A l'issue de sa visite à l'hôpital de la Timone à Marseille ce vendredi, le ministre de la Santé a une nouvelle fois justifié le choix de fermer les bars et restaurants dans la Métropole Aix-Marseille. En préfecture, les représentants de l'industrie hôtelière ont claqué la porte.
La visite du service réanimation de l'hôpital de la Timone à Marseille ne l'a pas fait changer d'avis. Olivier Véran estime que "la situation demeure inquiétante à Marseille".
Face à la presse, à l'issue de sa visite, le ministre de la Santé a estimé "qu'il peut y avoir encore une recrudescence de la Covid-19 dans les prochaines semaines, et ainsi une pression sur le nombre d'hospitalisations et de réanimations".Ces mesures, elles sont nécessaires, elle sont temporaires mais elles ne sont pas arbitraires.
C''est "un lit sur deux (...) qui n'est pas disponible pour d'autres malades".
"On ne peut pas prendre le risque que les Marseillais ne puissent pas suivre leur traitement contre le cancer, qu'ils ne puissent pas se faire opérer", a-t-il argumenté.
C'est ce qui justifie, selon lui, le tour de vis imposé dans la métropole Aix-Marseille, une décision "unilatérale" qui a suscité la colère des élus locaux.
Le ministre prédit des lendemains encore plus sombres si la situation ne s'améliore pas.
Des propos qui ne sont pas vraiment de nature à rassurer les élus locaux et les professionnels touchés de plein fouet, dont certains se disent même prêts à entrer en résistance.Nous risquons de devoir prendre des mesures encore plus fortes que celles que nous venons d'annoncer.
Mais Olivier Véran l'affirme : "personne ne sera lésé". Il ajoute : "nous allons accompagner les professionnels de la restauration dans cette période. Et nous allons travailler pour que la période de fermeture la plus courte possible".
Après sa visite à la Timone, le ministre de la Santé et Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, devaient rencontrer les représentants des fédérations professionnelles du secteur de l'hôtellerie et de la restauration, en préfecture.
Les professionnels claquent la porte en préfecture
"Le ministre refuse de négocier avec l’UMIH 13(NDLR : Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), l’événementiel et le monde économique. Nous quittons les négociations", expliquent les représentants du Syndicat des Activités Événementielles venus réclamer un plan de sauvetage pour la filière.Le ministre refuse de négocier avec l’umih 13, l’événementiel et le monde économique. Nous quittons les négociations pic.twitter.com/azSIyRQuMm
— Syndicat des Activités Événementielles (@SyndicatAE) September 25, 2020
De leurs côtés, les élus présents, gauche et droite unis sur le même front, ont demandé un assouplissement des mesures.
Renaud Muselier, le président de la région PACA a demandé à Olivier Véran de renoncer à la fermeture généralisée des bars et des restaurants. "Il faut durcir les contrôles prévus par l’arrêté préfectoral existant et éviter la punition collective" a-t-il déclaré dans un Tweet.
#COVID19 Face à la crise sanitaire, les décisions unilatérales sont vaines. Je demande à @olivierveran de renoncer à la fermeture généralisée des bars et des restaurants. Il faut durcir les contrôles prévus par l’arrêté préfectoral existant et éviter la punition collective. pic.twitter.com/3bSCbHcqGZ
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) September 25, 2020
Quelques aménagements annoncés
L'adjointe au maire en charge de la santé, Christine Juste, a rappelé la position de la maire de Marseille, Michèle Rubirola, qui juge ces "mesures inadaptées car difficiles à justifier et à faire appliquer".
#Covid 2ème réunion de crise en préfecture @BenoitPayan rappelle au Ministre de la Santé @olivierveran la position de la Maire de @marseille @MicheleRubirola ces mesures sont INADAPTÉES car difficiles à justifier et à faire appliquer
— christine juste (@cjuste13) September 25, 2020
"Il vaut mieux fermer 15 jours que d'être confinés pendant trois mois", a pour sa part déclaré le ministre délégué aux PME, Alain Griset.
Quelques concessions ont été faites cependant comme le report à dimanche soir de la fermeture des restaurants pour permettre aux restaurateurs de liquider leurs stocks ainsi qu'un rééxamen "dans sept jours pour faire le point et réévaluer la situation" et "la possibilité de maintenir la livraison à domicile par les restaurants", annonce ce soir dans un communiqué Renaud Muselier, qui salue des "avancées significatives".
Le président de région annonce aussi un " appui financier immédiat pour les Hôpitaux de Marseille (15 M€ + 2 M€ pour les services de réanimation), "une accélération dans le financement COPERMO de la réhabilitation des hôpitaux de Marseille (360 M€ dont la moitié est donnée par les Collectivités territoriales), et un point d’information statistique quotidien pour pouvoir suivre l’évolution de l’épidémie."
Sept députés LREM écrivent au ministre de la Santé
Tout en réaffirmant que les mesures prises sont justifiées, sept député(e)s LREM des Bouches-du-Rhône avaient également demandé à Olivier Véran de rééxaminer la fermeture des bars et restaurants "dès la semaine prochaine."Le courrier daté de ce jour est signé par Saïd Ahamada, Alexandra Louis, Cathy Racon-Bouzon, Monica Michel, Anne-Laurence Petel, Claire Pitollat et Jean-Marc Zulesi.
Selon les autorités, la cité phocéenne détient le record de France métropolitaine du taux d'incidence le plus haut (281 pour 100.000). Le gouvernement a de ce fait placé le territoire en "zone d'alerte maximale" et annoncé la fermeture totale des bars et restaurants pour 15 jours à compter de samedi dans la métropole Aix-Marseille.