Covid 19 : voici comment l'un des cinq premiers cas du variant indien a été détecté à Marseille

Le cas d'un marin de Goa, un Etat de l'ouest de l'Inde, illustre le risque de diffusion du variant indien par les ports. Testé négatif au départ de New Delhi, l'homme avait été dépisté à son arrivée à Marseille, où il devait embarquer comme membre d'équipage sur un bateau. 

Que se serait-il passé si ce marin indien n'avait pas été dépisté à son arrivée à l'aéroport Marseille-Provence? Il aurait embarqué les jours suivants sur un navire comme membre d'équipage, porteur du B.1.617, propageant le très contagieux variant indien dans les coursives...

Ce scénario catastrophe vécu à bord du paquebot Diamond Princess - une seule personne contaminant 700 passagers  - a heureusement été évité à Marseille, mais il illustre la façon dont les épidémies se propagent de ports en ports à travers le monde.

C'est ce qu'explique un court article publié fin mai sur le site de la revue Travel Medecine ans Infections Diseases par plusieurs membres de l'IHU de Marseille, dont le professeur Didier Raoult, et un ingénieur chimiste des Marins Pompiers qui scrutent la circulation du virus dans les eaux usées de Marseille.  

Les chercheurs ont retracé le parcours de cet homme originaire de Goa, testé négatif 72 heures avant son embarquement à l'aéroport de New Dehli, jusquà son arrivée à l'aéroport de Marignane, le 26 avril 2021, après un transit par Amsterdam.

Une histoire bien connue à Marseille

A sa descente d'avion en Provence, le marin subit un nouveau test antigénique qui s'avère positif, confirmé le lendemain par un nouveau prélèvement nasopharyngé, expédié à l'IHU.

"Ce cas illustre parfaitement les rôles joués par les ports comme Marseille dans l'entrée des épidémies d'origne lointaine", écrivent les auteurs. Ils soulignent qu'en 2000 ans, le port de Marseille a servi plusieurs fois de porte d'entrée aux agents épidémiques, en particulier la peste, le choléra et la fièvre jaune.

Ils rappellent aussi que la création de leur institut hospitalo-universitaire s'inscrit dans l'"histoire de ces épidémies et des stratégies mises en place pour lutter contre elles". 

Les chercheurs marseillais pointent par ailleurs le recours massif à des travailleurs "low cost" dans le transport maritime. "Depuis de nombreuses années, les équipages des navires marchands viennent principalement de pays où la main d'oeuvre est bon marché, en particulier du sous-continent indien", notent-ils.

Le cas de ce marin indien pose aussi selon eux la question du manque de contrôle réel sur les voyageurs originaires des zones où le virus circule. 

Ils soulignent que le patient testé avant d'embarquer "a pu transiter sans contrôle jusqu'à Marseille, où heureusement les autorités testent le plus possible de voyageurs, mais sans pouvoir être exhaustifs." 

"Il est probable que des situations similaires se reproduisent, alertent-ils, estimant qu'il est "extrêmement difficile de contrôler l'introduction de nouveaux variants" dans les ports, qui sont des "zones d'intense transit".

Ces éminents spécialistes rappellent ainsi qu'il est "essentiel d'assurer le dépistage efficace de ces cas" surtout chez les membres d'équipage pour éviter la répétition de l'épisode du Diamond Princess.

Des mutations sous haute surveillance

Dépistage d'autant plus indispensable que le variant indien est plus transmissible que les autres, les formes de la maladie souvent plus graves... et les vaccins actuels inefficaces. Pour ces raisons, l'OMS le classe dans la catégorie des "variants préoccupants". 

Au Royaume-Uni, deux sous-branches du B.1617 ont été identifiées. A ce jour, le B.1.617.2 a pris le pas sur les deux autres Outre-Manche, avec près de 4 000 nouveaux recensés fin mai, et c'est la même tendance dans le reste de l'Europe comme en Inde. 

En France, la majorité des cas restent importés d'Inde même si, pour quelques contaminations aucun lien n'a pu être établi. Pour l'heure, ils restent rares sur le sol français. 

Le marin de Goa a été l'un des cinq premiers cas du variant indien identifiés en France fin avril. Au 18 mai dernier, selon l'Institut Pasteur, 80 cas impliquant un variant du lignage B.1.617 ont été rapportés.

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