Covid, grippe : ce manque de personnel qui met les pharmacies sous tension

Alors que les taux d'incidence du Covid repartent à la hausse dans toute la France, et que l'épidémie de grippe s'étend également sur tout le territoire, les pharmaciens se retrouvent à nouveau face à une recrudescence de tests. Et le manque de personnel se fait sentir.

"Au moindre nez qui coule, au premier éternuement, ou tout autre symptômes, les médecins n'hésitent pas à nous envoyer les patients pour un dépistage du Covid", explique Stéphane Pichon, président de l'ordre des pharmaciens, Paca-Corse.

Mais il relativise tout de même "on est loin des ruées au plus fort de la crise et lorsqu'on testait tous les élèves. En ce moment le fonctionnement de la pharmacie n'est pas altéré par les tests".

Son souci majeur, et il n'est pas le seul à le ressentir, c'est au niveau du recrutement. 

"Je cherche un ou une pharmacien/ne depuis janvier et je viens à peine de trouver, et c'est le même problème partout".

Où sont les jeunes diplômés?

Si l'on ne peut pas véritablement parler de crise de la vocation, à en croire les professionnels, les jeunes diplômés sont en position de force et ne sont pas prêts à s'installer de suite.

"Pour la plupart, à la sortie de leurs études en pleine pandémie, ils ont travaillé dans les centres de dépistages et ont réussi à bien gagner leur vie. Pour le moment, ils ne semblent pas pressés de travailler", détaille le pharmacien.

Reste aux pharmacies à attendre que les jeunes diplômés aient épuisé leurs réserves et soient obligés de revenir sur le marché du travail.

Peut-être aussi face à la pénurie, la législation pourrait changer et au lieu d'avoir un adjoint pour quatre préparateurs, ce sera pour dix.

"Dans ce cas-là, nous en tant que titulaire, on fera de la surveillance plus que de la dispensation réelle", regrette Stéphane Pichon.

Horaires et charge de travail qui effrayent

Autre frein à l'embauche supposé, les horaires pratiqués pendant la pandémie et la charge de travail aurait pu en effrayer certains. Un fait que le président de l'ordre tient à relativiser aussi, "c'était dans un contexte particulier et certes nous sommes aux services des gens, mais les pharmaciens sont en règle générale soumis aux 35h, donc hors crise sanitaire, la charge de travail et l'amplitude horaire ne seront pas les mêmes".

"Il faut savoir que la profession de pharmacien est la seule où l'on t'oblige à recruter des pharmaciens titulaires et des adjoints aux vues de ton chiffre d'affaires", précise Stéphane Pichon.

Et lors des entretiens d'embauche, il regrette que les premières questions soient liées "aux nombres de jours de congés, aux horaires quotidiens et à la possibilité de ne pas travailler le samedi, des questions qui viennent même avant le salaire proposé".

Numerus Clausus

Les pharmaciens sont plutôt inquiets pour l'avenir. Car selon les dernières estimations, d'ici 5 à 10 ans, la moitié des pharmaciens titulaires et de leurs adjoints vont partir à la retraite et il n'y aura pas assez de personnes diplômées pour les remplacer.

 "Nous avons alerté les pouvoirs publics pour qu'ils augmentent le Numérus Clausus, sinon la situation va devenir compliquée", insiste Stéphane Pichon. 

Il n'y aura pas assez de remplaçants d'autant qu'avec la réforme des études de médecine PASS-LAS, le nombre de pharmaciens diplômés baisse.

Selon Stéphane Pichon, il y aurait "de nombreux abandons en cours de cursus, ce qui n'arrivait pas lorsque les étudiants réussissaient le concours".

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