tourisme souligne une augmentation de l'affluence de près de 45% entre le 1er et le 15 juillet. "On rentre donc progressivement dans une normalité de saison", se félicite-t-il.

Un succès dû en partie aux campagnes de communication nationales menées par la ville depuis le confinement, selon l'Office du Tourisme.
 

Toutefois, aujourd'hui aucune preuve ne permet d'établir une corrélation directe entre le tourisme et l'augmentation de cas de Coronavirus.

Mais par précaution, le professeur Eric Chabrière encourage tous les voyageurs locaux à venir se faire dépister dès leur retour de vacances. De même pour les touristes venus de pays ou départements particulièrement touchés par le virus.

Pas de voyage sans dépistage


Se faire tester avant et après un voyage, c'est même parfois obligatoire. Certaines compagnies maritimes ou aériennes exigent désormais un test négatif, daté de moins de trois jours, pour pouvoir embarquer.

C'est également ce que réclame le ministère des Outre-Mer pour tout déplacement vers la Guyane ou Mayotte. De quoi embouteiller l'IHU, avec une foule de touristes pressés de partir.
 

Depuis une semaine, 700 tests par jour sont effectués en moyenne à l'IHU. Sur la seule matinée de ce mercredi, 250 personnes se sont présentés au dépistage.

Selon les marins-pompiers, qui accueillent les patients, la majorité n'ont pas de symptômes :

"On a surtout des locaux qui reviennent d’ailleurs, et qui veulent vérifier qu’ils ne l'ont pas attrapé, ou d'autres qui ont besoin d'un test négatif, pour pouvoir partir en voyage", témoigne un marin-pompier.

Il ajoute : "Ce ne sont pas vraiment des gens symptomatiques, ils font le test par précaution ou par obligation. On n'a pas eu de personnes qui toussent, qui ont de la température, ou quoi que ce soit. Ce n'est pas du tout la même population que durant les mois d'avril et mai."
 

Les saisonniers en première ligne

Si les mouvements estivaux peuvent encourager la circulation du virus, les professionnels du tourisme sont alors en première ligne face à sa propagation.

Pour sécuriser la saison touristique, le professeur Eric Chabrière de l'IHU confie s'être entretenu avec l'office du tourisme : "On a demandé à la métropole d'inciter tous les saisonniers, en contact avec des voyageurs, à venir se faire dépister. Il ne faut pas attendre que ce soit trop tard."

Il y a une semaine, 19 employés de la compagnie maritime Corsica Linea avait été testé positifs au coronavirus. Tout le personnel de la compagnie avait ensuite été dépisté.

Un début de cluster qui n'effraie pas pour autant le professeur Eric Chabrière. Il assure que le nombre de résultats positifs reste très faible : "Ces derniers jours, nous avons entre 12 et 24 cas positifs par jour. Ca pouvait monter jusqu'à 400 au mois d'avril."

L'épidémiologiste se veut rassurant: "Par rapport au début de la crise, nous sommes bien mieux préparés à affronter une forte épidémie".

Avec une confiance déconcertante, il conclue : "Le Covid c'est fini, ici on est déjà passé à autre chose". Son collaborateur le professeur Didier Raoult, lui, est actuellement en vacances.
 
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