De Marseille à Paris: 800 km de marche pour l'égalité parentale pour la garde des enfants

Dix pères et mères vont rejoindre Paris à pied depuis Marseille. 800 km de marche pour mettre un coup de projecteur sur les problèmes liés à la justice familiale. Pour des enfants parfois privés de l'un de leurs parents. Départ ce mercredi.

"Nous ne marchons pas pour nous, nous marchons pour tous les enfants et les familles qui souffrent de ces situations de conflits". 

Rémy de Bordeaux, Sylvain de Nice, Nicolas de Vendée, Ludovic de Toulouse, mais aussi Sandrine de l’Hérault, Magalie de Rosheim, ou encore Julien de Normandie, Lydie de Lyon et Damien d’Agde…

Ces parents du collectif "la marche des pères pour l’égalité parentale 2021" vont sillonner les routes pendant plus d’un mois de Marseille à Paris et traverser 14 départements à raison de 25 kilomètres par jour.

Une marche symbolique, mais nécessaire

L’initiative est partie d’un papa, Damien. Présent sur de nombreux groupes Facebook de pères séparés, de groupe de paroles, il a eu l’idée d’une action symbolique. Inspirée de la marche des beurs. Habitant à Agde, il a voulu se lancer dans une grande marche solitaire pour porter la cause.

Et c’est en cherchant des hébergements pour faire des étapes sur sa route, via les réseaux sociaux que d’autres pères ont voulu participer également. En tout, l’organisation de cette marche a pris un an.

L’école maternelle Saint-Antoine, du 15e arrondissement de Marseille sera le point de départ de ce périple de 800 km. Le départ aura lieu mercredi 10 novembre à 9h et l’arrivée le 17 décembre à Paris, place de la Bastille à 9h30.

Une manifestation pour l’égalité parentale est prévue ensuite. La dernière étape est ouverte symboliquement à tous pour marcher en direction de l’Assemblée nationale. 

"On devrait être reçu à l’Assemblée par des députés le 17 décembre pour vraiment sensibiliser à notre cause", explique Rémy, un des co-organisateurs de cette marche.

Des pieds pour porter la voix

Sylvain, de Nice va participer à cette marche par solidarité. "On s’est retrouvé sur les réseaux sociaux, dans des groupes d’entraide de papas séparés, où l’on se soutient, où l’on échange nos astuces".

Pour lui cette marche est très importante, car elle concerne beaucoup de familles, et c’est un sujet pas assez exposé médiatiquement.

"Le but serait d’être plus à l’écoute de la parole de l’enfance, pour en tirer le meilleur des parents l’un et l’autre". Sylvain a réussi à dépasser la période compliquée, non sans mal, et il n’hésite pas à apporter son soutien aux autres parents souvent démunis face à la justice.

"Je me suis séparé de ma femme en 2016, et j’ai connu des difficultés. Maintenant la situation est apaisée, et donc par solidarité, je parle de mon expérience à ceux qui traversent en ce moment des épreuves, car le parcours dans les tribunaux, avec les avocats ce n’était pas simple, j’aurais aimé être soutenu à ce moment-là".

Si la situation est revenue à la normale, Sylvain ne voit pas souvent sa fille âgée à présent de 12 ans. Elle vit avec sa maman à Paris et lui habite à Nice.

"J’étais très investi dans l’éducation de ma fille. Il y a eu rupture pour moi et ma fille, dès la séparation physique, accentuée par des difficultés de non-présentation d’enfant", affirme-t-il. 

30 étapes et 3 revendications

L’idée est de créer un débat, pour informer sur des situations existantes, et mettre en place de nouveaux outils pour mettre en place de meilleures relations parents enfants.

30 étapes vont jalonner ce parcours dans différentes villes de France pour porter les trois revendications principales de ce collectif.

"Toutes les préfectures ont été prévenues, toutes les communes et les départements, que nous allons traverser sont au courant, les maires et préfets", explique encore Sylvain.

"Certains ont proposé des salles de fêtes pour nous héberger, des associations sur notre route vont nous accompagner. Le 12 novembre la députée du Vaucluse Souad Zitouni nous rejoint et va faire quelques kilomètres symboliques avec nous, précise", Rémy, membre du collectif.

La logistique est bien huilée, tout est prévu. "Une bonne partie du temps, on dormira dans nos tentes, on est suivi par un camion balai aménagé pour ravitailler, pour les repas et le matériel lourd sur les étapes et parfois on sera hébergé chez des personnes du collectif", précise Rémy, de Bordeaux.

Parmi les revendications principales, il y a tout d’abord, la résidence alternée comme principe de base lors de la séparation des parents. Mais aussi le renforcement de la loi pour non-présentation d’enfants. Et pour finir la mise en place de mesures pour lutter contre l’éloignement géographique volontaire.

En France, selon les derniers chiffres de l’Insee, 25% des familles sont monoparentalesSur quatre millions d’enfants de parents séparés, seulement 12 % sont en résidence alternée. Ce chiffre tombe à 4 % pour les enfants de moins de quatre ans.  

"Il faut une prise de conscience sur ce problème et en parler le plus possible", répète Rémy.

38 000 signatures pour la pétition

La France est à la traîne au niveau de la garde alternée. En Suède, 48 % des familles séparées pratiquent la garde alternée, aux Pays-Bas 37 %, en Norvège 30 %, en Belgique 26 % et en France 12 %.

Le collectif a mis plusieurs mois pour élaborer une charte qui dresse l’état des lieux de la situation en France et explique en détails leurs revendications.

Selon les chiffres officiels du ministère de la Justice, environ 10.000 familles sont concernées chaque année par des cas de désaccord sur le lieu de résidence. Soit 14.000 enfants et 20.000 parents.

Le long temps de la justice

"Il faut six à huit voire dix mois pour avoir une audience, donc c’est problématique, car la justice est complètement débordée", précise Rémy.

"C’est préjudiciable pour les enfants, notamment lorsqu’il y a des conflits pour la garde, plus la situation entre les parents se dégrade et plus l’enfant se retrouve dans une position instable".

Le 10 septembre, Rémy Martineau a organisé une visioconférence avec dix députés. "On a déjà réussi à les sensibiliser. Il faut maintenant sensibiliser l’opinion publique, et avoir une grosse résonnance médiatique, pour toucher les gens car une famille sur quatre est monoparentale".

Instaurer le principe de présomption de résidence alternée

Selon le collectif, "il y a vrai rôle à jouer, et ce sujet majeur de société devrait être au cœur des débats présidentiels. (...) C’est  important pour les enfants et pour les familles".

La pétition a été lancée sur le site Mesopinions.com. "La majorité des signataires sont des femmes. Preuve que notre volonté de rassembler tous les parents, dans l’intérêt des enfants, a bien été entendue", se félicitent les organisateurs.

Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine (EELV), a déposé une nouvelle proposition de loi le 12 octobre, cosignée par une vingtaine de député(e)s. cette proposition vise à instaurer le principe de présomption de résidence alternée pour les enfants de parents séparés.

Quant à envisager d'autres actions pour se faire entendre, Sylvain, le niçois répond plein d'espoir : "Nous ne pensons pas à de futures actions car nos espérons que celle-ci porte ses fruits". 

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