Alors que huit cas positifs au variant anglais ont été détectés dans les quartiers sud de la ville, le médecin-généticien Annie Levy-Mozziconacci prône pour un maillage quartier par quartier, et la coordination de tous les acteurs de soins.
Le variant anglais de la Covid-19 est beaucoup plus contagieux que la souche française. Alors que les hôpitaux se préparent à accueillir une augmentation de cas covid, résultant des réunions familiales et entre amis des fêtes de fin d'année, la situation à Marseille devient préoccupante avec huit cas testés positifs au variant anglais.
"L'épidémie reprend, et la présence d’un cluster avec des cas familiaux nous amène à une extrême prudence. Il faut que toutes les forces vives territoriales se mettent en place", estime le Dr Annie Lévy-Mozziconacci.
Cette médecin-généticien de l'hôpital nord (AP-HM) est également membre de Nord-Covid, une association engagée dans le suivi des personnes testées positives au covid dans les quartiers nord. Engagée depuis le début de la crise, elle déplore le manque de coordination de tous les acteurs de terrain.
Nous devons faire vite, et adresser la campagne de vaccination au plus grand nombre.
"Il faut absolument mettre en place un comité de pilotage pour coordonner l'ensemble des acteurs de terrain". Ce comité pourrait être conduit par l'Agence Régionale de Santé, la préfecture ou même les élus locaux.
Pour le médecin hospitalier, "si l'on veut être efficace, il faut quadriller la ville par quartiers, avec des équipes opérationnelles".
Chaque action "apporte sa part de solution"
Annie Lévy-Mozziconacci suggère de faire appel "aux chevilles ouvrières de la crise", les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Ces regroupements de médecins, infirmières, kinésythérapeutes sont mobilisés face à l'épidémie.
"Les CPTS ne sont pas coordonnées à des actions de grande envergure", déplore le médecin marseillais. "Il faut que les marins-pompiers soient coordonnés avec ces équipes. Nous avons tous les outils et les moyens nécessaires pour agir au plus vite."
On doit être acteur, au bon endroit, au bon moment. Il faut un comité de pilotage pour orchestrer toutes les actions.
Organiser les parcours de soins des personnes testées positives, poursuivre la traque du virus, organiser une vaccination massive, et tester les habitants des immeubles ou collectivités où circule le virus, repérés par les tests environnementaux des marins-pompiers. Toutes ces actions existent déjà. Chacune "apporte sa part de solution".
"À l'échelle d'un quartier, il est possible de les coordonner toutes", souligne le Dr Annie Mozziconacci. "On doit passer ainsi la ville au peigne fin".
Favorable à un couvre-feu à 18 heures, pour "faire baisser la circulation du virus", le médecin préconise des vaccinodromes pour accélerer la protection de la population. "Mon téléphone sonne tout le temps, beaucoup de personnels médicaux m'appellent pour me dire qu'ils sont prêts, mais que personne ne les sollicite".
Quant au rôle de l'Agence Régionale de Santé (ARS), le médecin marseillais estime qu'elle "agit comme un rouage de décisions gouvernementales", plus que dans "ses fonctions de maillage de territoire".
"J'ai sollicité l'ARS pour qu'elle organise une réunion des acteurs engagés dans la lutte contre l'épidémie, pour mettre en place un maillage du territoire... J'avoue ne pas avoir constaté une quelconque avancée", déplore la membre de Nord Covid.
Cette association travaille auprès des personnes malades de la Covid-19 dans les quartiers nord de Marseille. Des brigades font à la fois du dépistage et de l'information à domicile. Un membre de l'association et une infirmière, se déplacent pour accompagner les personnes positives dans leur quotidien.