Déconfinement : rétropédalage sur les pistes cyclables provisoires à Marseille

Cinq jours après sa création, la Métropole d'Aix-Marseille supprime 1,5 km de pistes cyclables sur les 9, réalisées dans le cadre du déconfinement à Marseille. Une opération qui aurait coûté 30.000 euros. Les associations dénoncent un manque de concertation à un mois des municipales.

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Concert de sonnettes sur le Prado, et défilé de deux roues. Mardi après-midi une cinquantaine de cyclistes s'est réunie à l'appel du Collectif Vélos en Ville (CVV).

A faible vitesse, ils empruntent une piste cyclable, mort-née...

A 67 ans, Annick Maffre, l'une des manifestantes cyclistes est "désespérée". "Je n'avais pas beaucoup d'espoir, mais quand j'ai vu ces nouvelles pistes, j'ai trouvé ça extraordinaire. J'étais tellement contente !"

La retraitée regrette que l'on n'ait "pas laisser le temps aux futurs cyclistes de l'emprunter, et adopter le vélo".

Mais dans la nuit de lundi à mardi, les agents de la Métropole Aix-Marseille, ont recouvert la peinture encore fraîche de la "corona-piste".

Suite au déconfinement, la collectivité avait décidé de créer 9 km de pistes cyclables supplémentaires, dans la cité phocéenne. Le but, désengorger les transports en commun, en pleine crise sanitaire.

Cinq jours après sa création, la Métropole indique dans un communiqué que "si l’expérimentation s’avère particulièrement concluante sur La Canebière notamment, celle du Prado n’a en revanche pas trouvé son public".

L'argument, "une délicate cohabitation entre les différents modes de déplacements et un sentiment d’insécurité pour les usagers cyclistes positionnés entre voie de bus et voie de circulation étroite pour les voitures".

Un manque de concertation avec les associations

"A-t-on posé la question aux cyclistes? A-t-on effectué un comptage des usagers? Non !" Cyril Pimentel bénévole du Collectif Vélos en Ville (CVV) ne cache pas sa colère.

"Plusieurs de nos propositions ont été reprises par la Métropole, pour l'aménagement en centre-ville. Quand il s'agit de détruire, aucune concertation", ajoute Thomas Chaussade, le président du CVV.

Le collectif a appris la suppression de la piste, par communiqué de presse.

30.000 euros d'argent public

Outre la déception des cyclistes, la réaction politique ne s’est pas fait attendre, à un mois du 2ème tour des élections municipales.

Dans un communiqué, le Printemps Marseillais dénonce "un fiasco" dont la pose et la suppression aurait coûté "la somme de 50.000 euros". Le parti candidat, accuse la Métropole de "dilapider l'argent public de manière dangereuse et irresponsable". Le Collectif Vélos en Ville quant à lui estime le budget à près de 100.000 euros. 

"La Métropole avait annoncé un Plan d’Urgence Vélo de 600.000 euros pour 9 km de pistes cyclables. Le Prado 1 faisait 1,5 km. La division est facile".

Des sommes démenties par la Métropole. Contactée par téléphone, elle assure que le montage et démontage de la piste a coûté 30.000 euros.

La collectivité précise que des réflexions sont menées "pour apporter une autre solution cyclable sur cette voie".

Une cohabitation difficile entre usagers.

Alors que les vélos en colère remontent le Prado, escortés par une patrouille de police, une voiture force le passage. Au carillon des sonnettes, s’ajoute les sifflements des cyclistes.

C'est dire, si le partage de la route est difficile entre les usagers.

Dans un communiqué, le Président de la Confération des Comités d'Intérêts de Quartier de Marseille (CIQ) avait déjà exprimé ses réserves sur la "corona-piste" du Prado, estimant que le vélo n'était "pas plus sécuritaire que la voiture par rapport à la contagiosité " du Covid.

Rétropédalage aixois

Marseille, n'est pas la seule agglomération à rétropédaler sur ces pistes cyclables post-confinement. Déjà, la ville d'Aix-en-Provence, en avait supprimé deux tronçons, jugés "dangereux", quinze jours à peine leur mise en fonctionnement.

La ville, avait communiqué sur 13 km de pistes cyclables expérimentales, à l'heure du déconfinement.

Sur son VTT, Camille Crespo de l'Amo, l'un des manifestants s'indigne : "la philosophie du confinement aurait pu être de vivre différemment. Il y en a qui n'ont pas eu cette illumination. Décidément, l'urgence écologique n'est pas la même pour tous". A cinq semaines du deuxième tour des Municipales, comme partout en France, nul ne doute que le vélo reprendra sa place dans le débat.

Aujourd'hui en France, les associations estiment que 3% des trajets quotidiens se font à vélo. Mais combien de nouveaux cyclistes naîtront, avec des aménagements sécurisés, et durables?
 
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