Crash de la Yemenia : la compagnie condamnée à l'amende maximale, "un soulagement qu'elle soit enfin reconnue coupable"

13 ans après le crash d'un avion qui avait fait 152 morts au large des Comores, le tribunal de Paris a condamné la Yemenia Airways d'une amende de 225.000 euros, égale aux réquisitions. Un "soulagement" pour Bahia Bakari, unique survivante.

"L'amende, ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus", a réagi d'une voix calme Bahia Bakari, unique survivante du crash, à l'annonce du jugement.

"Le plus important, c’était de savoir si la culpabilité de la compagnie allait être reconnue et ça a été fait. Moi, je ne me suis jamais autorisée à dire qu’elle était coupable."

Pourtant, le combat n'est pas terminé. "L'avocat de la compagnie a déclaré faire appel".

"On s'y attendait", a commenté Ibrahim Mogni, secrétaire général de l'AFVCA, Association des familles de victimes du crash aérien de la Yemenia). C’est une première victoire. On attend la suite de manière sereine."

Il y a 13 ans, certains passagers du vol Yemenia 626 étaient partis de Marseille. Beaucoup de familles de victimes sont marseillaises.

Le procès était un premier grand pas, ce jugement en est le couronnement.

Ibrahim Mogni, secrétaire général de l'AFVCA

"C’est une énorme satisfaction pour les familles des victimes. Un grand grand ouf de soulagement", a-t-il ajouté. Comme pour Bahia Bakari, la reconnaissance de la culpabilité de la compagnie était "le plus important".

La compagnie Yemenia Airways a été condamnée ce mercredi à Paris à l'amende maximale après le crash en 2009 d'un A310 au large des Comores qui avait fait 152 morts, ne laissant qu'une seule survivante.

Le tribunal correctionnel a jugé la compagnie yéménite coupable d'homicides et blessures involontaires, lui imposant aussi de verser à deux associations plus d'un million d'euros en frais d'avocat et en dommages et intérêts.

Deux imprudences constatées par le tribunal

"Le tribunal a constaté que la Yemenia Airways avait respecté la réglementation, en revanche, il a retenu deux imprudences en lien direct avec l'accident", a détaillé la présidente en prononçant la décision rapporte l'AFP.

"D'une part, le maintien des vols de nuit" vers les Comores pendant la période estivale, malgré le dysfonctionnement de certains feux de l'aéroport de Moroni, et "d'autre part, l'affectation du copilote de ce vol", malgré des "fragilités" dans sa formation, a ajouté la magistrate.

"Les imprudences commises démontrent de la part de la compagnie une culture de la sécurité et de la responsabilité défaillante", a-t-elle souligné.

La juridiction a condamné la compagnie à verser avec exécution provisoire, c'est à dire sans délai, un million d'euros au titre des honoraires d'avocats et 50.000 euros pour les frais d'accompagnement des proches à l'association des familles de victimes de la catastrophe.

La Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs s'est vu octroyer 10.000 euros pour le préjudice moral et 20.000 euros en frais de justice.

Les avocats de la compagnie plaidaient la relaxe

Le procès s'est tenu du 9 mai au 2 juin 2022 au tribunal judiciaire de Paris. Tout au long du procès, le banc des prévenus est resté vide : aucun responsable de la compagnie n'est présent à cause de la guerre qui ravage le Yémen, a expliqué l'un de ses avocats Me Léon-Lef Forster.

Plaidant la relaxe, la défense avait soutenu que la compagnie n'avait pas commis de "manquements" en lien avec la catastrophe. Les avocats avaient affirmé que la Yemenia faisait "office de bouc-émissaire", dénonçant un "biais" dans les expertises menées pendant l'instruction et une "farandole de présomptions" sans preuve.

Le procureur Marie Jonca avait requis les amendes maximales prévues par la loi, soit 225.000 euros, ainsi que la publication intégrale de la décision sur le site de la Yemenia.

Bahia Bakari, unique survivante du crash

Des dizaines de parties civiles étaient venues assister au procès, comme l'unique rescapée du drame, Bahia Bakari, qui avait fait un récit saisissant de l'accident le 23 mai à la barre.

"Ça a été le témoignage le plus important de ma vie", avait résumé Bahia Bakari à la sortie de l'audience.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, alors qu'il s'apprêtait à atterrir à l'aéroport de Moroni, un A310 de la Yemenia Airways s'est abîmé dans l'océan Indien, emportant avec lui 142 passagers, dont 66 Français, et 11 membres d'équipage.

Seule une enfant de 12 ans, Bahia Bakari, a survécu dans l'eau en s'accrochant à un débris de l'avion pendant une dizaine d'heures, avant d'être secourue le lendemain par un bateau.

Les investigations menées sur les boites noires, retrouvées fin août 2009 à 1.280 mètres de fond, ont permis de conclure que l'accident était dû à une série d'erreurs de pilotage, qui se sont enchaînées en moins de cinq minutes.

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